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  • dimanche 21 septembre 2025

    Journal de bord 22/09/2025 Equilibre, Evasion, Dédale.

    “La liberté se savoure mieux à table que sur l'herbe.”

    Nous éprouvons une joie profonde à l'idée de ne pas être séparées cette semaine. Dimanche soir, je monte avec Chloé à Paris, espérant m'immerger à nouveau dans l'effervescence de cette ville. Après ma première garde comme interne le week-end, un répit de deux jours supplémentaires de repos m'est accordé ; je serai donc à Paris pour accueillir notre nouvelle voiture. De plus, le garage a eu l'amabilité de me laisser un mot pour que je ramène le véhicule de complaisance. C'est donc en voiture que nous remonterons à Paris.

    La vie à Lausanne nous offre une douceur d'adaptation, et nous réalisons que le lac devient un aimant (sans jeu de mots) pour nos moments de loisir. Dès que l'occasion se présente, nous nous adonnons à notre running matinal, flânons sur les rives, et, contre toute attente, j'ai même cédé à l'idée d'un pique-nique sur les bords du lac.

    Quoi ? Un pique-nique ? Ne serais-je point devenue folle ? Voilà un acte qui témoigne de mon affection pour Chloé, car je dois avouer que cette perspective m'horripile profondément. Oui, ma chérie, dans un élan de dévouement frôlant le masochisme, a eu l'idée lumineuse d'organiser un pique-nique, comme si cette aventure champêtre pouvait atténuer le cruel contraste entre le tumulte parisien et la placidité lausannoise. Finalement, quoi de mieux pour célébrer le calme que de se pourrir la vie ?

    Comment apprécier le désagrément de trimbaler une glacière, des couverts, des serviettes, des gobelets, sans oublier la nappe, et, ah, ce que nous avons malencontreusement omis ? C'est une véritable expédition, un périple que je n'ai pas demandé.

    Sans vouloir passer pour la rabajoie de service, pourquoi compliquer notre existence ? Il suffirait de commander à emporter et de déguster notre repas dans le confort d'une chaise, loin des tracas du plein air.

    Et que dire de l'impossibilité de se laver les mains avant de déjeuner ? Manger assise par terre, telle une bohémienne, c'est inévitablement inconfortable. On finit par avoir des fourmis dans les jambes, car, oui, ces petites créatures ignorent que nous n'avons pas le droit de monter sur la nappe qui est sur l'herbe. Ajoutez à cela des sandwiches mal préparés, souvent synonymes de nourriture froide et de miettes envahissant le sac. Quel délice !

    Le soleil qui tape, c'est le bouquet final. Il attire les mouches autour de notre pitance, et la perspective d'une invasion d'insectes indésirables transforme notre repas en un véritable buffet pour ces nuisibles, qui semblent toujours savoir quand je suis la moins vigilante pour organiser leur open bar sur ma petite personne.

    Et quelle belle surprise qu’une eau tiède comme boisson, avec un bon rosé bien brassé dans le sac ! Que dire de cette nature qui se moque de nos besoins élémentaires ? Pas de commodités, pas de toilettes. Si l'on doit se laver les dents après le repas, c’est dans des conditions précaires, comme ces Romani qui inondent l'Europe de leur crasse. Non, vraiment, je ne comprends pas.

    Mon esprit d'aventurière se limite à la lecture des récits de Jake Barnes. Si vous ne le connaissez pas, il s’agit d’un personnage d’Ernest Hemingway dans son roman The Sun Also Rises, que l’on traduit par Le soleil se lève aussi. Bien que cette œuvre ne soit pas de la littérature "raisinée" – elle date des années 1930 –, elle dépeint la vie d’un groupe d’expatriés américains et britanniques à Paris.

    L'incompréhensible devient flagrant lorsque l'on réalise qu'il existe tant de beaux établissements au bord du lac. Chloé me dit : « Le pique-nique, c'est la liberté. » Ah, la liberté… Je préfère encore la liberté d’un repas bien servi, sans le chaos de la nature et ses petites joies.

    Chloé et moi avons pris la résolution de nous aventurer vers la "maison olympique", un lieu qui, bien que nous le sachions, était chargé d'une promesse de souvenirs sportifs. En vérité, les musées commencent à nous manquer, ces sanctuaires de la mémoire collective où se mêlent passé et présent. Nous choisissons celui-ci, non pas pour son contenu, mais pour sa proximité avec l’appartement qui nous est prêté.

    Avant de pénétrer dans cet espace, j’ai dû céder à cette coutume moderne de capturer l’instant, me retrouvant figée, sous l’arc de la porte, piégée par l’objectif de Chloé, qui paraissait soudainement inspirée par une muse artistique. Cela me rappelle combien notre époque valorise l’image au détriment de la réalité.

    Ce musée, consacré à l’histoire des Jeux, tisse un fil invisible entre l’Antiquité et la modernité. Il propose une rétrospective sur Pierre de Coubertin, cet homme passionné qui, par ses efforts, a sublimé le sport en un emblème de l’ambition humaine et d’une quête philosophique. À travers les vestiges de la Grèce antique, on saisit que le jeu dépasse la simple compétition, se transformant en une véritable célébration du corps et de l’esprit.

    Bien que ce musée ne figure pas parmi mes préférés, il offre une invitation à méditer sur la nature même du jeu et son rôle dans notre existence quotidienne. Le prix d’entrée, cependant, s’élève à 20 CHF, ce qui semble démesuré pour une telle expérience. Il n’est point nécessaire de recourir à un guide ; l’essence du lieu se dévoile à ceux qui prennent le temps d’observer. Il est vrai que j’ai presque préféré la quiétude des jardins au bord du lac Léman, où le souffle de l’eau et le chant des oiseaux résonnent bien plus agréablement que les échos des compétitions passées.

