Je réponds à notre ami Arnaud ainsi qu'à certains d'entre vous qui m'ont posé des questions un peu similaires.
Depuis mon plus jeune âge, mon désir est de devenir pédiatre pour pouvoir prendre soin de tous les enfants de la planète (Mon côté Miss Monde ! LOL). Il s'agit également de combattre les disparités sociales et les discriminations, ce qui est un devoir de ma part. Jusqu'à présent, j'étais extrêmement fière d'être en partie française en raison de ce système social équitable, le meilleur de toute la planète (et ce, de loin…). De nos jours, le système de santé et social en France est en pleine détresse, pour ne pas dire à l'agonie. Il nous est demandé par les dirigeants français de faire 13 années d'études pour des journées en CHU à rallonge avec un salaire modeste, des heures supplémentaires impayées et surtout des conditions de travail inacceptables, où nous sommes corvéables à souhait, où il manque des lits, du matériel, et où il n'y a aucun respect ni considération accordée pour notre dévouement, que ce soit de la part des patients ou des familles. Une violence et une agressivité qui ne font qu'augmenter avec le temps.
Cela se produit alors que la politique de l'hôpital public est dictée par le principe de rentabilité économique (cherchez l'erreur !). J'ai peur qu'à terme, on observe une diminution de la chance pour les enfants qui ont besoin de soins, pour les parents d'enfants confrontés à des maladies chroniques, avec un épuisement du personnel soignant en raison des exigences actuelles. C'est du moins le constat que je fais de mon passage au CHU de Lille ou à la Pitié Salpêtrière de Paris qui me conforte dans mon choix, même si j'ai intégré une équipe unie, soudée et totalement inclusive.
Aujourd'hui, nous sommes confrontés à deux options : soit le politique abandonne l'hôpital public (ce qui ne me convient pas ! Si j'avais souhaité exercer une profession libérale, je me serais orientée vers un secteur d'activité beaucoup plus rémunérateur, pour la grande joie de mes parents.) Soit il prend enfin le problème en main et entreprend une réforme profonde (financement, recrutement, gouvernance) qui assurera un accès aux soins de qualité pour tous. Dans cette situation, il est clair que je serai la première à revenir travailler en France, afin de contribuer à l'amélioration du système pour faire progresser notre pays et apporter mon aide aux plus démunis.
Malheureusement, je n'ai guère d'espoir dans ce sens, en regardant le profil de nos politiciens actuels. Les termes honnêteté et intégrité ne font pas partie de leur vocabulaire et, pire encore, cela ne fait pas partie de leur éthique. Le pouvoir est toujours réservé à ceux qui peuvent prendre une décision dans l'inconnu avec la plus parfaite assurance. Le pouvoir n'est pas attribué à ceux qui ont des connaissances, mais plutôt à ceux qui, souvent par erreur, croient savoir et ont la capacité d'en convaincre les autres. Vous souhaitez devenir politicien ? Suivez les cours Florent ! Macron vous en a fait une parfaite démonstration. N'était-il pas jeune et beau lors de son élection ? Une campagne basée sur la séduction et la jeunesse. Une chose certaine : ce n'est pas par sa culture ni son éloquence qu'il a été élu !
Il est indéniable que je ne souhaite pas effectuer cinq années d'internat (3 internats et 2 de spécialisation en pédiatrie) dans des conditions similaires à celles vécues au CHU de Lille ou à celles que je connais ici à Paris en ce moment. Je sais déjà par avance que cette dernière année d'externat va être chargée avec des évaluations tous les deux mois. Ma sixième année validée, je prévois de me rendre en Suisse pour effectuer mon internat.
Les études helvétiques de médecine ne sont pas tout à fait identiques, pas une énorme différence de parcours, même si je gagne une année, ce qui est toujours mieux que rien.
Pour simplifier la situation, mon dossier est actuellement en attente de la validation de ma 6e année. Si celle-ci est entérinée, je vais suivre une formation structurée en pédiatrie du développement, en urgences pédiatriques et en néonatologie pendant deux ans. Dépot et soutenance de mon doctorat. Ensuite, une année en clinique et une année où je travaillerai en tant qu'assistante en cabinet de pédiatrie, ce qui jouera un rôle essentiel dans mon CV. Puis passage devant le Comité des médecins suisses. Voilà le programme de formation pour obtenir le titre de spécialiste en Pédiatrie, un diplôme reconnu dans toute l'Europe (EU).
Les avantages : je bénéficierai d'une années de formation en moins en comparaison du système français, ce qui est loin d'être négligeable, de meilleures conditions de travail grâce à des établissements privés, de meilleures installations, du matériel adapté pour travailler (c'est incroyable, non ?), d'un personnel suffisant, avec des horaires fixes, et d'un salaire plus élevé.
Vous comprendrez bien qu'il m'est difficile de choisir entre la Suisse et la France. Malgré son manque de perfection, le système semble plus répondre à mes attentes. Dans le but de préserver mon éthique et mes valeurs, je serai ravi de faire (en dehors de mon emploi) des missions locales pour aider les plus démunis en Suisse (oui, il y en a !). Je prévois également de consacrer un mois (sur mes deux mois de congé) à travailler dans une antenne humanitaire, peut-être viendrai-je en France (humour noir !).
