• CONTACT
  • lundi 5 mai 2025

    Journal de bord 06/05/2025 Réalisation de ses rêves, introspection.

    “Les rêves, semences de notre être, nourrissent notre voyage vers l’authenticité. ”

    Moi (lol) / Juste entre nous 2

    Quelques petits mots de notre actualité.

    Dans l'écrin de notre existence actuelle, un souffle de bonheur s’est glissé, tel un rayon de soleil se frayant un chemin à travers le brouillard. Chloé, resplendissante, retrouve avec une joie palpable son univers à la bijouterie ; tel un enfant, elle était impatiente de retrouver son poste et ses collègues. Dans un élan presque instinctif, je me suis surprise à chercher son cartable, désireuse de l’aider à gravir les échelons de sa quotidienneté (humour !). Au-delà de l'humour, c'est une véritable satisfaction qui m'envahit de la voir éclore ainsi. Elle ne cesse d'affirmer sa passion pour le sport, jonglant entre ses sessions de running, le saut à la corde à sauter et les coups de poing de ses entraînements de boxe. Un vrai Valbuena en gestation.

    Chloé tient à exprimer ses excuses les plus sincères, mais le temps lui a manqué pour concevoir une illustration de qualité pour cet article.

    Quant à moi, je me trouve dans le mois décisif, ce moment charnière qui hante mes pensées. Mes révisions s'organisent, méthodiques et appliquées, mais le stress, ce compagnon indésirable, commence à faire son nid dans ma conscience. Je ressens une sorte de gêne à solliciter l’aide des âmes bienveillantes qui m’entourent. Zabeth, Irène et même mes parents se montrent attentifs à mes besoins. Mon père, dans un élan de soutien, m’annonce un petit virement, comme si l’argent pouvait soudainement devenir la clé de mon succès. Pourtant, il me faut garder la tête froide ; ne dramatise-t-on pas souvent ces enjeux ? Relativisons : je ne me prépare qu'à un examen de fin d'internat. Nombreux sont mes confrères et consœurs à parler de l’examen d’entrée à l’internat, mais pour ma part, je préfère célébrer les connaissances acquises avant d’échafauder des projets d’avenir.

    Environ 6 000 étudiants se prêteront à l’épreuve des Épreuves Classantes Nationales (ECN), parmi lesquels 4 700 seront couronnés de succès, ce qui représente un taux de réussite de 80 %. En somme, il ne s’agit pas d’un prix Nobel, mais que d’un passage vers un horizon que je m'efforce de construire, étape par étape.

    Si je devais vous évoquer ma pratique sportive, il me semble essentiel de préciser que, si mes deux paires de runnings demeurent mes fidèles compagnes de chaque jour, j’ai récemment intégré des cours de natation à mon emploi du temps. Plongée dans cette nouvelle routine, nous avons exploré les méandres de l’eau, maniant des flotteurs comme des objets afin de mieux faire travailler localement les muscles. Le bilan ? Des douleurs omniprésentes. Je suis courbaturée de la tête aux pieds, comme si chaque muscle de mon corps s'insurgeait contre cette nouvelle exigence.

    Pourtant, au-delà de cette souffrance, je découvre un véritable puits de jouvence. L’eau, avec sa force apaisante, me permet de me déconnecter totalement, d’échapper aux préoccupations du quotidien. Dans cette immersion, je recharge mes batteries, renouant ainsi avec une vitalité insoupçonnée. C’est dans ce ballet aquatique que je trouve une forme de liberté, une évasion salvatrice qui nourrira mes aspirations.

    Amandine, l'une de mes fidèles lectrices, me questionne : pourquoi ces vies rêvées, ces idéaux souvent inaccessibles semblent-ils se dérober à nous, même lorsque nous nous efforçons de les saisir ?

    Nos rêves, ces fragments de notre être, germent des profondeurs de notre existence intérieure. Ils émergent d'une étincelle, d'une graine délicate semée dans le terreau fertile de notre enfance. Je désire ici faire écho à cette réflexion en partageant mon expérience et celle de Chloé. Pour ma part, c'est l'acte simple, mais chargé de symbolisme, de réparer un bras de poupée ; enfin, c'est surtout cette injustice que certaines personnes ne puissent pas soigner une poupée qui a éveillé en moi le désir de devenir pédiatre. Ce rêve, loin d'être un caprice, a nourri mon imagination et fait vibrer mon esprit à travers mes jeunes années, me poussant inexorablement vers l'horizon de mon avenir.

    Cette aspiration, je la considère comme un fil rouge, une boussole qui guide mes pas hésitants. Elle m’a incité à élaborer des projets tout au long de ma vie, qu'ils soient immédiats, à moyen terme ou façonnés pour l'avenir. J'ai dû établir des paliers, chaque étape se montant en un escalier menant à mon idéal. En préservant la flamme de mon rêve, j’ai accordé à ma vie future une sérénité que tant d’êtres semblent désirer en vain. Cette quête, cependant, est pavée d'embûches, où nos pensées sombres et notre découragement surgissent tels des spectres menaçants. Les rêves agissent alors comme des leviers puissants, permettant de se distancier de nos entraves psychologiques. Ils dynamisent nos ressources intérieures, nous aidant à affirmer nos capacités et à croire en nous-mêmes.

    Etre accompagnée dans cette quête est essentiel pour construire un projet solide. Zabeth et Irène ont su m'aider à identifier des étapes claires vers la réalisation de mon objectif. Cela a renforcé ma confiance en moi, comblé mes manques et m’a permis d’avancer avec assurance. Ainsi, chaque bilan que nous faisions avec Zabeth me révélait que mon défi se transformait en tremplin, me permettant de forger un projet de carrière qui, au départ, n’était qu’un rêve d’enfant.

    Prenons comme second exemple celui de Chloé. Son désir ardent de vivre de son art l’a poussée, dès son jeune âge, à suivre des cours de dessin et d’arts plastiques auprès de professeurs renommés, dans l'espoir d'intégrer les écoles qu’elle convoitait. Ensemble, nous avons œuvré à l’obtention de son baccalauréat, une étape cruciale pour accéder à ces écoles. Malgré son talent indéniable, Chloé s’est investie avec une détermination sans relâche pour décrocher son diplôme. Finalement, elle a attiré l’attention d’une galeriste de renommée mondiale, intéressée par sa peinture. Cependant, alors qu'elle touche enfin à son rêve, Chloé réalise qu'elle préfère son travail de dessinatrice en bijouterie à celui d'artiste peintre. Cette ironie de son parcours souligne une vérité essentielle : il est impératif de rester flexible face aux évolutions de nos désirs.

    Nous pouvons donc constater que, dans l’évolution de notre projet, il convient de s’interroger avec rigueur : pourquoi désire-t-on être, faire ou développer ? Chaque rêve dissimule une multitude de bénéfices secondaires que nous cherchons à acquérir. Quels besoins, quelles valeurs ce rêve satisfait-il véritablement ? Pour beaucoup, cette introspection n’est pas aisée, et mettre en lumière les motivations profondes qui nous animent peut sembler une entreprise ardue.

    Aspirer à réaliser un rêve exige une écoute profonde et bienveillante de soi-même. Il s'agit de reconnaître et de célébrer les valeurs qui illuminent notre existence, de cultiver les passions qui nous inspirent, tout en demeurant lucides sur nos forces et nos limites. Vivant ainsi nos rêves, nous engageons un acte de liberté, une affirmation de notre authenticité.

    Il est crucial que nos aspirations soient ancrées dans le champ du réalisable ou, à tout le moins, de l’adaptable. Si, par un moment d’égarement, je me laisse emporter par le désir d’embrasser la carrière d’une chanteuse telle que Céline Dion, en connaissant pourtant les limites de mon don vocal, il devient clair que cette ambition est vouée à l’échec. La réalité de mes capacités vocales se veut cruelle ; il est donc fondamental de naviguer entre le rêve et la vérité, dans une quête d’authenticité exempte d’illusions.

    Vivre ses rêves, c'est d’abord les définir, les verbaliser avec courage et les partager avec autrui. C’est dans cette confrontation au monde que ces aspirations prennent chair, s’épanouissant en projets concrets. À ce moment crucial, la curiosité s’avère essentielle : elle nous incite à nous informer et à tisser des liens avec des âmes audacieuses qui, elles aussi, ont osé poursuivre leurs rêves. Peu à peu, le projet germe en nous, s’enrichissant de réflexions profondes, se transformant au gré des défis inattendus qui jalonnent notre parcours. C’est cette alchimie entre nos aspirations et les réalités du monde qui forge notre existence, métamorphosant nos désirs en une quête authentique et lumineuse.

    Chaque rêve que nous chérissons est une promesse faite à notre être, une invitation à l’audace et à la découverte de soi. Si tous nos rêves ne sont pas réalisables, peu importe ! Les rêves inaccessibles – souvent des fantasmes – sont tout aussi précieux, car ils nous offrent l’opportunité de nous épanouir, de nous évader par la pensée. Se projeter, c’est déjà en partie se réaliser. C’est dans la tension entre l’idéal et la réalité que se produit la vraie croissance. En nous livrant à cette introspection et en nous entourant de ceux qui partagent notre chemin, nous cultivons non seulement nos ambitions, mais aussi un espace propice à la transformation, où chaque rêve, nourri et éclairé, devient une pierre angulaire dans la construction de notre identité.

    Voilà pour cette petite réflexion du jour.

    La sombre nouvelle qui vient clore cet article est que, durant les quinze jours à venir, je ne suis pas certaine de pouvoir rédiger un nouvel écrit. Il est vrai que rien n'est définitif. Je vais m'efforcer de demeurer dans ma bulle, de me retrancher dans cet espace confortable, afin de maximiser mes chances et de mener à bien mes dernières révisions. Celles-ci sont cruciales, car elles m’offriront cette sérénité nécessaire pour aborder l’examen, sûre de moi, convaincue d’avoir donné le meilleur de moi-même. Je vous tiendrai informés dès que cela sera possible. 

