Je suis née le 14 Mars 2000 (23 ans)
à New-York. Franco-américaine.
Mes parents avaient de gros postes dans la haute finance à Manhattan.
Je fus donc... La petite surprise...
(HEYYYY ?! I'm here !).
Une jeune femme (21 ans) étudiante, se prénommant Elisabeth qui faisait des études de langues étrangères spécialisation langue française littératures et poésies du 18ème et 19ème siècle (équivalent à un Master 2 en France) fut embauchée comme Babysitting (J'avais 7 mois). Celle-ci étant très sérieuse et plaisante aux yeux et aux goûts de mes parents, ils lui ont proposé un poste à plein temps comme nourrice (nanny), avec une formation et un bon salaire.
Elisabeth (dit: Zabeth) new-yorkaise, à la demande de mes parents, m'a toujours parlé exclusivement en anglais. Ma langue naturel (maternelle) est donc l'anglais (américain) Je suis donc complètement trilingue Anglais, Espagnol et Français.
Nous sommes rentrés en France, lorsque j'avais 1 ans, emmenant Zabeth avec nous. Mère avait accepté un job important en Europe pour sa carrière...
Temps en moyenne passé avec mes parents je vais l'estimer entre dix et quinze minutes (et encore... pas tous les jours, et cela les bonnes semaines). Les vingt-trois heures quarante-cinq restantes, c’est Zabeth qui gérait tout. Elle me réveillait le matin, petite, elle me douchait, me préparait, m’emmenait à l’école, c'est aussi elle qui se levait la nuit lorsque j'étais malade. C’est elle qui venait aux réunions avec les professeurs. Lorsque j'étais malade, c’est elle que l’on appelait. c'est elle qui a su gérer cette étape du passage de l'enfance à l'adolescence. Elle qui m'accompagnait aux anniversaires des copines, elle qui achetait les fournitures scolaires et mes habits. C'est elle qui demandait mon plat préféré à Maria. Demandez à mes parents mon plat préféré, ils seront bien en peine de vous répondre.
La relation qui s'est forgée entre Zabeth et moi est d’une puissance phénoménale. A ses côtés, j'étais remplie d’insouciance, je me sentais invulnérable. Elle à fait bien plus que de s’occuper de moi, elle m'a élevé. Elle m'a appris à respecter l’étiquette et à être irréprochable sur le plan moral. Les rôles et les comportements d'une fille de bonne famille qui sont très codifiés. Elle m’a appris à être une bonne personne, à vivre en harmonie avec les autres et à ne pas être égoïste.
Quand je parle d'elle mes yeux s’illuminent, je suis fière comme si elle était ma mère. Je ne sais pas si c’est très sain, mais ce qui me faisait le plus plaisir enfant, c’est quand je reconnaissais un peu d'elle dans mes attitudes (cela m'arrive encore parfois). Quand j’entends dans ma bouche des mots qu'elle a l’habitude de prononcer, quand je vois que je fais les mêmes gestes qu'elle, toutes ces petites choses qui racontent qu’elle est pour moi, ma vraie Maman. Titre qu'elle m'a toujours refusé ! Je connais mieux et je suis beaucoup plus à l'aise avec Zabeth qu'avec mes parents qui au bout du compte sont des personnes que je connais que très peu.
La séparation avec Zabeth fut très difficile. Je n'étais pas préparée, je n’avais pas anticipé un tel changement. Zabeth m'expliqua que j'étais aujourd'hui une grande fille (Nooonnn je suis petite) et belle jeune fille de 19 ans avec mon permis de conduire et que je devais vivre ma vie d'étudiante, et qu'elle devait partir dans une autre famille pour aider d'autres enfants....
Elle serait toujours là pour moi...
J’ai crié ma souffrance sans retenue. J'ai cru que j'allais mourir !!! Que le sol sous mes pas,venait de s'effondrer ! Ma vie paisible d'enfant venait de s'arrêter. Je n'étais pas prête pour un tel désarroi ni à verser autant de larmes. Je pensais qu'à elle, son image était là, dans mon cerveau, ses yeux, ses cheveux, son sourire, son odeur et tout tournaient, un tas de choses noires, sombres, vides, avec des sanglots.
Cette douleur...(My God) je me sentais si déprimée, si oppressée, la vie pour moi n'avait plus la même saveur...
Aujourd'hui encore, il m'arrive d'avoir mal car je suis seule. Je prends conscience que le vide et l’absence font leur nid en moi. Son absence me laisse un grand vide, une douleur. J'arrive tous les jours dans ma chambre et elle n'est pas là, ça me serre le cœur, même si tous les jours j'ai Zabeth en direct que cela soit par WhatsApp ou Skype. Je sais qu'elle a deux nouveaux enfants. Pendant longtemps, j'ai même été jalouse d'eux. j'en pleurais...
Le temps passe, doucement je trouve comment composer sans ma maman de cœur.
Je me réfugie dans l'écriture le seul moment où je peux encore être pleinement moi, pour faire ressortir ma peine. J'aimerai être avec ma maman, entendre sa voix qui résonne toujours dans ma tête, avoir ce petit câlin sur ma joue, ou lorsqu'elle remet mes cheveux sur mon front, sentir son odeur, avoir mon baiser du soir. Pouvoir remonter en arrière et profiter beaucoup plus d'elle. Elle me manque tellement. Une chose est certaine, elle est, et restera pour toujours ma Maman à moi.
Aujourd'hui nous nous retrouvons deux fois par an au moins une semaine voire quinze jours.
Pour notre pacs avec Chloé,tous le monde vient d'arriver de New-York, ma tante Joyce et mon oncle Thibault, mais aussi ma Grand-maman Holly et mon autre tante Cassy (Elle sont ma famille par extension car Holly est la maman de Zabeth et Cassy sa soeur cadette.).
Vous dire que je suis la plus heureuse des femmes, est un doux euphémisme.
A Bientôt,
Til.