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  • lundi 31 mars 2025

    Journal de bord 01/04/2025 Espoir, Aspirations, Défis.

     “Chaque choix est une note, même dissonante, qui compose la symphonie de nos vies.”

    Moi (lol) / Juste entre nous 2

    Il semble que les étoiles, conjurant un destin bienveillant, se soient unies pour célébrer la suite de mon anniversaire. Comme je vous l'avais mentionné la semaine dernière, une nouvelle Tilomobile s'apprête à nous conduire en Suisse. Nouveau pays, nouveau départ… Cependant, une ombre planait toujours sur nos têtes et surtout sur notre projet d'achat d'appartement, et depuis quatre mois, nous n'avons reçu aucune nouvelle de Mathieu pour éclairer notre situation. Mais cette semaine, à ma grande surprise, il a enfin pris contact. Il disposait d'un bien correspondant à nos attentes, mais le seul point noir était qu'il n'avait qu'une journée d'exclusivité. Tragiquement, cette date coïncidait avec mes jours de garde, rendant mon déplacement en Suisse impossible.

    Dans un élan de désespoir, j'ai décidé de contacter Père, car il est parfois judicieux d'agir même lorsque l'espoir semble illusoire. Par un heureux hasard, il se trouvait à Bruxelles, dans leur nouvelle maison de ville, et a donc pu faire le déplacement jusqu'à Lausanne avec l'architecte. Je vous spare les détails des multiples appels passés à Mathieu, à mon père et au notaire, car il était essentiel que je puisse sécuriser cette acquisition, si elle se révélait à la hauteur de nos attentes, en signant une promesse d'achat le jour même. Pendant ce temps, Père s'attachait à gérer les aspects financiers, cherchant à établir un pont entre nos aspirations et la réalité de ce projet.

    Les heures d'attente s'étiraient, frustrantes et interminables, comme dans un roman dont on attend désespérément le dénouement. Le matin s’est lentement évaporé, laissant place à l’angoisse d’un appel que je n’avais su précipiter. C’est finalement en début d’après-midi que mon père a répondu, un moment tant espéré, empreint d’espoir et d’appréhension.

    On m'annonce une opportunité inespérée : un appartement magnifique, bien plus qu’un simple espace de vie. Cependant, il dépasse quelque peu le budget que mes parents avaient envisagé pour ce projet. Niché dans le quartier d’Ouchy, cet appartement se trouve dans un immeuble haussmannien au charme du XIXᵉ siècle, au quatrième étage. Il promet tout ce qu'un habitat peut offrir : vaste superficie, garage privé pour deux véhicules… en somme, ce qui pourrait devenir notre cocon, notre refuge.

    Mais le prix à payer pour cette promesse est lourd. L’appartement, avec ses 191 m² exposés sud, sud-ouest, porte les stigmates du temps. Son état, déplorable, témoigne des ravages de la négligence et exige une réinvention totale : il s’agit d’abattre pour reconstruire, de laisser derrière soi l’ancien pour accueillir le nouveau. L’architecte, tel un sculpteur de l'existant, a pris toutes les mesures nécessaires, emportant avec lui nos rêves, prêts à entamer cette délicate ébauche qui devrait s’étirer sur quatre à cinq mois. Un mois de décoration et d’aménagement suivra… Comme si, durant ce laps de temps, nous pouvions effacer les traces du passé. Impassible, la réalité nous rappelle que ce bien ne sera pas entre nos mains avant la fin d'août.

    J'ai dû, avec une urgence impérieuse, me rendre chez notre notaire, mais, dans cette société digitalisée, j'ai pu céder ma signature à distance, traçant ainsi les contours de notre promesse d'achat. Les documents portant ces numéros helvétiques qui devraient concerner nos engagements ont dû être soumis, comme s'il s'agissait d’un examen auquel j'étais résignée. Cependant, il me semble que l'acquisition d'un bien en Suisse est loin d'être la complexité redoutée ; en vérité, elle se révèle parfois plus claire que l'expérience d'acheter un appartement en France, où la bureaucratie semble souvent s'enliser dans ses propres intricacies.

    Depuis mercredi, avec Chloé, nous suspendons notre souffle dans l'attente que je devienne l'heureuse propriétaire.

