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  • mardi 15 juillet 2025

    Journal de bord 16/07/2025 Ambition, Résilience, Equilibre.

    “L'enthousiasme et la créativité transforment les défis en éclat.”

    Chloé s'épanouit dans son rôle de directrice de la bijouterie, avec une aisance qui frôle la sérénité. Chaque matin, je la vois s'éloigner, radieuse, son regard illuminé par l'enthousiasme du travail qui l'attend. Elle m'assure que le dessin ne lui manque guère ; son esprit, débordant de créativité, se consacre désormais à la gestion de la bijouterie. Sa satisfaction est d'autant plus palpable qu'ils ont largement dépassé les prévisionnels. Chaque soir, avant de clore les portes de cet univers scintillant, elle se connecte en visioconférence avec Lorenz, dont l’enthousiasme pour les réalisations résonne comme un écho bienveillant à ses succès.

    Comme vous pouvez le constater, l'illustration pour cet article est Iga Swiatek, star préférée de ma chérie. Photo prise cette année à Roland-Garros.

    Chloé boudait, comme une enfant déçue, car nos engagements professionnels nous ont empêchés d’aller à Wimbledon admirer Iga Świątek.
    Dommage, me direz-vous : ce fut une finale fulgurante — 6-0, 6-0. Une domination implacable. Je me suis surprise à penser qu’à la place d’Iga, j’aurais peut-être consenti à céder un jeu, ne serait-ce que pour atténuer l’humiliation d’une telle défaite. Car cette jeune femme, Amanda Anisimova, balayée en finale, portera ce score comme une cicatrice muette le reste de sa vie.

    Il m’a fallu expliquer à Chloé ce que l’on apprend souvent à contrecœur : on ne fait pas toujours ce que l’on désire, et l’argent, malgré ce que l’on croit, n’achète ni le temps ni la véritable liberté. Renoncer à ce match n’est pas un renoncement à la joie, mais le prix d’un choix : celui de la responsabilité. Avoir l’opportunité de diriger la bijouterie pendant un mois — voilà une chance rare que lui offre Lorenz. Ce n’est pas un simple emploi, mais une étape fondatrice, une prise de position dans le monde adulte. Des finales à Wimbledon, il y en aura d’autres. Mais cette occasion-là, éphémère et précieuse, ne se représentera peut-être jamais.

    Lorsqu’on est une femme lucide, consciente de sa condition et du monde qui l’entoure, on apprend à reconnaître la valeur du travail. Il ne s’agit pas de sacrifier la joie, mais de comprendre que le loisir ne peut être le socle d’une existence. Chloé le sait, au fond d’elle-même. Mais elle résiste. Elle voudrait encore vivre selon le rythme de ses désirs, comme si l’adolescence pouvait s’éterniser. Or, la vie n’est pas ainsi façonnée. 

    Je déteste ce rôle, je me sens parfois injuste en lui parlant ainsi, presque cruelle. Mais n’est-ce pas cela aussi, l’amour adulte ? Dire à celle qu’on aime ce qui doit être entendu, même si cela blesse. Un peu de la rigueur de Zabeth lui aurait sans doute été salutaire — non pour briser son élan, mais pour l’armer. Nous avons la chance de pouvoir vivre sans souci matériel, d'être deux  privilègées, chose rare, mais ce privilège impose une exigence : celle de ne pas le dilapider.

    Quant à moi, je me trouve à l’aube d’un tournant : à la fin de cette semaine, je bouclerai mon premier mois en tant qu'interne. Une étape, certes modeste, qui m’apporte une douce satisfaction. Les jours qui s’annoncent sont parsemés de cours pour ma thèse, quatre au total, avant que je ne goûte enfin aux plaisirs des vacances, qui se profileront, bien remplies, au fil des quinze jours à venir.

