“Chaque choix est une note, même dissonante, qui compose la symphonie de nos vies.”
~ Moi (lol) / Juste entre nous 2
Il semble que les étoiles, conjurant un destin bienveillant, se soient unies pour célébrer la suite de mon anniversaire. Comme je vous l'avais mentionné la semaine dernière, une nouvelle Tilomobile s'apprête à nous conduire en Suisse. Nouveau pays, nouveau départ… Cependant, une ombre planait toujours sur nos têtes et surtout sur notre projet d'achat d'appartement, et depuis quatre mois, nous n'avons reçu aucune nouvelle de Mathieu pour éclairer notre situation. Mais cette semaine, à ma grande surprise, il a enfin pris contact. Il disposait d'un bien correspondant à nos attentes, mais le seul point noir était qu'il n'avait qu'une journée d'exclusivité. Tragiquement, cette date coïncidait avec mes jours de garde, rendant mon déplacement en Suisse impossible.
Dans un élan de désespoir, j'ai décidé de contacter Père, car il est parfois judicieux d'agir même lorsque l'espoir semble illusoire. Par un heureux hasard, il se trouvait à Bruxelles, dans leur nouvelle maison de ville, et a donc pu faire le déplacement jusqu'à Lausanne avec l'architecte. Je vous spare les détails des multiples appels passés à Mathieu, à mon père et au notaire, car il était essentiel que je puisse sécuriser cette acquisition, si elle se révélait à la hauteur de nos attentes, en signant une promesse d'achat le jour même. Pendant ce temps, Père s'attachait à gérer les aspects financiers, cherchant à établir un pont entre nos aspirations et la réalité de ce projet.
Les heures d'attente s'étiraient, frustrantes et interminables, comme dans un roman dont on attend désespérément le dénouement. Le matin s’est lentement évaporé, laissant place à l’angoisse d’un appel que je n’avais su précipiter. C’est finalement en début d’après-midi que mon père a répondu, un moment tant espéré, empreint d’espoir et d’appréhension.
On m'annonce une opportunité inespérée : un appartement magnifique, bien plus qu’un simple espace de vie. Cependant, il dépasse quelque peu le budget que mes parents avaient envisagé pour ce projet. Niché dans le quartier d’Ouchy, cet appartement se trouve dans un immeuble haussmannien au charme du XIXᵉ siècle, au quatrième étage. Il promet tout ce qu'un habitat peut offrir : vaste superficie, garage privé pour deux véhicules… en somme, ce qui pourrait devenir notre cocon, notre refuge.
Mais le prix à payer pour cette promesse est lourd. L’appartement, avec ses 191 m² exposés sud, sud-ouest, porte les stigmates du temps. Son état, déplorable, témoigne des ravages de la négligence et exige une réinvention totale : il s’agit d’abattre pour reconstruire, de laisser derrière soi l’ancien pour accueillir le nouveau. L’architecte, tel un sculpteur de l'existant, a pris toutes les mesures nécessaires, emportant avec lui nos rêves, prêts à entamer cette délicate ébauche qui devrait s’étirer sur quatre à cinq mois. Un mois de décoration et d’aménagement suivra… Comme si, durant ce laps de temps, nous pouvions effacer les traces du passé. Impassible, la réalité nous rappelle que ce bien ne sera pas entre nos mains avant la fin d'août.
J'ai dû, avec une urgence impérieuse, me rendre chez notre notaire, mais, dans cette société digitalisée, j'ai pu céder ma signature à distance, traçant ainsi les contours de notre promesse d'achat. Les documents portant ces numéros helvétiques qui devraient concerner nos engagements ont dû être soumis, comme s'il s'agissait d’un examen auquel j'étais résignée. Cependant, il me semble que l'acquisition d'un bien en Suisse est loin d'être la complexité redoutée ; en vérité, elle se révèle parfois plus claire que l'expérience d'acheter un appartement en France, où la bureaucratie semble souvent s'enliser dans ses propres intricacies.
Depuis mercredi, avec Chloé, nous suspendons notre souffle dans l'attente que je devienne l'heureuse propriétaire.
Ce week-end, un rendez-vous crucial avec l’architecte nous attend, où il pourra enfin définir les espaces selon nos besoins. Car, à travers ces murs résiduels, c'est l'âme de notre foyer que nous projetons déjà…
Suite et fin de notre week-end à Lille :
Ah, ma nuit, marquée par le tumulte d’un sommeil fragmenté, était l’écrin de mélodies inattendues, comme si Richard Wagner lui-même, dans un élan d’inspiration exubérante, avait enfanté une trompette débordante de verbe. Chloé, quant à elle, s’est livrée à un récital effréné, inondant l’obscurité de ses éclats sonores, défiant ainsi les lois du silence. Cette harmonie, ou devrais-je dire ce désordre, s’impose à mon esprit comme un spectre omniprésent, m'interrogeant inlassablement : à quel moment Chloé décidera-t-elle d’investir la bassine près de notre lit avec ses éructations ? Heureusement, elle a su épargner à notre sommeil cette tragédie. Ah, quel soulagement de cohabiter avec une professionnelle de la bouteille ! (Oui, je l’admets, je me venge un peu !)