Je suis chanceuse d'avoir pu établir des contacts solides dans différentes villes et cliniques suisses (peut-être même trop). Les responsables d'établissements semblent intéressés par mon profil de franco-américaine avec un dossier agréable, ce qui laisse présager un avenir prometteur. Les récentes évaluations et notes de Lille sont bien plus élogieuses que ce que je pouvais espérer, plus mon stage en pédopsychologie à Paris. J'espère également obtenir une appréciation favorable, car même sans valeur officielle, celle-ci renforcera toujours un peu mon dossier.
Pourquoi la Suisse plutôt que les États-Unis, puisque c'est également mon pays ?
1) Vous l’aurez bien compris, je ne suis pas une grande fan du système libéral, que celui-ci soit américain ou français.
Deux mots sur le système américain. Celui-ci est basé sur le marché, qui repose sur des assurances privées souvent liées à l'emploi et une assurance maladie obligatoire, principalement liée à la vieillesse et aux faibles revenus. Ce système, cependant, n'étant pas universel, ne couvre pas toute la population, dont une partie est sans assurance santé. Une proportion croissante de la population ne bénéficie d'aucune protection médicale. Cette augmentation est principalement due à l'augmentation des primes d'assurance, qui n'est pas pour autant suivie d'une augmentation suffisante des salaires. La plupart des employés à bas salaire ne sont pas assurés, ce qui signifie que les employeurs ne leur offrent pas d'assurance et qu'ils ne sont pas assurés. Ils ne bénéficient pas non plus de l'assurance maladie publique. Il est donc évident ici la vulnérabilité d'un système qui repose sur des assurances privées liées à l'emploi, qui ne sont pas obligatoires pour l'employeur.
2) En tant que médecin, je ne peux concevoir un tel système !
Je ne suis pas d'accord avec ces médecins (qui n'en sont pas pour moi !) déconventionnés qui refusent de sauver les plus pauvres d'entre nous pour des raisons financières, que ce soit en France ou aux États-Unis. L'inacceptable d'un tel comportement est à la fois déontologique et moral. Honte à eux !
3) Je vais tout faire pour que Chloé conserve son emploi à la bijouterie aux côtés de Lorenz, qu'elle apprécie énormément. Si nous devons quitter la France pour la Suisse, nous serons en situation identique à celle de Lille. Peut-être un tout petit peu plus compliqué en fonction de notre localisation, mais cela reste dans le domaine du possible que Chloé puisse travailler à distance et se rendre à Paris tous les lundis.
Si nous décidons de partir pour les États-Unis, cela impliquera obligatoirement une nouvelle orientation de carrière pour ma chérie. Je ne crois pas que cela soit le bon moment, d'où ce choix.
Voilà, vous savez tout ou presque. Je vous souhaite une excellente semaine à tous.
A Bientôt,
Chlo & Til
Hi Til & Cho
RépondreSupprimerChloé m'a vraiment fait rire. Je vais conserver sa formule qui est extrêmement efficace, même si je suis perplexe quant à l'efficacité du sport devant l'écran.
J'apprécie ton analyse, ton approche éthique et tes principes dans le domaine des soins et de la santé. Demander une année supplémentaire d'internat semble encore plus fragiliser le système de santé, car combien d'étudiants vont s'expatrier ?
Comme toujours, C'est l'un des pays les plus riches qui disposera d'une pédiatre exceptionnelle...
Beau témoignage d'amour en souhaitant demeurer proche de la France pour Chloé. C'est beau l'amour ! Bonne semaine à toutes les deux.
L' Anonyme Romain
Ma chère Til'
RépondreSupprimerJe pense que tu connais mes fonctions et malheureusement pour La France et ses CHU, on tends vers un système qui s'américanise... La dette de la France est très élevée et viendras le jour où tout les hôpitaux seront privatisé et tenue par des fonds d'investissement que ton paternel a connaissance.
De ce fait, je ne pense malheureusement pas que t'exercera un jour en France et pou être francs, c'est "le bordel" dans tous les domaines du service public.
En ce qui concerne Le CHU de Lille, Il y a un Certain professeur Lambert contre qui j'ai fait une saisine du Tribunal administratifs .... Longue histoire ...
Je te souhaite bon courage dans tout les cas et dis moi quand tu vas aux States pour les vacances.
Je t'embrasse Til' et embrasse Chloé de ma part. Sophana
Petit mot pour vous montrer que je suis bien toujours en vie ! Pendant que vous bossez, pour moi c’est farniente à la plage, mais toute la journée les pieds dans l'eau, c'est épuisant ! Je ne sais pas si être à Paris n'est pas plus… Mais non, je déconne !
RépondreSupprimerIl y a un problème, j'ai été doublée par l'anonyme Romain et Sophana. Ils ne sont pas loyaux. Ils saisissent l'occasion que je sois en vacances pour me doubler !
Pleinement d’accord avec Chlo, pas de sport et son mot est très marrant, je vote pour elle.
Je suis d'accord avec Sophana, nous nous dirigeons vers une médecine à triple vitesse. Les individus extrêmement fortunés tels que tes parents auront la crème des médecins, les individus fortunés tels que mes parents ou ceux de Chloé seront soignés correctement, et les personnes défavorisées n’auront que les yeux pour pleurer. Te connaissant, je sais que cela doit te faire mal, ma Til, mais c'est la dure réalité.
Ne croyez pas que vous allez vous défaire de nous en partant en Suisse. Nous viendrons squatter votre appartement !
Je vous envoie des gros bisous à toutes les deux ainsi qu'à vous tous, membres du blog ! Pamplemousse rose.