“Dans chaque départ, les souvenirs s'entrelacent avec les émotions.”
Le déménagement de mes parents est désormais achevé. Les meubles qu’ils avaient mis en vente ont trouvé leur chemin vers la salle des ventes, tandis que le reste de leur existence matérielle s’achemine vers Bruxelles. Nous nous tenons là, toutes les deux, au cœur d’un espace à la fois désert et encombré par nos cartons et valises, témoins d’une transition palpable. Cette scène étrange engendre en moi une impression troublante, comme si les meubles, une fois porteurs de tant de souvenirs, avaient cédé leur place à des spectres, des fragments d’un passé révolu flottant dans l’air, témoins silencieux de ce qui fut et de ce qui n’est plus.
Comme vous pouvez le constater sur la photo, il est manifeste que c'est toujours la même personne qui s'échine, tandis que Chlo, dans sa posture de reporter photographe pour le blog, me rappelle que cette tâche est, selon elle, une obligation. (mais bien sûr...)
Cette semaine a débuté par un engagement implacable : quatre-vingt-seize heures de garde, défiant les prescriptions d'une loi qui prétend nous protéger. La clarté de cette loi est troublée par la réalité crue de notre existence d’internes. Bien que l’injonction d’une garde continue de plus de vingt-quatre heures soit prohibée, la pratique nous contraint à naviguer dans des eaux tumultueuses, où l’isolement d’une interne parmi moins de six semble devenir un cruel paradoxe. Ainsi se dessine l’étrange écart entre le cadre juridique conçu pour assurer notre bien-être et la désolation de nos journées accablées.
Privée de sommeil, une conscience aiguë de mon irritabilité me saisit ; je deviens, après mes nuits blanches aux urgences, une ombre glaciale, une personne en proie à un relâchement trop brutal du stress. J’ai rassemblé mes forces pour préserver l’harmonie nécessaire aux derniers préparatifs de notre déménagement, afin que l’atmosphère demeure légère. Chloé, dans un élan de solidarité, a pris deux jours de congé pour se consacrer pleinement à cette épreuve partagée, bien que, pour ma part, la gravité de ce changement pèse d’un poids plus lourd encore.
Quitter le foyer familial, cette étape décisive de l’existence, est une démarche empreinte d’une gravité indéniable. Ce départ, désormais irréversible, fait peser sur mes épaules le poids d’un stress qui se fait pressant. La présence de Zabeth, même si elle n’est plus, continue de se faire sentir, et l’appartement de mes parents, bien que chargé de souvenirs, représente un cocon de sécurité, un abri fragile dans un monde souvent incompris.
En entreprenant de faire mes cartons, j’ai rencontré la brutalité de la réalité. Ce sont souvent les transitions qui font surgir des souvenirs, qu'ils soient doux ou amers, des échos d’un passé dont il est si tentant de s’accrocher. J'ai ressenti, avec une intensité dévastatrice, la perte d'une part de moi-même, arrachée par ce processus inéluctable.
Puis est arrivée Irène, franchissant le seuil de l’appartement venue nous prêter main forte, apportant avec elle un souffle de compréhension, un répit dans l’océan tumultueux de mes émotions. Au cours de nos discussions, au milieu des cartons, j’ai pu éclaircir ce tumulte intérieur, réalisant que ma véritable richesse n’est pas une forme matérielle ; elle réside dans l’amour et la confiance que Zabeth et mes parents m’ont offerts tout au long de ces vingt-cinq années.
Alors que je pliais une partie de mes vêtements, les parents de Chloé, eux, s’affairaient à ranger les livres dans des cartons. Ma bibliothèque, déjà conséquente, s’est vue enrichie des trésors littéraires de mon enfance issue de la bibliothèque familiale. Leur nouveau chez-eux est bien plus vaste à l'exception de la bibliothèque. Le fait que je choisisse d'emporter avec nous en Suisse quelques livres a suscité leur satisfaction à l’idée de se délester d’une partie de leurs ouvrages. Je ne me suis peut-être pas encore pleinement rendu compte de l’ampleur de ma collection, mais il est indéniable que mes livres s’accumulent. Heureusement, depuis quelques années, je me consacre principalement à la lecture sur ma liseuse, sinon je ne saurais imaginer le volume qu’il nous aurait fallu à Lausanne. Je doute cependant de pouvoir conserver l’intégralité de cette bibliothèque en devenir, même si j'ai demandé une très vaste bibliothèque dans notre nouveau chez-nous.
A vingt-deux heures trente, épuisée, je ne pouvais plus avancer ; mes jambes me trahissaient, mes bras étaient douloureux, et il était évident que nous devrions reprendre cette tâche vendredi, tant il nous restait encore des affaires à trier.
A l’origine, Chloé et moi avions envisagé de passer la nuit ici, au cœur de cet appartement encombré de cartons qui témoignent de notre départ. Cependant, le cours des choses a semblé nous guider vers les bras accueillants de mes beaux-parents, où nous avons partagé un dîner fugace avant de regagner notre espace de repos. La nuit de jeudi à vendredi s’est écoulée dans l’ancien lit étroit de Chloé, réduit, certes, mais étrangement apaisant. A peine allongée, le sommeil m’a engloutie, me laissant dériver dans un doux abîme d’oubli.
Le samedi, comme chaque année, je me suis rendue à la cérémonie de remise des diplômes d'armes pour présenter derrière le micro, nos jeunes et moins jeunes diplômés et membres de notre club. Cependant, cette fois, l'ombre de la fatigue s'est imposée à moi, et je n'ai pu assister ni au repas ni à la soirée dansante. Nous n'avons pris que le vin d'honneur et celui de l'amitié que Chloé a insister pour qu'on le prenne car porter l'appareil photo c'est lourd (évidemment...). Je ne souhaitais pas que ma chérie s'abandonne à l'ivresse, car le lendemain, une tâche cruciale nous attendait : celle de progresser dans le dédale de nos cartons et de mes valises et sacs de vêtements et de livres.