A l'aube de sept heures, je m'extirpai des bras de Morphée, cet état de grâce où l'esprit dérive paisiblement dans les limbes du rêve. Ce réveil, presque sacralisé par la rigueur de ma quotidienneté, me rappelait la cruelle discipline à laquelle je me soumets… Bien que je nourrisse le désir de me blottir à nouveau dans la douce torpeur des draps, mon corps, tel un métronome implacable, se moquait des élans furtifs de mon cœur. Il décidait, imperturbable, de suivre sa propre voie, indifférent aux désirs d'une âme qui, en ce matin, aurait tant aimé s'attarder encore un peu dans les bras de la paresse…
Dans une quête à la fois banale et essentielle, je me suis élancée vers la boulangerie, aspirant à ramener croissants et pains au chocolat pour le plaisir de tous, accompagnés d'un bon pain frais, ce nectar de notre table, pour ceux qui rêvent de tartines beurrées, délicatement nappées de confiture fruitée.
A mon retour, une satisfaction teintée de surprise m’a envahie en découvrant que Céline était déjà éveillée, malgré mes efforts pour quitter l’appartement en toute discrétion. Elle avait été la témoin involontaire de ma petite escapade matinale…
C'est en petit déjeunant que, sans même l'ombre d'un débat, Céline et moi nous trouvions face à nos liseuses, absorbées dans nos mondes littéraires, comme deux philosophes érudites en quête de vérités, chaque bouchée de croissant résonnant comme une méditation sur les pages que nous dévorions.
Nos trois compagnons, dans une danse chaotique et alcoolisée, improvisaient une scène ouverte : un véritable champ de bataille où, sous les ombres des bouteilles vides, les ronflements les plus surprenants résonnaient tels des échos de la nature humaine.
Après que Céline et moi eûmes soigneusement célébré nos rituels de toilette, témoins d'une quête d'esthétique même au cœur de cette débauche, nous décidâmes de tirer nos chers pochtrons de l'abîme où ils se complaisaient. Telles des Lysistrata modernes, nous n'allions pas les assaillir d'armes, mais plutôt les envelopper de baisers tendres et de câlins réconfortants, espérant ainsi raviver leur esprit de lucidité et les faire revenir à la réalité.
Pour Chloé, les suaves baisers se révélèrent insuffisants, comme des promesses sans lendemain. Il me fallut la saisir avec la ténacité d'un caramel collé à son papier, la secouant comme un prunier. Finalement, après une demi-heure qui nous sembla une éternité, nos protagonistes décidèrent enfin de se lever et de venir nous rejoindre dans la cuisine. Il est fascinant de constater que seules les boissons chaudes trouvèrent grâce à leurs papilles réticentes, tandis que l'estomac, en un acte de révolte, se refusait à tout aliment solide. Les garçons se débattaient, l'un se plaignant d'une araignée tissée dans son esprit, l'autre se lamentant d'abeilles bourdonnantes dans un tumulte mental. Quant à Chloé, avec une sérénité déconcertante, elle s'exclama : « Non, ça va ! Tout va bien… Il me suffit simplement de faire une petite pause dans mes repas. J’attraperai probablement un peu de diarrhée pendant quelques jours, mais après ça, tout rentrera dans l’ordre. »
Il semble que, de toute évidence, ils ne jouent pas dans la même cour. Tandis que certains pataugent dans l'insignifiance, ma chérie est une véritable professionnelle, une experte reconnue, diplômée du prestigieux Baril d'Or.
Avant cette fameuse nuit, Céline et Jean-Charles, dans un élan de prévoyance presque comique, avaient décidé que notre dernier repas de ce week-end à Lille serait sublimé par des moules-frites, arrosées de vin blanc ou de bière selon l’humeur de chacun. Quelle blague, vraiment ! Rien qu’évoquer ce menu avait provoqué chez nos amis un festival de grimaces digne des plus grands tragédiens de la comédie humaine.
C’est donc à deux, avec Céline, que nous avons bravé le restaurant "A Taaable", sans la moindre réservation, un dimanche midi. En pleine aventure et légèrement téméraires, nous avons laissé notre sort entre les mains du destin, à la recherche de la table qui nous apporterait ce petit bonheur tant convoité. Par chance, il était encore tôt et nous avons déniché une table un peu esquichée. Certes, elle n’était pas idéale, mais par une magie inexplicable, nous avons savouré un moment exquis, ponctué de rires contagieux et de ces délicieuses moules-frites avec du vin blanc et, en dessert, une tarte aux pommes.