    Ce week-end, un rendez-vous crucial avec l’architecte nous attend, où il pourra enfin définir les espaces selon nos besoins. Car, à travers ces murs résiduels, c'est l'âme de notre foyer que nous projetons déjà…

    Suite et fin de notre week-end à Lille :

    Ah, ma nuit, marquée par le tumulte d’un sommeil fragmenté, était l’écrin de mélodies inattendues, comme si Richard Wagner lui-même, dans un élan d’inspiration exubérante, avait enfanté une trompette débordante de verbe. Chloé, quant à elle, s’est livrée à un récital effréné, inondant l’obscurité de ses éclats sonores, défiant ainsi les lois du silence. Cette harmonie, ou devrais-je dire ce désordre, s’impose à mon esprit comme un spectre omniprésent, m'interrogeant inlassablement : à quel moment Chloé décidera-t-elle d’investir la bassine près de notre lit avec ses éructations ? Heureusement, elle a su épargner à notre sommeil cette tragédie. Ah, quel soulagement de cohabiter avec une professionnelle de la bouteille ! (Oui, je l’admets, je me venge un peu !)

    A l'aube de sept heures, je m'extirpai des bras de Morphée, cet état de grâce où l'esprit dérive paisiblement dans les limbes du rêve. Ce réveil, presque sacralisé par la rigueur de ma quotidienneté, me rappelait la cruelle discipline à laquelle je me soumets… Bien que je nourrisse le désir de me blottir à nouveau dans la douce torpeur des draps, mon corps, tel un métronome implacable, se moquait des élans furtifs de mon cœur. Il décidait, imperturbable, de suivre sa propre voie, indifférent aux désirs d'une âme qui, en ce matin, aurait tant aimé s'attarder encore un peu dans les bras de la paresse…

    Dans une quête à la fois banale et essentielle, je me suis élancée vers la boulangerie, aspirant à ramener croissants et pains au chocolat pour le plaisir de tous, accompagnés d'un bon pain frais, ce nectar de notre table, pour ceux qui rêvent de tartines beurrées, délicatement nappées de confiture fruitée.

    A mon retour, une satisfaction teintée de surprise m’a envahie en découvrant que Céline était déjà éveillée, malgré mes efforts pour quitter l’appartement en toute discrétion. Elle avait été la témoin involontaire de ma petite escapade matinale…

    C'est en petit déjeunant que, sans même l'ombre d'un débat, Céline et moi nous trouvions face à nos liseuses, absorbées dans nos mondes littéraires, comme deux philosophes érudites en quête de vérités, chaque bouchée de croissant résonnant comme une méditation sur les pages que nous dévorions.

    Nos trois compagnons, dans une danse chaotique et alcoolisée, improvisaient une scène ouverte : un véritable champ de bataille où, sous les ombres des bouteilles vides, les ronflements les plus surprenants résonnaient tels des échos de la nature humaine.

    Après que Céline et moi eûmes soigneusement célébré nos rituels de toilette, témoins d'une quête d'esthétique même au cœur de cette débauche, nous décidâmes de tirer nos chers pochtrons de l'abîme où ils se complaisaient. Telles des Lysistrata modernes, nous n'allions pas les assaillir d'armes, mais plutôt les envelopper de baisers tendres et de câlins réconfortants, espérant ainsi raviver leur esprit de lucidité et les faire revenir à la réalité.

    Pour Chloé, les suaves baisers se révélèrent insuffisants, comme des promesses sans lendemain. Il me fallut la saisir avec la ténacité d'un caramel collé à son papier, la secouant comme un prunier. Finalement, après une demi-heure qui nous sembla une éternité, nos protagonistes décidèrent enfin de se lever et de venir nous rejoindre dans la cuisine. Il est fascinant de constater que seules les boissons chaudes trouvèrent grâce à leurs papilles réticentes, tandis que l'estomac, en un acte de révolte, se refusait à tout aliment solide. Les garçons se débattaient, l'un se plaignant d'une araignée tissée dans son esprit, l'autre se lamentant d'abeilles bourdonnantes dans un tumulte mental. Quant à Chloé, avec une sérénité déconcertante, elle s'exclama : « Non, ça va ! Tout va bien… Il me suffit simplement de faire une petite pause dans mes repas. J’attraperai probablement un peu de diarrhée pendant quelques jours, mais après ça, tout rentrera dans l’ordre. »

    Il semble que, de toute évidence, ils ne jouent pas dans la même cour. Tandis que certains pataugent dans l'insignifiance, ma chérie est une véritable professionnelle, une experte reconnue, diplômée du prestigieux Baril d'Or.