    Si je ne devais pas publier, je vous souhaite à tous deux semaines d'une belle intensité. 

    A Bientôt,
    Chlo & Til 

    lundi 28 avril 2025

    Journal de bord 29/04/2025 Rêves, Défis, Réussite

    “Un chemin sinueux menant vers l'horizon.”

    Moi (lol) / Juste entre nous 2


    Chloé, dans un élan créatif sans précédent, a investi ses heures de congés à la peinture. Elle nous a dévoilé cette ultime toile, exécutée à l'huile, une œuvre qui, telle une fenêtre ouverte sur son âme, exprime la richesse de son être et l'intensité de ses émotions. Il est indéniable que cette toile s'envolera vers Nice, où elle réjouira Eva, la galeriste, qui saura apprécier et mettre en valeur la beauté et la profondeur de ce véritable chef-d'œuvre.

    Parallèlement, Chloé, dans une effusion de bonheur, ressent la satisfaction d’un examen apparemment bien réussi. En partageant ses impressions sur les épreuves, il apparaît qu’une seule réponse pourrait engendrer une légère incertitude. Pourtant, elle n’hésite pas à défendre son point de vue, exempt de mauvaise foi. En dépit de cette légère appréhension, je ne considère pas cette réponse comme un obstacle à sa réussite. Gardons espoir, et adveniat quodcumque, peu importe le sort qui lui est réservé. Rayonnante, elle se tient à son retour à la bijouterie, sa joie palpable, comme si la fin de ces cours, désormais relégués au passé, lui offrait un souffle nouveau. Nous aurons de résultat le 16 mai.

    Quant à moi, je touche à la conclusion de mon stage en urgences pédiatriques. Je n’éprouve guère d’inquiétude quant à l’obtention de mes unités de valeur. J'ai fourni un travail à la hauteur de mes ambitions et, de surcroît, j'ai soutenu mes collègues en prenant des gardes. Un sentiment de satisfaction m’envahit, bien que j'attende encore la confirmation officielle avant de laisser éclater ma joie. Le prochain seuil, que je pressens comme un ultime avant-goût, se dessine en pédiatrie générale. C’est un aperçu de cette profession qui m’appelle depuis ma plus tendre enfance, mais qui demeure, à mes yeux, encore lointaine, telle une étoile inaccessible au firmament de mon avenir.

    Nous nous apprêtons donc à vivre les ultimes instants en tant qu'externes, jusqu'à ce grand oral tant attendu du 19 mai. Par la suite, il nous faudra patienter jusqu'à la conclusion de mon dernier stage en pédiatrie générale et à l'obtention de mes dernières unités de valeur. Ce parcours, jalonné d'efforts inlassables et de défis à relever, nous mènera inéluctablement à l’aboutissement de cette première étape de mon cursus. C'est à l'orée de ce seuil que s'ouvriront pour moi les portes d'une nouvelle phase : celle de mon doctorat, une entrée solennelle dans le monde des internes. Dans cette transition, je ressentirai la gravité de l'engagement qui m'attend, mais aussi l'exaltation d'une quête de savoir et de compétence, où chaque pas me rapprochera un peu plus de ma vocation, marquant ainsi le passage d'une existence d'étudiante à celle, plus complexe et exigeante, d'une praticienne en devenir.

    Nous venons de recevoir, en provenance de l'Etat helvétique, une missive officielle annonçant l'acceptation de l'achat de notre bien immobilier. Si j'interprète correctement cette notification, il semble que nous allons, enfin de manière tangible, accéder à la propriété de notre charmant appartement et de son garage dans un délai de quinze jours… Appartement où nous devrons pourtant tout raser afin de reconstruire, une ironie difficile à ignorer. En guise de réflexion sur cette étape, je ne peux m'empêcher de me remémorer une expression latine, transmise par Zabeth : "Gutta cavat lapidem." Cette maxime, que l'on pourrait traduire par "La goutte d'eau creuse la pierre", nous rappelle avec une clarté saisissante que c'est par la persévérance, la ténacité des petites actions, que l'on parvient, in fine, à réaliser de grandes choses.

    Aussi incroyable que cela puisse paraître, Chloé et moi tenons fermement à notre promesse d’une existence d’abstinence, à l'exception de cette unique entorse que constitue le déjeuner dominical chez mes beaux-parents. Il nous reste encore quelques efforts à fournir avant d’envisager le dégonflage de nos ventres bien ronds, témoins complices de nos excès. Chloé s’engage résolument dans une nouvelle dynamique sportive, reprenant ses entraînements de boxe quatre fois par semaine. Elle me confie, avec un grand sourire, que cet effort n'est pas seulement pour sa santé, mais aussi pour préserver les amortisseurs de notre future "Tilomobile" de l’angoissant poids de sa surcharge pondérale.

    Quant à moi, je m’en tiens à ma routine : deux sessions de running matin et soir, et je viens d’ajouter une journée supplémentaire de natation. Je me prépare à prendre des cours particuliers qui débuteront la semaine prochaine, nourrissant l’espoir qu’un entraîneur expérimenté puisse affiner ma technique et corriger mes défauts de nage, mais surtout qu'il m'oblige à bouger mes petites fesses (pas si petites que ça, hélas) roses. Je ne manquerai pas de vous tenir informé des progrès de cette quête personnelle la semaine prochaine.

    La semaine dernière, une joie profonde m’a envahie à la découverte des fondements du blog d’Arnaud et de Patrick. A travers ces écrits, une multitude de voix s’élèvent, s’éloignant de ma pensée et de l'histoire de notre couple. Il est réconfortant de constater l'émergence de ces interactions, témoignant d'une vitalité collective. Je suis également ravie d’apprendre que la vie, dans sa dynamique incessante, offre à certains de mes lecteurs, tel Sophana, des perspectives d’avenir éblouissantes. Je vous encourage vivement à partager vos réflexions, vos émotions, vos opinions, tant sur les thèmes abordés que sur vos inspirations actuelles. Ainsi, c’est un immense merci que je vous adresse, empreint de gratitude pour cette communion d’idées et de sentiments.

    A vous tous, je vous souhaite une excellente semaine.

    A Bientôt,
    Chlo & Til 

    lundi 21 avril 2025

    Journal de bord 22/04/2025 Transition, soutien, avenir.

     “A la Croisée des Chemins : Entre nos examens et la découverte de soi.”

    Moi (lol) / Juste entre nous 2 

    Avant toute chose, je souhaite exprimer ma gratitude envers Arnaud, qui nous permet d'appréhender une exposition du moment. Je vous invite à découvrir un résumé empreint de délicatesse et de pertinence, qui se trouve dans les commentaires de l'article antérieur, intitulé : "Journal de bord 15/04/2025 Autisme : Force Cachée".

    Je tenais à te dire Arnaud, à quel point j'apprécie ta réflexion sur le musée d'Orsay et son implication dans l'exposition "100 œuvres qui racontent le climat". C'est vraiment réjouissant de voir que des institutions comme celle-ci s'engagent dans des dialogues sur des enjeux aussi cruciaux pour notre époque. Ton enthousiasme résonne avec une délicatesse qui interpelle et invite à la réflexion.

    Tu évoques avec tendresse le musée Ingres Bourdelle, ce lieu empreint de souvenirs de ton adolescence. L’architecture en briques rouges, reflet d'une histoire riche, souligne combien cet héritage culturel est précieux. Ce musée, ancien palais épiscopal, semble être le gardien d'une mémoire, un espace où passé et présent se rencontrent.

    Ta promenade à travers les salles, notamment celle du Prince Noir, témoigne de cette connexion personnelle à l'histoire. C'est fascinant de voir comment, malgré le temps qui passe, ta mémoire se réveille au contact de ce lieu cher à ton cœur. Ton humour sur tes anciennes passions pour le football ajoute une touche charmante à ton récit.

    Les œuvres que tu mentionnes, du Songe d'Ossian à Monet, nous rappellent que l'art est un miroir de notre humanité, un langage universel qui transcende le temps et les générations. Ton invitation à redécouvrir ce qui se trouve juste à côté de chez soi est un bel appel à l’éveil et à l’appréciation des beautés souvent négligées.

    Quant à ton expérience avec l'église St Jacques, elle nous rappelle que l'histoire est un palimpseste, où les cicatrices du passé se mêlent aux aspirations du futur. Ton constat sur l'état de l'édifice, en contraste avec la rénovation de Notre-Dame, souligne l'importance de préserver notre patrimoine tout en réfléchissant à notre responsabilité envers l'histoire.

    Enfin, ton témoignage sur l'évolution de ton intérêt pour l'art et l'histoire est une belle illustration de ce que la vie nous enseigne. Il est vrai que chaque étape de notre existence est une occasion de redécouverte, d'ouverture, et parfois, d'émerveillement.

    Merci pour ce partage qui, à travers sa simplicité, nous invite à une contemplation plus profonde.

    Pour illustrer ce nouvel article, ma chérie a choisi de ne pas déployer l'étendue de son talent artistique. En effet, un simple instantané de ce modeste recoin de ma bibliothèque dédiée à la littérature francophone a suffi. Comme vous le constaterez, il n'y a rien d'extraordinaire… Ce  sont des classiques comme toute étudiante lambda. Peut-être est-ce précisément dans cet ordinaire que se cache l'essentiel ?

    A l’aube de son examen de management, Chloé se trouve à un tournant décisif, un moment hautement symbolique où se joue l'aboutissement de ses efforts. Nous nous tenons, dans cette période incertaine, devant la porte scellée qui mène à un espace où son avenir va se dessiner.