Deux heures plus tard, à la manière de deux héroïnes de Beckett, nous avons rejoint notre équipe. Oui, ce temps de flânerie, ils nous le devaient bien, non ? Le taxi nous a catapultés vers les voitures laissées chez les parents d’Emily. Après un café rapide chez Andrée et Philippe pour Céline et moi, car les autres avaient prétendument goûté une boisson avariée (drôle, non ?). Bien que nous n’ayons pas d’alcootest à portée de main, les garçons n’ont pas bronché face à notre projet, acceptant que ce soient Céline et moi qui prenions les volants. Nous avons roulé en direction de la maternité pour retrouver Emily et Justine. Comme le dit si drôlement Chloé : « Elle a dû grandir ! » Malgré sa langue pâteuse, Chloé n’avait rien perdu de son humour.
Après un moment partagé en compagnie de cette belle cellule familiale, après avoir embrassé notre filleule et Emily, Céline nous a reconduites à la gare TGV pour que nous prenions notre train à 15 h 44. Lors de notre voyage de retour, nous avons plongé dans nos révisions, et Chloé, lucide, a perçu mon mécontentement face à son attitude de la nuit précédente. Cela soulève une réflexion poignante sur les relations et la responsabilité qui nous incombe envers ceux qui nous entourent… La bienveillance, après tout, est un choix que nous devons constamment renouveler. Etonnamment, nous avons atteint Paris à l'heure précise.
A l'appartement de mes parents :
Au fil de la soirée, Chloé s'est approchée de moi, offrant des gestes tendres, des câlins et des baisers en guise d'excuses. Si ces attentions étaient douces, elles ne parvenaient pas à masquer l'intensité de notre situation.
Il est indéniable que le pardon est, par essence, un acte d'amour. Je n’en veux pas à Chloé, malgré les désagréments qu'elle me fait parfois traverser. Ce lien, aussi fragile soit-il, nous unit et permet à notre amour de perdurer à travers le temps. Toutefois, il me semble crucial de ne pas sacrifier mes principes sur l'autel de notre amour : accepter l'inacceptable serait une trahison envers soi-même.
J'ai dû prendre le temps de lui faire comprendre que ses excès d'alcool ne constituent pas une simple facette de sa personnalité, mais une entrave qui pèse lourdement sur nos soirées. La confrontation, bien que difficile, est nécessaire. J'espère qu'elle réalisera ses erreurs et admettra que ses choix ont des conséquences sur moi. C'est là que réside la clé du pardon : dans un monde où chacun se pense innocent, la demande de pardon devient superflue. C'est entre douleur et rédemption que se trouve la véritable essence de notre amour.
A vous tous, je vous souhaite une excellente semaine.
A Bientôt,
Chlo & Til
Hello,
RépondreSupprimerAh génial, de bonnes nouvelles de Matthieu ! Vraiment je n'aurais pas misé un copeck sur une proposition intéressante et bien je me suis trompé. Et c'est tant mieux évidemment !
J'espère que tout ça va pouvoir se concrétiser le plus rapidement possible pour que vous puissiez être plus sereines. Je croise les doigts.
Til, ta richesse de vocabulaire est ébouriffante surtout venant d'une anglophone. Je suis scotché ! Tu as vraiment élevé le curseur ... Ca pousse à la modestie ... même si je n'avais pas besoin de ça !
Chlo, ton illustration est parfaite et très inspirée.
Concernant ta capacité de récupération optimale post beuverie, tu as raison d'en profiter car passé 30 ans c'est finito lol.
Bon je fais court car une bronchite s'est attachée à moi, bien que ce ne soit pas du tout réciproque, et elle me fatigue !
Bon week-end à tous
Ciao ciao
Coucou Arnaud,
SupprimerOui, Arnaud, je dois confesser que mes doutes quant aux capacités de notre chercheur d’appartement commençaient à s’insinuer dans mes réflexions. Pourtant, il semble que sa renommée ne soit pas infondée. Comme il l’a si justement noté, notre quête d’un logement à la hauteur de nos attentes exigeait une patience que nous ne possédons pas toujours. Cependant, le prix se situe au-delà des limites que mes parents avaient établies. D’après l’architecte, il faudra entreprendre des travaux considérables, démolir pour reconstruire (un scénario pour le moins déconcertant). Un second point, tout aussi préoccupant, est que notre chambre ne bénéficiera pas d’une vue sur un espace vert, un luxe que nous espérions.