    Cependant, vivre dans la petite chambre de Chloé, malgré les assurances réconfortantes de ses parents quant à ma pleine disposition de l’appartement, s’apparente à un défi. On me dit d’agir comme chez moi, mais mon éducation étouffe ma liberté, mon existence se heurte à des murs invisibles que je peine à franchir.

    Dans le désir d’échapper à l’enfermement de la chambre de Chloé, je me réfugie, lorsque mes obligations professionnelles s’estompent, dans le bar de l’hôtel Metropolitan. Ce lieu climatisé se transforme en mon sanctuaire, un espace où, avec mon laptop, je peux travailler ou écrire les articles de notre blog en toute quiétude, à l’abri des assauts de ceux qui cherchent des connexions éphémères (lol). De plus, au bout d'une semaine, je commence à me familiariser avec le personnel du bar, tous sont très sympathiques ; je sais ainsi que le chef barman veille sur moi. Travailler avec un bon cocktail à portée de main est loin d'être désagréable.

    A Paris, la chaleur accablante de ces jours m'invite à réfléchir à la condition humaine, à cette suffocation qui semble nous immobiliser, trop ardente pour travailler, trop oppressante pour envisager des vacances.

    Ces températures écrasantes me rappellent avec une certaine acuité que je ne suis guère encline à envisager un voyage au Qatar ou à Dubaï.

    En effet, vivre dans cette fournaise, sous un soleil implacable, est une épreuve insupportable. Je déplore ce malaise diffus que suscite une lumière trop éclatante, cette tyrannie du soleil qui m’enchaîne à l’intérieur, me contraignant à la climatisation, même dans l’intimité de la nuit. Le rêve omniprésent d’une douche, d’une évasion aquatique, alors que l’odeur de la transpiration devient une compagne indésirable. L’idée même d’une promenade extérieure devient insupportable, annihilant tout désir d’agir.

    Quant à notre santé, il est essentiel de noter que cette chaleur peut s’avérer plus nuisible que la pollution de l’air. Notre corps, déjà en lutte pour maintenir sa température, souffre en silence. La chaleur engendre des raideurs, assèche la peau, les lèvres, la bouche. Je me garde de parler des conséquences sur les personnes atteintes de maladies cardiovasculaires, respiratoires ou encore de troubles mentaux, car ces souffrances sont exacerbées par un environnement hostile.

    Ainsi, je m'interroge sur notre condition dans ce monde qui semble parfois avoir oublié la douceur de l'équilibre.

    Comme je l'évoquais dans mon précédent article, il me reste encore quelques formalités administratives à accomplir avant notre départ vers la terre helvétique.

    Je me sens soulagée, et même joyeuse : samedi, je descends seule pour la journée à Lausanne pour rencontrer les propriétaires et signer les documents de l’appartement que nous allons occuper.
    Grâce à Mathieu, nous avons trouvé un logement : un pied-à-terre appartenant à des amis à lui, qui, dans un geste tout à fait inhabituel, ont accepté de nous le prêter. Ils n’entendent même pas nous facturer de loyer — ce qui, en ces temps, relève presque de l’élégance morale. Cette générosité désintéressée me touche plus que je ne saurais le dire.

    Nous pourrons en disposer jusqu’au 31 décembre. En janvier, comme à leur habitude, ils souhaitent réintégrer leur bien.

    Ce qui compte, c’est qu’un poids s’est levé. Je n’aurai plus à me débattre avec la question de l’hébergement pour nos premiers mois en Suisse. Et c’est avec une sérénité nouvelle que je peux maintenant envisager notre départ, sans cette ombre logistique qui planait encore il y a peu.

    Nous allons pouvoir retrouver, l’esprit libre, ma famille de cœur américaine — et cette fois, profiter pleinement de nos courtes vacances, dans la plénitude tranquille de ceux qui savent enfin où ils poseront leurs valises à la rentrée.

    A vous tous, je vous souhaite une excellente semaine.

    A Bientôt,
    Chlo & Til 

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