    Lors de la semaine dernière, nous avons rigoureusement suivi un programme de révisions, tel un rite ancestral destiné à conjurer les incertitudes qui nous entourent. Mon souhait est d’épargner à Chloé la tempête dévastatrice souvent qualifiée de "stress des examens", un fléau sournois que son handicap ne fait qu’intensifier. Plutôt que de fuir le problème avec des solutions éphémères, j'opte pour un retour aux méthodes éprouvées, aux fondamentaux réconfortants.

    Nous plongeons dans la relecture de ses notes et pratiquons des exercices de respiration abdominale, des outils simples qui nous ancrent dans le moment présent. Parallèlement, nous veillons à maintenir une hygiène de vie saine, cette clé essentielle qui nous relie à la quintessence de notre humanité : s’aérer, bouger, nourrir notre corps avec soin et savourer le doux réconfort d'un sommeil réparateur. Mon désir le plus ardent est de la préserver des soucis qui pourraient surgir durant ces jours cruciaux, impulsé par un instinct protecteur, tel une armure bienveillante.

    Nos échanges nous plongeant dans les méandres du stress et de ses mécanismes. Ce dernier, enraciné dans la peur de l’inconnu et ce sentiment oppressant de perte de contrôle face à un avenir imprévisible, se révèle être un adversaire redoutable. Cependant, dans cette période de préparation intense, nous avons le pouvoir d’être les architectes de notre propre destinée. En cultivant des pensées positives et en repoussant les ombres du doute, telles que la peur de l’échec ou le découragement, nous éclairons notre chemin. Ensemble, nous formons une connexion vibrante, une émanation d'énergie qui dissipe les pensées négatives, rappelant sans cesse que le succès ne réside pas uniquement dans le résultat, mais aussi dans le parcours, dans chaque étape qui façonne Chloé.

    J'ai veillé à prévenir l'hôpital, car je vais accompagner Chloé en voiture à son examen. Il me semble crucial de l’encourager jusqu’au bout, malgré les défis que cela pose. La motivation, quand on y réfléchit, est ce souffle de vie qui nous pousse à avancer. Elle s’éveille lorsque les bénéfices de nos actions surpassent les efforts que nous y consacrons. Mais pour ce moment décisif, pour l’avenir de Chloé, la question demeure : est-ce vraiment le cas ?

    A mesure que les années m'ont rapprochée de ma bien-aimée, j’ai compris que le mot "danger" s’entrelace souvent avec "opportunité". Chaque épreuve de notre existence, bien que perçue comme un risque de dissolution, se transforme aussi en une chance pour un rapprochement authentique et une compréhension mutuelle profonde. Ce sont ces moments critiques qui ouvrent la voie à l'émergence de ressources insoupçonnées : générosité, empathie, résilience… Des qualités que le quotidien implacable peut parfois faire taire ou même étouffer.

    Pourtant, j'éprouve parfois un sentiment de culpabilité. Je suis consciente, à bien des égards, que mon aide est limitée. Je peux envelopper Chloé de mes bras pour lui offrir du réconfort, mais articuler les mots qu'elle désire tant entendre reste un défi délicat. Avant chaque étape que nous traversons ensemble, je m’adonne à l'exercice de lucidité, réfléchissant à la nature même de Chloé, à la personne qui partage ma vie et à ses attentes envers moi. Je sais que ma lucidité est teintée d’humanité, que je donne de moi-même en fonction de mes expériences et de mes blessures personnelles. Ainsi, dans cette relation, rien n'est jamais acquis ; chaque jour, il nous faut nourrir cette flamme fragile.

    Dans cet espace restreint par les exigences du parcours de Chloé, j'ai dû réduire mes heures d'apprentissage et de révision. Le mois à venir s'annonce particulièrement intense pour moi, marquant l'apothéose de mon externat : mon dernier examen, un échec impensable. Je ne dirais pas que je ressens un stress accablant, mais il est impératif de mettre toutes les chances de mon côté. Hier encore, alors que j’étais en plein service, j’ai dû faire face aux défis liés à une insuffisance rénale. Nous sommes là confrontés à une pathologie souvent méconnue dans le domaine pédiatrique et poutant le cas s'est présenté. Alors que je me projette vers la médecine générale, un champ distinct mais essentiel pour mon développement, ma détermination se renforce dans cette dualité : jongler entre la spécificité des cas rencontrés et la nécessité de dépasser les contraintes imposées par le cursus.

    Parallèlement, l'attente qui pèse sur mes parents intensifie de plus en plus le poids de leurs espérances sur mes épaules. Ils guettent avec impatience la date de mon examen final, non seulement comme un rite de passage, mais aussi comme un prélude à un déménagement imminent. Les meubles, témoins silencieux d'une vie partagée, se préparent à quitter leur quotidien, vides de sens, pour être vendus ou offerts, n’ayant plus leur place dans leur nouvelle maison à Bruxelles. Seules les bibliothèques et les œuvres d'art, véritables fragments de leur essence, ainsi que les tableaux retraçant leur histoire, voyageront avec eux vers ce nouveau foyer.

    L'appartement doit être entièrement dégagé d'ici la fin du mois de juin, marquant une étape essentielle avant la remise des clés à un couple, enfants d'amis de mes parents, qui s'apprête à devenir locataire avec leurs deux enfants. Ce moment ne marque pas juste le passage du temps ; c'est une véritable cérémonie de transition, une anticipation chargée d'émotion. En parallèle, mes parents espèrent que je prendrai enfin les rênes de mes affaires, tout comme celles de Chloé, véritables reflets d'une vie que je suis contrainte de laisser derrière moi peu à peu.

    J’essaie de ne pas me projeter dans cet avenir qui se dessine, car cela implique de faire face au défi de trier et de renoncer à certaines choses, à ces souvenirs qui, tels des échos du passé, pèsent lourd sur mon présent. Les déménageurs emballeront dans des cartons mes livres, refuges de pensées qui m'ont tant soutenue, mes œuvres d'art, témoins silencieux de mes désirs et aspirations, ainsi que toutes les miettes de vie que Chloé et moi avons patiemment accumulées dans notre dressing partagé.

    Ce moment de transition constitue un espace où se côtoient attente et renoncements, et où se dessine inévitablement une réinvention de soi. Dans ce tumulte, il est essentiel de réfléchir à ce que nous emportons avec nous et à ce que nous laisserons derrière, car chaque objet, chaque souvenir, est le fragile reflet d’une identité en devenir.

    Nous nous apprêtons donc, fin juin début juillet (une durée d'un bon mois), à nous installer dans l’ancienne chambre de ma bien-aimée, un espace déjà empreint de souvenirs, de rires et de tendres étreintes. Mon lit, symbole de notre intimité actuelle, sera transféré chez mes beaux-parents, qui eux-aussi attendent avec impatience notre départ pour métamorphoser ce sanctuaire en simple chambre d’amis. Avec cette literie qu’ils tiennent à préserver, on ne peut pas dire qu’ils fassent une si bonne affaire. Cinq ans se sont écoulés depuis l'achat de celui-ci sachant éagalement que Zabeth m’a convaincu de renouveler mon lit tous les cinq ans donc...

    Chloé, elle aussi, va se trouver à la croisée des chemins. Prochainement, elle devra faire le tri dans ses toiles, dessins et diverses affaires, les empaquetant avec soin afin de les confier aux déménageurs qui orchestreront notre migration vers Lausanne. Ce qui me frappe, c’est l’étrange sérénité qui semble régner chez Chloé face à cette transition. Je ne peux m’empêcher de m’interroger… Peut-être cache-t-elle derrière ce visage impassible une multitude d’émotions encore inexprimées. La prudence demeure mon alliée, dans le monde de Chloé où le changement s’inscrit comme une constante inéluctable.

    Nous avons également convenu d'éviter les restaurants et d'opter pour l'abstinence durant les semaines à venir, réservant un petit écart en matière d'alcool uniquement aux repas dominicaux, chez mes beaux-parents. Cette décision, bien que pragmatique, s'inscrit dans la volonté de retrouver une certaine sobriété, une lucidité face à nos choix, tout en restant ouverts aux plaisirs fugaces que la convivialité familiale peut offrir.

    A vous tous, je vous souhaite une excellente semaine.

    A Bientôt,
    Chlo & Til 

    lundi 14 avril 2025

    Journal de bord 15/04/2025 Autisme : Force Cachée

    “Parfois, le désordre cache la beauté d'une âme vibrante.”

    Moi (lol) / Juste entre nous 2 

    Chloé a pris la décision audacieuse de se libérer du fardeau qui l’encombrait, choisissant la vérité en partageant son expérience vécue liée à son handicap. Avant de répondre à vos questions, Chloé et moi avons jugé nécessaire de prendre un moment pour explorer vos interrogations.

    En 2006, alors qu’elle n’était qu’une enfant de six ans, après de nombreux tests cliniques, Chloé a reçu le diagnostic d’un trouble du spectre autistique, plus précisément celui du syndrome d’Asperger. Aujourd'hui, nous parlons simplement de troubles du spectre autistique (TSA). Beaucoup de médecins considèrent l'autisme comme une pathologie, mais personnellement, je préfère le voir comme une variante de la norme.

    A l’époque, ce diagnostic représentait une précocité troublante, car l'autisme chez les femmes reste souvent méconnu. Les nuances et subtilités de ce trouble, en particulier chez les filles durant leur petite enfance, échappent fréquemment au regard des spécialistes. L'autisme de Chloé est très différent de l'image stéréotypée véhiculée par le film *Rain Man*, qui représente une vision très limitative de ce qu'est l'autisme.