    Il est également appréciable de vivre ici dans un cadre sonore moins oppressant qu’à Paris, entourées de personnes civilisées. Quelle merveille ! Nous n'avons pas encore été importunées dans la rue, ni confrontées aux sifflements déplacés, aux « Eh mademoiselle » ou à d’autres manifestations désagréables. Cela nous rappelle la délicatesse des relations humaines, bien rare dans mon pays d'origine.

    Je commence à trouver un charme inattendu dans la comédie politique française, une source inépuisable d’amusement et de réflexions. Les discours du Premier ministre sortant, à l’image des élucubrations de Macron, illustrent cette habileté à narrer l’absurde avec une telle maîtrise qu’il en devient impensable de déceler la supercherie. Cinq Premiers ministres de deux ans, là nous en sommes plus à mettre des remplaçants, mais le personnel de la buvette. Se proclamer experte en politique française est un exercice délicat, tant le paysage évolue avec une rapidité déconcertante. À chaque réforme, la France semble suspendre son souffle, comme si le simple murmure du changement pouvait perturber l’ordre établi. Mais non, le roi Macron tient bien les rênes de cette dictature.

    Ce qui m'irritait autrefois m’amuse aujourd'hui. Plutôt que de débattre de l’éducation sexuelle dès l’école primaire, les Français gagneraient peut-être à explorer les méandres du surréalisme, cette échappatoire à la réalité morose. Peut-être que, dans ce surréalisme, le petit peuple de Macron trouverait un semblant d’évasion.

    Cependant, j’aspire à éviter le cynisme (si, si, enfin pas toujours…). Peut-on réellement rire de tout ? Cette question me fatigue, car elle n’est qu’un mensonge déguisé en idéal intellectuel. Si l’on rit de tout, alors, par un paradoxe amusant, on ne rit de rien. Tout devient drôle, tout devient triste, et la légèreté se heurte à la profondeur de nos expériences. La vie, finalement, est un équilibre fragile entre le rire et les larmes.

    A vous tous, je vous souhaite une excellente semaine.


    A Bientôt,
    Chlo & Til 

    2 commentaires:

    1. Arnaud9/22/2025

      Hello,
      Ce pique-nique s'étant couronné par un succès, je propose que vous en programmiez au moins un tous les quinze jours pour marquer votre reconnection à la nature ! Lol
      Le baron Pierre de Coubertin n'était franchement pas favorable à la participation des femmes aux JO. C'est la première chose à laquelle je pense lorsque j'entends son nom. Je pense que ce genre de musée m'aurait gonflé mdr.
      N'empêche, ça doit vous faire bizarre, vous qui avez été habitué à ce tumulte incessant depuis votre plus tendre enfance. Bon, c'est pas la Creuse non plus, n'exagérons rien. Mais je serais curieux de connaitre votre rapport au silence et au calme.
      Je suis sûr qu'à force d'abnégation, vous parviendrez à rencontrer des cas sociaux. Peut-être même que ce sera une exportation "made in France". Il faut dire qu'ici, on ne sait que choisir. S'il y a bien une chose où la France excelle, c'est dans la production des ces individus et ce à tous les niveaux sociaux.
      La politique française ressemble de plus en plus à la cour des miracles.
      Elle tend à se mettre au niveau de son modèle américain. L'outrance est quotidienne, écoeurante, pathétique, atterante.
      Chaque parti tente de manière grotesque de satisfaire sa clientèle.
      La Palestine pour les uns, le cirage de pompes des boomers pour les autres ...
      Marlène Schiappa, ancienne ministre (je ne sais plus de quoi), opportuniste professionnelle, occupe désormais un poste de chroniqueuse chez Cyril Hanouna à côté d'un acteur de films X dont je tairai le nom. Si ça ça n'est pas de l'Idiocracie ! On touche au sublime !
      Vivement que l'UE et le FMI reprennent la main sur ce spectacle pitoyable.
      Après avoir terminé ma lecture consacrée à l'attentat raté sur Hitler en 1939, je me plonge dans "Eloge de la fuite" d'Henri Laborit.
      Bonne semaine à tout le monde.

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    2. Coucou Arnaud,

      Pardonne ce retard dans mon courrier, mais vois-tu, l’heure m’échappe. Je dois aussi répondre à d’autres amis – Pamplemousse Rose, Benedikte, Romain, Isa, Patrick et les autres –, mais je vais commencer par toi.

      Arnaud, pfff, et on appelle ça un ami ! Un pique-nique tous les quinze jours, une fois par trimestre, et je me risquerais à croire que je suis une « gentille fille ». Non mais je rêve !!!

      Oui, ce musée, à mes yeux, est une initiation au musée : il se situe entre exposition et musée, comme une frontière mouvante où l’on peut s’interroger sur ce qui nous pousse à regarder. C’est un musée idéal, en vérité, pour une sortie de classe de sixième, à l’âge où l’on admire sans comprendre.

      La France, en ce qui concerne la « politique-spectacle », offre son lot de contradictions. On voit le peuple dans la rue crier contre Macron, Sarkozy menacé par la prison, et, dans le même souffle, leurs épouses parader au défilé de Dior, photographiées en binômes qui « prennent une photo ensemble ». Quelle farce ! Le monde entier applaudit la pièce où l’on unit, dans une même scène, la furie populaire et le décor éblouissant de ces personnes malhonnêtes. Génial !!! C’est là que se joue, encore, la lutte pour la dignité humaine dans un théâtre qui ne veut jamais se dépouiller de ses pupitres et de ses modeuses.
      Bonne semaine et à bientôt. Bises.

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