Vous aurez la fin de notre déménagement la semaine prochaine. Hélas, je vais bientôt manquer de temps pour moi, et par conséquent, pour le blog.
A vous tous, je vous souhaite une excellente semaine.
A Bientôt,
Chlo & Til
Salut la bande,
RépondreSupprimerAlors comme d'habitude je suis un peu en retard. Désolée Til mais je pense que tu n'auras pas ton appart avant le 3 novembre. Je vais pas mettre l'année cela me laisse plus de chance ! Je suis passée pour vous aider pour les cartons samedi, j'ai sonné mais rien et comme tu ne m'as pas répondu au tel; je suis repartie, sauf qu'en lisant le blog maintenant je sais pourquoi ! Toujours lire le blog ! Chloé la pro de la combine ; tu bosses elle photographie. Et pendant que tu écris sur le blog, elle se repose oui l'appareil photo c'est lourd ! Oui pas facile de partir de chez papa maman mais c'est bien pour vous. Irène est cool d'y avoir pensé. On attend la suite, on veut savoir pour les travaux maintenant ! C'est quand qu'on mange ?
Je vous kisssssss tous très fort. Pamplemousse rose
Coucou Pamplemousse rose,
SupprimerTon estimation pour notre emménagement sans l'année ne nous a guère étonnés, venant de toi…
Je suppose que tu lis cette réponse depuis Bali, n’est-ce pas ? Oui, j’accuse un retard conséquent. J’ai beau m’organiser, il arrive un moment où, peu importe mes efforts, le temps, comme un insatiable tyran, me manque. C’est une vérité mathématique : lorsqu’on croit pouvoir tout maîtriser, le temps s’échappe, implacable et indomptable.
Il faudrait, dans un monde idéal, que je puisse appliquer la théorie de la relativité d’Einstein, afin de dilater ou contracter ce maudit temps selon mes besoins. Ne devrais-je pas pouvoir, comme lui, plier la réalité à ma volonté, faire que le temps s’étire ou se contracte sous ma seule pensée ? Ce n’est pas bien compliqué à comprendre, si l’on s’accorde à penser que la logique et la physique sont à notre service, n’est-ce pas ?
S'il vous plaît, cessez de ricaner, je vous demande un peu d’empathie, pffff. Qui m’a mis des amis pareils ? Je vous le demande !
Je te Kisssss ma belle et bonnes vacances.
Super découverte votre blog est très sympa. Je viens de lire dans un de tes articles que tu n'as jamais pris un jet privé. Moi et mon coéquipier avons une petite société de transport aérien. Nous vous proposons à Chloé et toi de me contacter sur le numéro que je vais mettre sur le deuxième message, Nous serons heureux de vous offrir un voyage Paris Genève ou le contraire, selon nos plannings de vol et votre désir de trajet. J'attends votre appel. Pierre-Emmanuel et Charles.
RépondreSupprimerCoucou Pierre-Emmanuel et Charles.
SupprimerNous avons bien reçu votre invitation, qui témoigne d’une grande générosité, et nous ne pouvons qu’en être honorées. Avant de nous rencontrer en personne, il semble qu’il serait sage que nous prenions le temps de faire un peu plus connaissance. En tout cas, soyez assuré de notre accueil chaleureux. À très bientôt...
Hello,
RépondreSupprimerJe comprends cette nécessité d'avoir un cocon sain, sûr et organisé. Cette société est très dure et il ne faut pas négliger cela mais vous allez être très bien à Lausanne. Je n'en doute pas une seconde.
Vraiment cette formation a été plus que profitable à Chloé, maintenant elle délègue tout, enfin presque ! LOL
96 heures ! Que dire ... De l'admiration bien sûr mais en même temps quel désastre ...
Le courtermisme, je crois qu'il n'y a pas meilleur mot pour représenter la France.
Vous avez raison de partir !!!
Bises
Ciaociao
Coucou Arnaud,
SupprimerOui, tu as raison : cette formation pour Chloé a été, sans doute, une étape bénéfique. Pour l’instant, tout semble suivre un cours plutôt favorable, même si la perfection n’est pas encore atteinte. Tu sembles croire qu’elle a tout délégué ; tu es peut-être un peu trop optimiste. La réalité est que le service création, en cette période estivale, connaît une certaine suspension, sauf en cas de demandes particulières émanant de clients fidèles. Cependant, ils ne restent pas inactifs : c’est dans ces mois de pause que se retrouvent souvent le soin de corriger, de retoucher, de réparer – des activités qui, je l’avoue, m’échappent parfois dans leur complexité.
Quant à l’avenir en Suisse, j’y vois une lueur d’espoir. Comme tout dans cette vie, il faut laisser le temps agir, comme l’oiseau qui bâtit son nid patiemment, sans précipitation. Nous sommes heureuses de partir pour Lausanne, mais je ne peux m’empêcher de ressentir une pointe d’amertume à l’idée de quitter ce pays, si profondément enraciné en moi, surtout dans un contexte où l’esprit politique actuel semble, hélas, manquer d’éthique. La dégradation morale, la loss de valeurs, m’interpellent. N’est-il pas utopique, presque risible, de confier un pays à celui qui en est un véritable incapable, comme un cancre à la tête de l’école ? La confiance, même dans l’incertitude, demande une certaine foi en la possibilité du changement, en la capacité de l’humain à évoluer. Mais souvent, l’espoir doit lutter contre le désenchantement. Kiss et bonne semaine