    Ce phénomène complexe, longtemps mal compris, n'a été défini avec rigueur qu’en 1981 par la clinicienne anglaise Lorna Wing. Les causes de cette condition demeurent tout aussi obscures que les profondeurs de l'âme humaine. Il ne s'agit pas d'une maladie — aucun remède ne la guérit — mais d'un état de l'être qui ne peut être minimisé. Le syndrome d’Asperger appartient aux troubles du neurodéveloppement et se manifeste chez Chloé par des difficultés à établir des connexions dans la communication, tant verbale que non verbale. Dans un monde où les subtilités lui échappent souvent, elle lutte avec une détermination touchante en pratiquant ce que nous appelons le camouflage social, une technique épuisante pour elle. Sa sensibilité exacerbée aux stimuli environnants engendre une lutte constante pour apprivoiser ses émotions, une bataille qu'elle partage régulièrement sur notre blog. Chloé a cette étrange tendance à se concentrer sur des détails, perdant parfois de vue l’ensemble, comme illustré par l’exemple des tableaux. Sa compréhension imparfaite des codes sociaux rend le chemin vers l’amitié et les relations authentiques semé d'embûches.

    Il est essentiel de souligner que les manifestations de ce syndrome ne sont pas figées. Les symptômes peuvent évoluer, s’amplifier ou s’amenuiser, ce que nous espérons toutes les deux. Cependant, une vérité s'impose : quoiqu'il advienne, Chloé est et demeurera autiste tout au long de sa vie, et elle pourra avoir besoin d’aide tout au long de son existence.

    Néanmoins, son autisme lui confère aussi des atouts indéniables, notamment dans ses passions pour la peinture, le dessin et les arts plastiques, qui sont devenues bien plus qu’un simple loisir ; elles constituent sa véritable vocation. Sa mémoire prodigieuse lui permet de déchiffrer les couleurs avec une acuité rare ; elle peut reproduire un jaune identique à celui d’un tableau aperçu dans son enfance. Sa capacité à mémoriser les coups de pinceau (inclinaison, force, superposition, etc.) ainsi que les techniques propres à chaque artiste lui a valu la réputation d’être une véritable surdouée dans le domaine des arts. En revanche, elle éprouve des difficultés à retenir ses cours d'histoire de l'art ou même une simple liste de courses, car elle souffre également d'un trouble de l'attention. Avoir le syndrome d’Asperger ne garantit pas un haut potentiel dans une activité ; il existe une grande diversité d'intelligences et de talents parmi les personnes autistes.

    Pour s’épanouir, Chloé a besoin d'évoluer dans un quotidien régi par la routine, où les habitudes demeurent inébranlables. Bien que cela ne me préoccupe guère, je suis convaincue que, dans ce domaine, mon penchant pour l'ordre et la prévisibilité frôle un autisme plus prononcé que celui de Chloé. J'éprouve une véritable affinité pour un emploi du temps limpide, sans surprises. Ironiquement, c'est elle qui, parfois, me reproche de vouloir trop encadrer nos vies. A l'image de notre foyer, je revendique un agencement soigné et harmonieux, où chaque élément trouve sa place, reflet de ma quête d'ordre dans un monde souvent chaotique. En revanche, Chloé, dans un élan d'affirmation personnelle, choisit de marquer son territoire par un désordre revendiqué, laissant ses affaires éparpillées — un témoignage d'une existence vécue sans entrave. Elle laisse derrière elle un désordre vibrant de sa présence, tandis que je m'efforce de préserver la sérénité dans notre espace partagé. Cependant, à Lille, elle a su assumer toutes les responsabilités liées à l'intendance domestique, s'imposant la discipline nécessaire pour maintenir l'ordre et garantir notre confort.

    Accepter un handicap n’est jamais une tâche aisée ; personne ne peut prétendre qu’un individu en situation de handicap l'accepte pleinement. La question « pourquoi moi ? » résonne comme un écho douloureux au plus profond de l'âme, tissant un flou artistique autour des perspectives d’avenir. Bien que nos chemins se soient croisés dès notre petite enfance, atténuant l'isolement que Chloé aurait pu ressentir, nous avons dû apprendre à coexister avec cet aspect de notre réalité. En théorie, tout cela pourrait sembler simple, mais dans la vie quotidienne, chaque pas représente un véritable combat. Comprendre et accepter nos faiblesses est une nécessité, même si cela exige une lucidité que peu osent adopter. La société, dans son indifférence implacable, jette un regard critique sur ceux qui s'écartent des normes établies. Dans un monde dominé par l’individualisme et la quête incessante de productivité, le handicap nous rappelle nos limites et notre condition humaine. Combien de fois ai-je entendu ces plaintes déchirantes, ces murmures de désespoir : « Je suis inutile, je suis nulle en tout, je ne trouverai jamais ma place, ni dans le travail, ni dans l’amour » ? La plus grande épreuve réside dans cette quête d’auto-révélation : reconnaître ses propres limites sans céder à l'angoisse. Il s'agit de se dresser avec courage, de garder les yeux fixés sur l’horizon du possible.

    Depuis ma plus tendre enfance, je me plonge dans la mer littéraire, engloutie par un flot incessant de livres, de thèses et de rapports où, à chaque tournant, se dressait le mot "autiste" ou "Asperger". À vrai dire, si quelqu'un avait analysé les repas servis dans une cantine pour enfants autistes, je n'aurais pas hésité à m'y plonger avec assiduité. C'est ainsi que, ma destinée m’ayant conduite à la Salpêtrière de Paris, j'ai été fascinée par le concept d'autisme, si riche et complexe, souvent entouré d'une terminologie labyrinthique. Les sigles et les étiquettes se confondent trop souvent : TSA pour « Troubles du Spectre Autistique », TED pour « Trouble désintégratif de l’enfance », et même le syndrome d’Asperger, sans oublier l'autisme atypique, qui désigne les individus présentant certains traits sans répondre à l’ensemble des critères établis. J'ai également découvert de nombreux aspects cliniques et symptômes, car jusqu'à présent, je n'avais connaissance que de la dimension sociale et du partage de vie avec une personne autiste.

    Naviguer dans cette terminologie est essentiel, non pas comme une simple formalité, mais comme un véritable acte de compréhension et d’empathie. Car sous chaque étiquette se cachent des vies, des histoires, des luttes silencieuses.

    En repensant au parcours de ma chérie, je réalise qu'obtenir le baccalauréat dans une classe "ordinaire" représentait pour elle un objectif ambitieux que peu de gens croyaient réalisable. Malgré les doutes, nous avons persévéré ensemble, soutenues par le dévouement d'une pédopsychiatre, d'une orthophoniste, ainsi que d'Irène (psychiatre et amie de ma famille), sans oublier Zabeth, dont la bienveillance était accompagnée de ses connaissances précieuses. Ensemble, nous avons clarifié la distinction essentielle entre autonomie (la prise de décision) et indépendance, une confusion récurrente pour Chloé. Je lui ai sans cesse rappelé que notre humanité repose sur cette interdépendance, passant des journées à l’encourager avec une foi indéfectible.

    Cet effort collectif a porté ses fruits, et ensemble, nous avons décroché ce précieux sésame. A partir de ce moment, son parcours d'étudiante, enrichi par son intérêt pour la peinture, le dessin et les arts plastiques, ainsi que par son immense talent et son travail assidu, s’est révélé être une formalité. Elle a brillamment réussi ses études artistiques. Heureusement ! Car si j'avais dû l'aider dans les domaines du dessin ou des arts plastiques, il aurait été plus sage de disparaître dans l'invisible à jamais ! Lorsque Mère a mobilisé ses relations pour qu'elle obtienne un stage chez Lorenz, le travail qu'elle y a effectué lui a permis de transformer son handicap en un levier, métamorphosant ainsi une posture passive en dynamique active. Et la suite, si vous êtes des lecteurs assidus, vous la connaissez…

    Aujourd'hui, Chloé souhaite mettre en lumière ce défi sur le blog, m'avouant qu'elle ressent le besoin de ce partage pour avancer, une nécessité que je ne peux lui refuser. Elle m'explique que cela correspond à son être, à son identité, que son cerveau fonctionne ainsi.

    Elle ajoute, avec un sourire : « Cet article, c'est aussi pour te remercier ! » Mais me remercier de quoi ? Quand on aime quelqu'un, on l’aime tel qu'il est. Je n'ai pas joué le rôle d'éducatrice spécialisée pour Chloé ; je l'ai simplement soutenue. Je n'ai donc rien fait d'exceptionnel dans cette histoire, si ce n'est tendre la main et ouvrir mon cœur ! Je me suis cultivée sur le sujet pour mieux comprendre son monde et me rapprocher d'elle. A partir de ce jour, c'est elle qui devra porter le poids de ma présence, s'engager à m'accompagner pour le reste de son existence. Avec mon caractère, qui n'est pas toujours facile à appréhender, il est vrai que moi aussi je lui offre un défi…

    Je ne perçois pas simplement une particularité, une étiquette qui pourrait cloisonner notre amour. Pour moi, elle n'est pas une Asperger (ou une "aspie" pour les intimes), mais la femme que j'aime, entière et vibrante d'une personnalité riche. Au quotidien, je déploie mes ailes d'adaptabilité, non pas comme une contrainte, mais comme une danse libre au sein de notre relation. Etre en couple avec une personne du spectre autistique n'est en rien différent de toute autre union ; c'est une expérience tout aussi extraordinaire. Chaque échange, chaque moment partagé, s'imprègne d'une profondeur qui transcende les normes. A travers elle, je découvre un amour authentique et unique, d'une essence véritablement humaine.

    Parfois, nous sommes aussi surprenantes l'une que l'autre, et la frontière entre autiste et non autiste est souvent mince. Voici deux exemples. Il est fascinant de se plonger dans ces situations qui transcendent la notion de handicap. Lorsque nous sommes enfermées dans notre "Tilomobile" sous une pluie diluvienne, Chloé, dans sa sagesse paradoxale, me lance : « Chérie, baisse un peu le volume de la radio pour que nous y voyons mieux ! » Cherchez la logique ! Et pourtant, je m'exécute avec un sourire.

