Depuis ma plus tendre enfance, Zabeth n'a eu de cesse que de marteler que je faisais partie de l'Aristocratie de l'élite. Plus tard, lorsque je serai adulte, j'intégrerai le groupe social de mon rang qui exerce une domination politique, sociale et culturelle sur l’espace urbain...
Puis Zabeth me faisait répéter avec elle ce sempiternel refrain :
«En tant qu'héritière de personnes ayant accompli des actions remarquables, au service de la France, une aristocrate se doit de porter la mémoire de leur engagement.» Cela se traduit par un devoir de fidélité, le sens du service gratuit, l'attention aux autres, l'humilité, l'honneur, le respect de la parole donnée, le courage d'entreprendre. (Tout en le traduisant et en l'écrivant, je dodeline de la tête lol Comme quoi, c'est ancré en moi...).
Petite, j'étais consciente que Zabeth me délivrait un message important, mais je n'arrivais pas à en saisir la teneur.
«Etre une aristocrate est un privilège. Etre une aristocrate, c’est s’interdire la familiarité, la trivialité, le négligé et toute trace de vulgarité. Quoi qu'il arrive... garder le sourire. »
C'est à partir du collège que les camarades ont commencé à me questionner sur mon nom de famille, et surtout sur ma position sociale. Ils étaient curieux, parfois désobligeants, des moments pas toujours faciles à vivre. A cet âge, nous sommes très vite ostracisées. J'ai d'abord vécu ma particule comme une charge imposant une retenue de tous les instants...
C'est au lycée, que ma perception a évolué. J'ai commencé à assumer mon état d'aristocrate en faisant bien attention de ne pas être suffisante pour autant.
Avec Chloé (Ma roturière préférée lol) nous avons écumé les rallyes, les randonnées, sorties culturelles, et sportives organisées par les associations de l'aristocratie et de la noblesse. J'ai fini par accepter et trouver mes marques, en restant malgré tout indépendante avec un certain recul vis-à- vis de ce lourd héritage.
De cette éducation, que m'en reste-t-il ?
J'espère être une jeune femme bonne, charitable et respectueuse. Je traite toute personne comme mon égale ! Je garde une ligne de conduite assez honorable.
(Oui... et bien... je fais de mon mieux !)
Aujourd'hui, je me suis éloignée des « gens biens » dont je critiquerai « l'hypocrisie et la culture de l'entre-soi ». Ce monde ne me convient pas : J'ai du mal à comprendre la transmission de ses dites valeurs pour favoriser la reproduction sociale. Il est toujours dommage de renier une partie si importante de soi-même, mais je ne peux plus accepter ce mode de fonctionnement systémique, Nous devrions plus nous tourner vers la méritocratie.
C'est grâce à Zabeth que je peux évoluer, car pour savoir où je souhaite aller, il me faut savoir d’où je viens, et elle m'a également appris que chaque choix est un acte d'amour et que, au fond de toutes nos actions, il y a tout notre passé.
A cette heure, mon objectif est relativement simple. Devenir pédiatre (Je crois que vous l'aviez compris). Je pense m'orienter sur la pédiatrie généraliste, avec une ONG. Je veux sauver tous les bébés de la terre !!! Oui...j'ai décidé de me limiter aux bébés, tant pis pour les poupées ! (Seuls mes proches et mes amis peuvent comprendre ! lol)
Mais ne brûlons pas les étapes !
Je viens de terminer et de valider ma 5ème année, il me reste ma dernière année de médecine ( Voilà c'est fini ! Je commence à percevoir la lumière au bout du tunnel). Après la validation de cette 6e année, Chloé et moi prévoyons de partir nous établir en Suisse pendant au moins trois ans et la suite ? Nous verrons...
A Bientôt,
Til.