Cependant, il existe un aspect positif dans cette situation : nous nous trouvons dans le quartier le plus prestigieux de la ville. Bien que la vue sur le lac nous échappe, le cœur de ce quartier, que nous avions résolument écarté à cause des tarifs exorbitants, est devenu une réalité. L’appartement, pour sa part, se révèle être d’une superficie légèrement plus vaste que ce que nous avions prévu. J’avoue que l’idée d’acquérir un bien sans l’avoir préalablement visité ne faisait pas partie de notre projet initial. Néanmoins, l’avis de l’architecte, qui y voit un atout, a suscité notre intérêt pour cette opportunité.
Je dois également reconnaître que l’alliance entre Père et Arnaud, l’architecte décorateur, compose une équipe à la fois aguerrie et efficace. Toutefois, je ne pourrai pas m’aventurer en Suisse avant deux ou trois mois, car je me consacre entièrement à mon examen, qui demeure ma priorité et occupe mes pensées.
Je te remercie pour tes compliments sur mon vocabulaire, mais il n’y a là aucun secret. Pendant mes pauses, je m’efforce d’enrichir mon langage et de perfectionner les articles de mon blog ainsi que mes correspondances, comme celle-ci. Cela dit, je dois avouer qu’il m’arrive parfois d’éprouver des doutes quant à ma maîtrise du français, mon vocabulaire m’apparaissant un brin désuet. Chloé n’hésite pas à se moquer de moi, et Romain, quant à lui, s’amuse à me communiquer dans un français plus populaire, transformant la lecture en un exercice de déchiffrage et de devinettes.
Ta remarque sur Chloé, lui permettant d’abuser encore quelques années des excès de l’alcool, a été un véritable puits de jouvence. Pfff, j’avoue que j’en avais bien besoin ! (Lol).
Bonne semaine et à mardi pour le prochain article.
Hi Til & Chlo
RépondreSupprimerSuper vous avez fini par trouver votre palais en Suisse ? je suis d'accord avec Arnaud passer 30 ans l'abus d'alcool est plus compliqué. Encore d'accord avec lui, le dessin de Chloé est génial. J'ai beaucoup ri avec ta soirée à Lille, tu le sais déjà mais j'apprécie ton humour. C'est important le bisou avant d'aller se coucher
Version de ce petit mot pour Til: ça y'est vous avez trouvé ou crècher chez nos petits suisses (fromage) ? j'suis d'ac avec Arnaud passé 30 balais ça craint du boudin de se prendre une murge, la picole est pas fastoche ! J'suis d'ac encore avec lui le dessin de Chlo déchire. Je kiffe ta déconnade. Obligé le smack avant la pionce sinon prise de tête le lendemain matin.
Bon j'arrête là je vous embrasse tous très fort et bonne semaine à vous ! L'anonyme Romain
Coucou Romain
RépondreSupprimerA dire vrai, je ressens une nette préférence pour la première version, que je trouve infiniment plus convaincante. Chloé, de son côté, prétend comprendre parfaitement la seconde version. Selon ses dires, il semblerait que tu jongles avec divers registres : un style populaire, empreint de familiarité et d’un soupçon d’argot. Cependant, il m’apparaît clairement que si tu persistes à mixer les styles, il me sera difficile de saisir la portée de ta pensée. La clarté et la cohérence sont des alliées essentielles à la communication, et je ne suis guère encline à me perdre dans un labyrinthe de styles confus.
Hééé Yo tu causes pas la France mieux que moi !
Salut la bande,
RépondreSupprimerJe vais un peu copier mes petits copains du blog, car ils ont déjà tout dit.
Je suis contente que vous ayez trouvé votre appartement, ça doit être un énorme soulagement pour vous. On est tous derrière vous pour que vos examens se passent bien. J'adore ton dessin, Chloé, et surtout l'idée de ta maison qui te ressemble tant. Je pense que les nombreux dessins de ton père y contribuent aussi. Comme Arnaud, je commence à avoir des sueurs froides en lisant Til. Sa façon d'écrire est incroyable, avec un vocabulaire impressionnant. Quand on est à l'oral, on utilise généralement un langage plus léger, un peu différent (je ne parle pas des quartiers), et c'est vrai, Til, qu'en plus de ton léger accent américain, on remarque certains de tes mots anciens qui sont rarement dit à l'oral ou alors dans certaine soirée, mais cela ajoutent à ton charme. D'après mon ex (oui, j'ai fait mon choix), ton espagnol n'a rien à envier à ton français ce qui augmente ma honte et comme Arnaud je n'avais pas besoin de ça non plus ! MDR Romain dans ton second passage ta chargé la mule ! Je vous kisssssss tous très fort. Pamplemousse rose