    Chloé m’interroge souvent : pourquoi accorde-je tant d’attention à mon horoscope lorsqu'il bourdonne à la radio ? Si les astres m’annoncent des auspices favorables, je m’en réjouis presque avec une ferveur juvénile. Mais si les pronostics s’avèrent néfastes ? Alors, je répondrai d'un ton détaché : « Peu m’en chaut, ce ne sont que de vaines fadaises ! » Ne sommes-nous pas dans une exploration de l'irrationnel ? Le pire, sans pouvoir accuser le handicap…

    Il y a quelques jours, Patrick a eu l’idée de nous inviter à découvrir un reportage éclairant sur le mystère de l'autisme. Chloé et moi avons jugé pertinent de vous le présenter aujourd'hui, car ce documentaire, intitulé : "Autisme : le petit chasseur de fantômes", offre une perspective enrichissante qui mérite d’être explorée. Il nous plonge dans l'invisible et nous pousse à interroger les contours de cette réalité souvent méconnue, tout en nous incitant à réfléchir sur notre propre rapport à l'autre et à la différence. Je tiens à préciser qu'il s'agit d'un reportage léger, facile à regarder et à écouter, sans scènes médicales. Un grand merci à Patrick pour cet apport.

    Revenons à des considérations plus légères, à ces instants éphémères qui, bien que fugaces, nous rappellent la beauté de l'existence.

    L'exposition de ce week-end :

    En arrivant au musée d'Orsay, ce véritable sanctuaire de l'art où résonnent les échos du passé dans chaque couloir, nous avons croisé le chemin de Servane. Servane est une amie de Zabeth et conservatrice de la section Peinture, elle est la gardienne passionnée de l'exposition dédiée au peintre scandinave Christian Krohg, une œuvre de dévouement et d'amour pour l'art. Nous avons eu la chance de partager ce moment privilégié avec elle, qui, dans sa grande générosité, nous a offert une mini-conférence, une invitation à plonger plus profondément dans l'univers fascinant de Krohg.

    Christian Krohg (1852 - 1925) émerge tel un phare dans la tempête intellectuelle qui secoue la Norvège à la charnière des XIXe et XXe siècles. Représentant une époque foisonnante de bouleversements sociaux et culturels, il insuffle dans chacune de ses œuvres le souffle vibrant du changement. En contact étroit avec les cercles littéraires de son temps, il s’illustre au sein du mouvement naturaliste, notamment à travers son roman *Albertine*, où il aborde des thèmes d’une profondeur troublante, tout autant présents dans son art pictural. Face à ses œuvres, Chloé et moi avons été envoûtées. Les toiles de ce maître saisissent le quotidien avec une précision remarquable, immergeant le réalisme dans une vision naturaliste exempte d'artifices. Krohg transcende les banalités de la vie par son engagement et sa sensibilité, illuminant chaque détail d'une touche d’impressionnisme. C’est à la fois un hommage au quotidien et une question lancée à notre regard : comment observer notre environnement avec une attention renouvelée ? La beauté et la vérité s’y rencontrent, cette rencontre éveille en nous des émotions souvent oubliées.

    Dans un élan de gratitude pour l’hospitalité chaleureuse dont elle avait fait preuve, nous avons décidé de savourer une coupe de champagne en guise d'apéritif. Le temps, cet insatiable tyran, commençait déjà à faire sentir son influence ; pourtant, elle ne manqua pas de nous interroger sur Zabeth, laissant transparaître une vraie sollicitude dans sa voix tout en s'enquérant de mes avancées académiques. Avec Zabeth, nous avions eu la chance d’assister à plusieurs de ses conférences, des moments finement orchestrés témoignant d’un savoir-faire indéniable. Chloé, quant à elle, se souvenait de Servane, mais peinait à se remémorer les détails de l'exposition que nous avions admirée à l'époque, comme si, avec le temps, quelques subtilités de cette rencontre s’étaient évanouies...

    A vous tous, je vous souhaite une excellente semaine.

    A Bientôt,
    Chlo & Til 

    lundi 7 avril 2025

    Journal de bord 08/04/2025 changement, aspiration, création.

     “A chaque nuage se cache une promesse de clarté.”

    Moi (lol) / Juste entre nous 2 

    Avec une douceur à peine perceptible, les nuages qui obscurcissaient notre horizon commencent lentement à se dissiper. Cet appartement, que nous avons tant désiré, s’apprête à devenir le foyer de nos aspirations. Bien sûr, il nous restera encore à dompter ce lieu, à lui insuffler notre souffle par le biais de travaux et d’aménagements. Si, par malchance, ces projets devaient connaître des retards, nous avons cette échappatoire : la promesse éphémère d’un mois dans un Airbnb où nous pourrions, du moins en apparence, nous sentir un peu chez nous.

    Quant à notre voiture, sa venue est désormais proche, une étape de plus dans cette quête d’indépendance, et nous avons toujours notre voiture de courtoisie. Nous nous retrouvons, enfin, devant le nécessaire tournant de nos vies : la fin de nos études. Chloé ouvrira le bal des épreuves, elle aura son examen le jeudi 24 avril, et moi, un mois plus tard, je croiserai les doigts pour mon grand oral le 19 mai. Il me manquera encore une unité de valeur à obtenir, une dernière récompense à cette lutte acharnée pour devenir enfin interne pour trois ans.

    Ainsi se dessine l’avenir, à la fois vertigineux et prometteur, entre projets, espoirs et responsabilités. Et, peut-être, dans un laps de temps désormais plus serein, nous pourrons envisager notre extradition vers la Suisse, et plus particulièrement vers les rives apaisantes de Lausanne. Là-bas, un nouveau chapitre se dessinera…

    C’est avec une joie sincère que je suis témoin de la renaissance créatrice de Chloé, qui, dans son temps libre, a renoué avec les gestes ancestraux des artistes. Elle vient de nous offrir une toile à l'huile qui servira d'écrin à nos pensées pour cet article. Eva, notre galeriste, se laisse emporter par ce frisson d’anticipation, impatiente de l’arrivée de cette œuvre prometteuse.

    Cette toile ne se limite pas à une simple image ; elle est l’émanation de notre avenir, ce tableau des nuages qui s’éclaircissent, augurant d’un futur radieux à l’horizon. Chloé m’enseigne à travers son art, et elle me voit en ce personnage de dos, vêtu de ma robe de mariée, non seulement une figure, mais une métaphore de l’espoir et des possibles.

    Le chemin de la création est semé d’embûches et de révélations, comme celui de notre existence même. Chloé transcende la simple représentation pour poser un regard profond sur notre condition, mêlant intimement l’art et notre vie.

    Nos carrières…
    Chloé, ma chérie en quête de sens dans le monde du management, se trouve à l'orée de la fin de son stage, qui ne lui laisse qu'un mois avant d'atteindre une certaine forme de finalité. C'est avec une satisfaction palpable qu'elle a triomphé des deux quiz que j'avais concoctés pour elle ; l'un s'ancre dans les réflexions de mars, tandis que l'autre englobe le  mois qui l'a précédé, plus le mois en cours, février et mars. Nous poursuivons ensemble notre méthode d'apprentissage, un travail  intellectuel où nos esprits s’entrelacent pour réviser les enseignements qui façonnent son parcours. Je perçois dans son regard une lueur d'anticipation, une joie à l'idée de toucher au terme de cette expérience qui l’aura certainement marquée. Voilà, en somme, comment se dessine le chemin de la découverte personnelle.

    De mon côté, pour exercer aux urgences pédiatriques, il est impératif de cultiver une passion profondément ancrée. La souffrance omniprésente, ainsi que la fatigue accablante, se présentent comme les lourds fardeaux de notre réalité. Cependant, c'est cette nécessité de poursuivre ma vocation au sein d'une structure défaillante (manquant cruellement de moyens matériels et techniques) qui est la plus écrasante, mais aussi épuisante. Il nous faut continuellement inventer des solutions par rapport au terrain local. Les problématiques varient par exemple en fonction de la richesse des établissements. La quête de lits pour les patients, la rivalité pour les ressources dans un système qui fléchit et les collègues anéantis au bord du burn-out sont des constats accablants.

    Pourtant, je trouve une satisfaction dans mes relations chaleureuses avec l'équipe, une dimension humaine que je chéris. Mon caractère semble être apprécié, ce qui ajoute une nuance positive à ce cadre complexe. Les internes, attirés par l'adrénaline du service d'urgences, se concentrent uniquement sur le vital, négligeant la richesse manifeste que recèle ce domaine pluriel.

    Quant à moi, embrasser la médecine générale au sein des urgences pédiatriques ne me dérange guère. Voir des jeunes se confier à moi sur leurs peines de cœur ( notre service allant jusqu'à des adolescents de 18 ans) et jusqu'à la bobologie, tout cela renforce ma polyvalence et mon humanité. Cette expérience exigeante m'impose également d'ajuster ma compréhension de la sociologie de chaque service. En somme, c'est une aventure enrichissante qui me permet d'affiner ma relation avec les patients, me propulsant d'un banal incident à une situation critique en l'espace d'une minute. C'est là une position délicate entre la vie et la mort, la souffrance et le réconfort, que seules les urgences peuvent offrir.

    Nous avons rencontré l'architecte, une rencontre chargée d'espoir mais qui ne manqua pas de me laisser perplexe. À ma grande déception, il n'a pas jugé utile d'apporter des photos de notre futur domicile. Comment peut-on envisager d'acheter un bien que je n'ai jamais vu ? Je me sens plongée dans l'incertitude, sans la moindre idée des caractéristiques qui façonneront notre quotidien, ni des commodités qui devraient pourtant en être la base.

    Cet homme, avec une certitude déconcertante, prétend savoir mieux que moi ce qui pourrait m'effrayer. Pour lui, ignorer la réalité serait une forme de bienveillance. Est-ce vraiment sa manière d’apaiser ses clientes, en camouflant la vérité derrière un voile d'optimisme ?

    Malgré tout, nous avons engagé une discussion sur nos préférences, partageant nos goûts et nos désirs. Nous avons fait part de notre volonté d'échapper aux tons sombres des tissus et des meubles de l'appartement de mes parents. Avec ma chérie, nous avons exprimé notre souhait d'un espace inondé de lumière et de clarté. Chaque mot, chaque envie, a été noté avec une attention méticuleuse sur son laptop, comme si notre bonheur futur n'était qu'une simple affaire de notes.

    Nous attendons maintenant avec impatience de découvrir ce qu'implique véritablement l'art de construire. Espérons que cet espace deviendra le reflet de nos aspirations, un lieu où chaque mur, chaque couleur, racontera notre histoire à venir.

    Pour ce week-end, repas chez mes beaux-parents, repos, révisions, et pour nous détendre, nous avons choisi de nous rendre au musée d’Orsay à Paris, découvrir une rétrospective des œuvres du norvégien Christian Krohg. Nous ne pouvons vous en dire plus, ni Chloé ni moi ne connaissons son œuvre.

    A vous tous, je vous souhaite une excellente semaine.

    A Bientôt,
    Chlo & Til 

    lundi 31 mars 2025

    Journal de bord 01/04/2025 Espoir, Aspirations, Défis.

     “Chaque choix est une note, même dissonante, qui compose la symphonie de nos vies.”

    Moi (lol) / Juste entre nous 2

    Il semble que les étoiles, conjurant un destin bienveillant, se soient unies pour célébrer la suite de mon anniversaire. Comme je vous l'avais mentionné la semaine dernière, une nouvelle Tilomobile s'apprête à nous conduire en Suisse. Nouveau pays, nouveau départ… Cependant, une ombre planait toujours sur nos têtes et surtout sur notre projet d'achat d'appartement, et depuis quatre mois, nous n'avons reçu aucune nouvelle de Mathieu pour éclairer notre situation. Mais cette semaine, à ma grande surprise, il a enfin pris contact. Il disposait d'un bien correspondant à nos attentes, mais le seul point noir était qu'il n'avait qu'une journée d'exclusivité. Tragiquement, cette date coïncidait avec mes jours de garde, rendant mon déplacement en Suisse impossible.

    Dans un élan de désespoir, j'ai décidé de contacter Père, car il est parfois judicieux d'agir même lorsque l'espoir semble illusoire. Par un heureux hasard, il se trouvait à Bruxelles, dans leur nouvelle maison de ville, et a donc pu faire le déplacement jusqu'à Lausanne avec l'architecte. Je vous spare les détails des multiples appels passés à Mathieu, à mon père et au notaire, car il était essentiel que je puisse sécuriser cette acquisition, si elle se révélait à la hauteur de nos attentes, en signant une promesse d'achat le jour même. Pendant ce temps, Père s'attachait à gérer les aspects financiers, cherchant à établir un pont entre nos aspirations et la réalité de ce projet.

    Les heures d'attente s'étiraient, frustrantes et interminables, comme dans un roman dont on attend désespérément le dénouement. Le matin s’est lentement évaporé, laissant place à l’angoisse d’un appel que je n’avais su précipiter. C’est finalement en début d’après-midi que mon père a répondu, un moment tant espéré, empreint d’espoir et d’appréhension.

    On m'annonce une opportunité inespérée : un appartement magnifique, bien plus qu’un simple espace de vie. Cependant, il dépasse quelque peu le budget que mes parents avaient envisagé pour ce projet. Niché dans le quartier d’Ouchy, cet appartement se trouve dans un immeuble haussmannien au charme du XIXᵉ siècle, au quatrième étage. Il promet tout ce qu'un habitat peut offrir : vaste superficie, garage privé pour deux véhicules… en somme, ce qui pourrait devenir notre cocon, notre refuge.

    Mais le prix à payer pour cette promesse est lourd. L’appartement, avec ses 191 m² exposés sud, sud-ouest, porte les stigmates du temps. Son état, déplorable, témoigne des ravages de la négligence et exige une réinvention totale : il s’agit d’abattre pour reconstruire, de laisser derrière soi l’ancien pour accueillir le nouveau. L’architecte, tel un sculpteur de l'existant, a pris toutes les mesures nécessaires, emportant avec lui nos rêves, prêts à entamer cette délicate ébauche qui devrait s’étirer sur quatre à cinq mois. Un mois de décoration et d’aménagement suivra… Comme si, durant ce laps de temps, nous pouvions effacer les traces du passé. Impassible, la réalité nous rappelle que ce bien ne sera pas entre nos mains avant la fin d'août.

    J'ai dû, avec une urgence impérieuse, me rendre chez notre notaire, mais, dans cette société digitalisée, j'ai pu céder ma signature à distance, traçant ainsi les contours de notre promesse d'achat. Les documents portant ces numéros helvétiques qui devraient concerner nos engagements ont dû être soumis, comme s'il s'agissait d’un examen auquel j'étais résignée. Cependant, il me semble que l'acquisition d'un bien en Suisse est loin d'être la complexité redoutée ; en vérité, elle se révèle parfois plus claire que l'expérience d'acheter un appartement en France, où la bureaucratie semble souvent s'enliser dans ses propres intricacies.

    Depuis mercredi, avec Chloé, nous suspendons notre souffle dans l'attente que je devienne l'heureuse propriétaire.

    Ce week-end, un rendez-vous crucial avec l’architecte nous attend, où il pourra enfin définir les espaces selon nos besoins. Car, à travers ces murs résiduels, c'est l'âme de notre foyer que nous projetons déjà…

    Suite et fin de notre week-end à Lille :

    Ah, ma nuit, marquée par le tumulte d’un sommeil fragmenté, était l’écrin de mélodies inattendues, comme si Richard Wagner lui-même, dans un élan d’inspiration exubérante, avait enfanté une trompette débordante de verbe. Chloé, quant à elle, s’est livrée à un récital effréné, inondant l’obscurité de ses éclats sonores, défiant ainsi les lois du silence. Cette harmonie, ou devrais-je dire ce désordre, s’impose à mon esprit comme un spectre omniprésent, m'interrogeant inlassablement : à quel moment Chloé décidera-t-elle d’investir la bassine près de notre lit avec ses éructations ? Heureusement, elle a su épargner à notre sommeil cette tragédie. Ah, quel soulagement de cohabiter avec une professionnelle de la bouteille ! (Oui, je l’admets, je me venge un peu !)

    A l'aube de sept heures, je m'extirpai des bras de Morphée, cet état de grâce où l'esprit dérive paisiblement dans les limbes du rêve. Ce réveil, presque sacralisé par la rigueur de ma quotidienneté, me rappelait la cruelle discipline à laquelle je me soumets… Bien que je nourrisse le désir de me blottir à nouveau dans la douce torpeur des draps, mon corps, tel un métronome implacable, se moquait des élans furtifs de mon cœur. Il décidait, imperturbable, de suivre sa propre voie, indifférent aux désirs d'une âme qui, en ce matin, aurait tant aimé s'attarder encore un peu dans les bras de la paresse…

    Dans une quête à la fois banale et essentielle, je me suis élancée vers la boulangerie, aspirant à ramener croissants et pains au chocolat pour le plaisir de tous, accompagnés d'un bon pain frais, ce nectar de notre table, pour ceux qui rêvent de tartines beurrées, délicatement nappées de confiture fruitée.

    A mon retour, une satisfaction teintée de surprise m’a envahie en découvrant que Céline était déjà éveillée, malgré mes efforts pour quitter l’appartement en toute discrétion. Elle avait été la témoin involontaire de ma petite escapade matinale…

    C'est en petit déjeunant que, sans même l'ombre d'un débat, Céline et moi nous trouvions face à nos liseuses, absorbées dans nos mondes littéraires, comme deux philosophes érudites en quête de vérités, chaque bouchée de croissant résonnant comme une méditation sur les pages que nous dévorions.

    Nos trois compagnons, dans une danse chaotique et alcoolisée, improvisaient une scène ouverte : un véritable champ de bataille où, sous les ombres des bouteilles vides, les ronflements les plus surprenants résonnaient tels des échos de la nature humaine.

    Après que Céline et moi eûmes soigneusement célébré nos rituels de toilette, témoins d'une quête d'esthétique même au cœur de cette débauche, nous décidâmes de tirer nos chers pochtrons de l'abîme où ils se complaisaient. Telles des Lysistrata modernes, nous n'allions pas les assaillir d'armes, mais plutôt les envelopper de baisers tendres et de câlins réconfortants, espérant ainsi raviver leur esprit de lucidité et les faire revenir à la réalité.

    Pour Chloé, les suaves baisers se révélèrent insuffisants, comme des promesses sans lendemain. Il me fallut la saisir avec la ténacité d'un caramel collé à son papier, la secouant comme un prunier. Finalement, après une demi-heure qui nous sembla une éternité, nos protagonistes décidèrent enfin de se lever et de venir nous rejoindre dans la cuisine. Il est fascinant de constater que seules les boissons chaudes trouvèrent grâce à leurs papilles réticentes, tandis que l'estomac, en un acte de révolte, se refusait à tout aliment solide. Les garçons se débattaient, l'un se plaignant d'une araignée tissée dans son esprit, l'autre se lamentant d'abeilles bourdonnantes dans un tumulte mental. Quant à Chloé, avec une sérénité déconcertante, elle s'exclama : « Non, ça va ! Tout va bien… Il me suffit simplement de faire une petite pause dans mes repas. J’attraperai probablement un peu de diarrhée pendant quelques jours, mais après ça, tout rentrera dans l’ordre. »

    Il semble que, de toute évidence, ils ne jouent pas dans la même cour. Tandis que certains pataugent dans l'insignifiance, ma chérie est une véritable professionnelle, une experte reconnue, diplômée du prestigieux Baril d'Or.

    Avant cette fameuse nuit, Céline et Jean-Charles, dans un élan de prévoyance presque comique, avaient décidé que notre dernier repas de ce week-end à Lille serait sublimé par des moules-frites, arrosées de vin blanc ou de bière selon l’humeur de chacun. Quelle blague, vraiment ! Rien qu’évoquer ce menu avait provoqué chez nos amis un festival de grimaces digne des plus grands tragédiens de la comédie humaine.

    C’est donc à deux, avec Céline, que nous avons bravé le restaurant "A Taaable", sans la moindre réservation, un dimanche midi. En pleine aventure et légèrement téméraires, nous avons laissé notre sort entre les mains du destin, à la recherche de la table qui nous apporterait ce petit bonheur tant convoité. Par chance, il était encore tôt et nous avons déniché une table un peu esquichée. Certes, elle n’était pas idéale, mais par une magie inexplicable, nous avons savouré un moment exquis, ponctué de rires contagieux et de ces délicieuses moules-frites avec du vin blanc et, en dessert, une tarte aux pommes.

    Deux heures plus tard, à la manière de deux héroïnes de Beckett, nous avons rejoint notre équipe. Oui, ce temps de flânerie, ils nous le devaient bien, non ? Le taxi nous a catapultés vers les voitures laissées chez les parents d’Emily. Après un café rapide chez Andrée et Philippe pour Céline et moi, car les autres avaient prétendument goûté une boisson avariée (drôle, non ?). Bien que nous n’ayons pas d’alcootest à portée de main, les garçons n’ont pas bronché face à notre projet, acceptant que ce soient Céline et moi qui prenions les volants. Nous avons roulé en direction de la maternité pour retrouver Emily et Justine. Comme le dit si drôlement Chloé : « Elle a dû grandir ! » Malgré sa langue pâteuse, Chloé n’avait rien perdu de son humour.

    Après un moment partagé en compagnie de cette belle cellule familiale, après avoir embrassé notre filleule et Emily, Céline nous a reconduites à la gare TGV pour que nous prenions notre train à 15 h 44. Lors de notre voyage de retour, nous avons plongé dans nos révisions, et Chloé, lucide, a perçu mon mécontentement face à son attitude de la nuit précédente. Cela soulève une réflexion poignante sur les relations et la responsabilité qui nous incombe envers ceux qui nous entourent… La bienveillance, après tout, est un choix que nous devons constamment renouveler. Etonnamment, nous avons atteint Paris à l'heure précise.

    A l'appartement de mes parents :

    Au fil de la soirée, Chloé s'est approchée de moi, offrant des gestes tendres, des câlins et des baisers en guise d'excuses. Si ces attentions étaient douces, elles ne parvenaient pas à masquer l'intensité de notre situation.

    Il est indéniable que le pardon est, par essence, un acte d'amour. Je n’en veux pas à Chloé, malgré les désagréments qu'elle me fait parfois traverser. Ce lien, aussi fragile soit-il, nous unit et permet à notre amour de perdurer à travers le temps. Toutefois, il me semble crucial de ne pas sacrifier mes principes sur l'autel de notre amour : accepter l'inacceptable serait une trahison envers soi-même.

    J'ai dû prendre le temps de lui faire comprendre que ses excès d'alcool ne constituent pas une simple facette de sa personnalité, mais une entrave qui pèse lourdement sur nos soirées. La confrontation, bien que difficile, est nécessaire. J'espère qu'elle réalisera ses erreurs et admettra que ses choix ont des conséquences sur moi. C'est là que réside la clé du pardon : dans un monde où chacun se pense innocent, la demande de pardon devient superflue. C'est entre douleur et rédemption que se trouve la véritable essence de notre amour.

    A vous tous, je vous souhaite une excellente semaine.

    A Bientôt,
    Chlo & Til 

    lundi 24 mars 2025

    Journal de bord 25/03/2025 Danser avec l'Existence

     “Dans la danse avec l'Existence, chaque choix nous invite à jongler entre souvenirs chéris et rêves à réaliser.”

    Moi (lol) / Juste entre nous 2

    Je vais m’efforcer de répondre à vos interrogations, tout en respectant les directives de Chloé. Jusqu'à présent, elle ne souhaitait pas que sa différence soit apparente sur notre blog. Dans mes écrits, j'ai usé de subterfuges pour donner l'impression que j'employais le terme autisme par métaphore. Pourtant, aujourd'hui, il est crucial d'éclaircir cette réalité.

    Oui, Chloé a été diagnostiquée à l’âge de six ans avec un trouble du spectre autistique. Il est essentiel de préciser qu’il n’existe ni pourcentage ni échelle universelle permettant d’appréhender l’autisme. Chaque individu constitue un univers à part entière, un trouble distinct qui déploie son propre spectre d'une manière unique.

    L’autisme de Kanner, souvent mis en avant dans l'imaginaire collectif, représente un autisme lourd et complexe de cette réalité. Cependant, ce n'est pas le cas de Chloé. En la voyant, vous ne la qualifierez pas de "bizarre" ou d'"étrange", mais plutôt de "normale" (gardez à l'esprit, je vous en prie, qu’elle est ma chérie ! Donc attention à vos petites fesses roses ! Que cela soit dit !) Elle est simplement différente en certains moments, et c’est cette nuance qui la rend si singulière.

    Je me remémore ces journées d'enfance où, émerveillés, nous arpentions le Louvre aux côtés de Blanche et Zabeth. Chloé était capable de passer deux heures, parfois davantage, devant un seul tableau. Dans son esprit, elle superposait des couches de couleurs, cherchant inlassablement à atteindre la nuance exacte de l'œuvre d’un maître. Cette quête obstinée de la couleur l’animait, et tant qu'elle n’obtenait pas cette superposition parfaite dans son esprit, elle persistait, recommençant sans relâche jusqu’à ce qu’elle parvienne enfin à son objectif. 

    Il lui arrivait aussi parfois de fixer une toile, comme si celle-ci détenait les clés d’un univers à découvrir. De retour chez elle, ou dans ma chambre, armée d’une règle, elle prenait le temps de retracer chacune des perspectives du tableau avec une précision méticuleuse, s’exclamant d’un ton fervent : « Regarde, cette perspective est véritablement géniale, n’est-ce pas ? » (Mmm... oui, bien sûr, Chloé. C’est tellement évident... autant dire que j’étais complètement dans les choux !)

    Dans ce geste, il y a à la fois une quête de sens et une manière unique d’appréhender le monde. Sa passion pour les détails révélait un regard que je n’avais pas toujours remarqué, une façon de s'accrocher à des éléments que j’avais jugés complètement insignifiants. En réalité, elle m’invitait à voir au-delà des apparences, tout en naviguant dans un labyrinthe de réflexions et d’émotions... A travers ses yeux, j’apprenais à déceler ce que le reste du monde ignorait. 

    Consciente de sa différence, Chloé s'investit avec une détermination sans faille dans un travail soutenu, entourée depuis des années par des praticiens compétents, parmi lesquels Irène qui joue un rôle essentiel, tout comme elle joue également un rôle fondamental pour moi, même si cela est pour d'autres raisons. Depuis ma plus tendre enfance, je reste attentive au  développement de Chloé, m’efforçant de l’encourager dans ses forces tout en cherchant à minimiser l’impact de ses faiblesses. Ce chemin se dessine comme une lutte tout autant qu’une célébration des ressources innées et des merveilleuses nuances de son être. C’est un parcours de vie tissé de peines mais aussi avec de grands éclats de joie, fondé sur ses réussites et ses avancées ( Bien, en fait... un peu comme vous et moi ! Lol).

    Notre actualité : 
    Il est des journées où l'existence nous gratifie de ses inattendus. En ce début de semaine, un coup de téléphone du garage nous parvint, annonçant que notre précieuse "Tilomobile" avait retrouvé sa splendeur et nous attendait, radieuse. Chloé et moi, animées par une douce anticipation, nous sommes donc dirigées retrouver notre Tilomobile.

    A notre arrivée, le responsable, un ami de mes parents, nous accueillit avec une bienveillance soutenue. Il m'informa que mon véhicule était en excellent état, affichant même un kilométrage des plus satisfaisants. Cependant, il glissa subtilement qu'il serait peut-être judicieux de réfléchir à son remplacement, avant que la dépréciation ne s'impose de manière trop cruelle sur nos finances.

    Il nous présenta alors les derniers modèles qui pourraient convenir à ma Classe A. Mais en vérité, je n'étais nullement venue avec l'intention d'acquérir une nouvelle automobile. Mon esprit, encore ancré dans l'attente de notre emménagement à Lausanne, avait résolument décidé de suspendre tout investissement dans la future incarnation de ma "Tilomobile". Car il ne s'agit pas simplement d'une voiture ; c'est un symbole de notre cheminement, un reflet de nos choix, de nos aspirations.
    Mais voilà... Nous nous sommes confrontées à la silhouette élégante de la Mercedes CLA (coupé) 2025. Chloé, avec une ferveur palpable, déploie toute la richesse de son vocabulaire, tentant de me convaincre que cette automobile est tout simplement irrésistible.

    Pour ma part, je me trouve en proie à une ambivalence troublante. Notre "Tilomobile", cette première voiture depuis que nous vivons en couple, n'est pas qu'un simple moyen de transport ; elle est le gardien de tant de souvenirs, le témoin silencieux de nos aventures partagées. L'idée d'embrasser une nouvelle "Tilomobile", symbolisant notre futur à Lausanne, éveille en moi une excitation mêlée de mélancolie. Car au-delà de la nouveauté se cache l'ombre du passé, un passé que je chéris et qui, en un clin d'œil, pourrait être relégué aux souvenirs. Ce dilemme résonne en moi, comme une réflexion sur le temps qui passe et les choix qui s'imposent à nous.

    Il est quelque peu ironique, dans cette situation, que ma chérie n’ait pas, et ne souhaite pas passer son permis de conduire. Vous pourriez faire valoir que ses troubles du spectre autistique rendent cette décision peut-être plus raisonnable, bien que, légalement, son état ne lui interdit pas d'obtenir ce précieux sésame. Pourtant, sa réponse est d’une constance inébranlable : « J'le sens pas ! » Ainsi, elle se trouve sans permis, mais nourrit une passion pour les belles voitures, ou plutôt, pour ce qu'elles représentent. Ce n’est pas tant l’engin en lui-même qui l’attire, mais l’ostentation qui l’accompagne, la réflexion d’un statut social dont elle semble apprécier la saveur. Un contraste saisissant se dessine alors : d’un côté, son refus de prendre le volant; de l'autre, son admiration pour des objets qui incarnent le pouvoir et la réussite.

    Cette appétence pour l’ostentation se heurte à l’éducation que j’ai reçue de Zabeth, qui m’a inculqué l’importance du luxe discret, celui qui se cache derrière une finesse subtile plutôt qu’une flamboyance apparente. Dans cette quête du raffinement silencieux, je trouve une forme de résistance à la superficialité, une aspiration à ce qui, tout en étant élégant, se refuse à l’exhibition.

    Cependant, son magnifique sourire et ses yeux pleins d'étoiles, brillants d'une joie contagieuse, ont su me convaincre et me pousser à accéder à sa demande. Ainsi, je me suis laissée emporter par cette lumière qu’elle dégage, une lumière qui transforme même mes convictions les plus ancrées en un doux compromis, où le désir de plaire à l’être aimé prend le pas sur les réflexions austères de la raison. En clair ? (Je me suis fait avoir !)

    Entre labeur et savoir :
    Cette semaine, le labeur de Chloé ne s'est pas accompagné de ces éclairs de génie qui l'avaient, de façon exceptionnelle, illuminée la semaine dernière. Néanmoins, il serait insensé de négliger l'effet galvanisant de ses prouesses passées, qui ont insufflé un nouvel élan aux troupes. Ainsi, Chloé se met donc plus facilement au travail (nous sommes encore loin d'une facilité déconcertante, mais bon...). Mais restons lucides : cette dynamique est éphémère, et il nous faut en profiter tant qu'elle perdure.

    De mon côté, j'ai récemment reçu une convocation de la cheffe de service, qui m'a sollicitée pour assurer deux nuits de garde. L'absence de plusieurs médecins et internes, en arrêt maladie, pèse lourdement sur l'équipe. J'ai accepté, animée par le désir d'apporter ma contribution à cette période difficile, mais parfaitement consciente des efforts que cela exigera de moi. Lors de ces gardes, je revêts clairement le rôle d'une interne, ce qui entraîne une charge de travail considérable, accompagnée de stress et d'angoisse. Je dois faire preuve d'une attention maximale, car la santé des patients repose en partie sur mes épaules. Une fois rentrée à l'appartement, je me retrouve contrainte de plonger dans mes cours et mes livres, afin de réviser ou d'apprendre tous ces cas inconnus que j'ai croisés au cours de ma nuit de garde. C'est un combat constant entre le devoir et la fatigue, entre l'engagement et la solitude de cette lutte.

    Revenons sur notre séjour lillois :
    Après l'accueil chaleureux et généreux d'Andrée et de Philippe, suivi d'un festin qui aurait ravi les plus fins gourmets, nous, les jeunes, avons décidé de céder à l'ivresse de la danse, inspirés par l'enthousiasme contagieux de Chloé. Cependant, il m'a fallu engager une petite lutte avec les garçons, qui, après avoir englouti tant de délices et consommé une quantité alarmante d'alcool, étaient déterminés à prendre le volant. Il était inconcevable de risquer nos vies et celles d'autrui par une telle légèreté.

    Fait intrigant, Philippe, malgré sa propre ivresse manifeste, a proposé de nous conduire. Cette situation illustre bien le chemin semé d'embûches qui reste à parcourir pour faire comprendre que conduire après avoir bu n'est pas seulement une imprudence, mais un véritable danger pour soi et pour les autres. Finalement, la raison l'a emporté, et c'est en taxi que nous avons pris le chemin du "Le Network", un choix qui me semble sage.

    Durant notre trajet en taxi, Céline, avec une mélancolie empreinte d'une nostalgie délicate, évoquait le souvenir d'un temps révolu où son déhanchement, tel un acte de liberté, battait au rythme effréné des nuits de sa jeunesse estudiantine. Ce geste, écho d'une époque vibrante, parlait d'une insouciance perdue, d'une vie en devenir. (Aujourd'hui rêve-t-elle devant les anches en plastique ? Je pose juste la question...)

    A notre arrivée, le videur, sans même une ombre d'hésitation, m'accueillit avec une familiarité qui trahissait un passé. Pourtant, il s'agissait là d'un quiproquo tout à fait cocasse, car c'était la première fois que je foulais les sols de cet établissement et je n'avais jamais rencontré cet homme auparavant. Ses paroles, empreintes d'une chaleur inattendue, évoquaient des retrouvailles entre vieux amis, et, à ma grande surprise, il me fit la bise, un geste à la fois amical et désinvolte. Il nous offrit ensuite le privilège des entrées gratuites dans le sanctuaire exclusif du quartier VIP, comme si nous étions de nouveau chez nous dans ce monde que nous découvrions.

    A peine avions-nous pris place que Chloé, Céline et moi, emportées par une impulsion irrésistible, nous nous sommes élancées vers la piste de danse. Les garçons, quant à eux, semblaient privilégier un chemin plus obscur, se laissant séduire par la promesse enivrante de multiples shots de tequila. En apercevant Chloé se joindre à leur festin d’ivresse, une inquiétude sourde s'est emparée de moi. Je ne pouvais m'empêcher de penser que cette démarche n'était guère la plus sage. A l'horizon de cette beuverie se dessinait une ombre, et je redoutais les conséquences d'un tel abandon à la démesure. Rien de bon ne pouvait émerger d'une telle débauche.

    Ce que je craignais tant se matérialisa sous nos yeux. A notre retour du dancefloor, nous avons découvert, avec une certaine désillusion, que nul parmi eux ne semblait en état de soutenir une conversation intelligible, et encore moins de se tenir debout. « Lève-toi et marche ! » lançai-je, dans un élan d'espoir. Céline et moi étions prises d'un fou rire, partageant ce moment de légèreté face à leur déroute. Nous prîmes alors la décision de nous accorder un instant, de savourer un verre entre nous, avant de nous atteler à la tâche de ramener nos âmes égarées à la maison.

    Dans une perspective où le quotidien s'entrechoque avec les imprévus, il aurait été sage de faire appel à un camion-taxi, car l'insertion des corps dans la voiture-taxi s'est révélée être un défi complexe. Il faut dire que nos trois énergumènes étaient plus défoncés qu'une route Ukrainienne. Une fois parvenues chez Céline et Jean-Charles, Céline et moi avons soigneusement disposé nos compagnons respectifs sur leur côté de lit, comme si cette disposition pouvait rétablir un certain équilibre. Et Quentin, sur le canapé du salon, que nous avons dû monter le lit à la vitesse de l'éclair, conscientes que nous ne disposions pas de beaucoup de temps. 
    Chloé, quant à elle, s'était plongée dans le deuxième mouvement de la Walkyrie, imprégnant l'atmosphère d'une intensité tragique. Pendant ce temps, les garçons rivalisaient d'énergie pour s'assurer la première place aux toilettes. La scène évoquait le tumulte d'une grande métropole, où la porte des commodités était le théâtre d'un embouteillage tel qu'aucune politique de circulation, même celle d'Anne Hidalgo, n'aurait pu rivaliser. Céline, telle une gardienne des lieux, s'efforçait de réguler ce flot chaotique, édictant des règles pour prévenir que tout dépôt illicite dans le couloir sera sévèrement puni. De son côté, Chloé avait résolument décidé de s'attaquer à chaque renvoi, comme si, dans cette quête minutieuse, elle aspirait à déceler la coda, cette conclusion énigmatique capable d'insuffler un sens à un agencement de notes éparses. Son esprit, avide de compréhension et désireux de saisir l'essence même de son environnement, s'embrasait dans cette recherche, oscillant entre la dissonance et l'inaccessible. Etions-nous vraiment si proches d'un monde empreint de chaos ?

    Il me paraît incompréhensible que l’on puisse choisir de se plonger dans un tel état d’ébriété, perdant toute maîtrise de ses paroles et de ses gestes, de ses actes, jusqu’à vaciller et, finalement, se retrouver agrippé aux toilettes dans un déclin pitoyable. J’éprouve une réelle affection pour l’alcool, en particulier pour les vins de Bourgogne (cela, vous le savez déjà), cependant, il me serait profondément insupportable de me retrouver dans cet état de déchéance, ivre au point que ma mémoire me trahisse, laissant des trous noirs dans le fil de ma vie, tandis que mes jambes, incapables de me porter, se dérobent sous moi. La fierté d’une existence lucide et authentique me condamne à refuser cette abyssale incohérence.

    La conclusion, non des moindres, de nos péripéties lilloises se révèlera la semaine prochaine…

    A vous tous, je vous souhaite une excellente semaine.

    A Bientôt,
    Chlo & Til