    Avant cette fameuse nuit, Céline et Jean-Charles, dans un élan de prévoyance presque comique, avaient décidé que notre dernier repas de ce week-end à Lille serait sublimé par des moules-frites, arrosées de vin blanc ou de bière selon l’humeur de chacun. Quelle blague, vraiment ! Rien qu’évoquer ce menu avait provoqué chez nos amis un festival de grimaces digne des plus grands tragédiens de la comédie humaine.

    C’est donc à deux, avec Céline, que nous avons bravé le restaurant "A Taaable", sans la moindre réservation, un dimanche midi. En pleine aventure et légèrement téméraires, nous avons laissé notre sort entre les mains du destin, à la recherche de la table qui nous apporterait ce petit bonheur tant convoité. Par chance, il était encore tôt et nous avons déniché une table un peu esquichée. Certes, elle n’était pas idéale, mais par une magie inexplicable, nous avons savouré un moment exquis, ponctué de rires contagieux et de ces délicieuses moules-frites avec du vin blanc et, en dessert, une tarte aux pommes.

    Deux heures plus tard, à la manière de deux héroïnes de Beckett, nous avons rejoint notre équipe. Oui, ce temps de flânerie, ils nous le devaient bien, non ? Le taxi nous a catapultés vers les voitures laissées chez les parents d’Emily. Après un café rapide chez Andrée et Philippe pour Céline et moi, car les autres avaient prétendument goûté une boisson avariée (drôle, non ?). Bien que nous n’ayons pas d’alcootest à portée de main, les garçons n’ont pas bronché face à notre projet, acceptant que ce soient Céline et moi qui prenions les volants. Nous avons roulé en direction de la maternité pour retrouver Emily et Justine. Comme le dit si drôlement Chloé : « Elle a dû grandir ! » Malgré sa langue pâteuse, Chloé n’avait rien perdu de son humour.

    Après un moment partagé en compagnie de cette belle cellule familiale, après avoir embrassé notre filleule et Emily, Céline nous a reconduites à la gare TGV pour que nous prenions notre train à 15 h 44. Lors de notre voyage de retour, nous avons plongé dans nos révisions, et Chloé, lucide, a perçu mon mécontentement face à son attitude de la nuit précédente. Cela soulève une réflexion poignante sur les relations et la responsabilité qui nous incombe envers ceux qui nous entourent… La bienveillance, après tout, est un choix que nous devons constamment renouveler. Etonnamment, nous avons atteint Paris à l'heure précise.

    A l'appartement de mes parents :

    Au fil de la soirée, Chloé s'est approchée de moi, offrant des gestes tendres, des câlins et des baisers en guise d'excuses. Si ces attentions étaient douces, elles ne parvenaient pas à masquer l'intensité de notre situation.

    Il est indéniable que le pardon est, par essence, un acte d'amour. Je n’en veux pas à Chloé, malgré les désagréments qu'elle me fait parfois traverser. Ce lien, aussi fragile soit-il, nous unit et permet à notre amour de perdurer à travers le temps. Toutefois, il me semble crucial de ne pas sacrifier mes principes sur l'autel de notre amour : accepter l'inacceptable serait une trahison envers soi-même.

    J'ai dû prendre le temps de lui faire comprendre que ses excès d'alcool ne constituent pas une simple facette de sa personnalité, mais une entrave qui pèse lourdement sur nos soirées. La confrontation, bien que difficile, est nécessaire. J'espère qu'elle réalisera ses erreurs et admettra que ses choix ont des conséquences sur moi. C'est là que réside la clé du pardon : dans un monde où chacun se pense innocent, la demande de pardon devient superflue. C'est entre douleur et rédemption que se trouve la véritable essence de notre amour.

    A vous tous, je vous souhaite une excellente semaine.

    A Bientôt,
    Chlo & Til 

    lundi 24 mars 2025

    Journal de bord 25/03/2025 Danser avec l'Existence

     “Dans la danse avec l'Existence, chaque choix nous invite à jongler entre souvenirs chéris et rêves à réaliser.”

    Moi (lol) / Juste entre nous 2

    Je vais m’efforcer de répondre à vos interrogations, tout en respectant les directives de Chloé. Jusqu'à présent, elle ne souhaitait pas que sa différence soit apparente sur notre blog. Dans mes écrits, j'ai usé de subterfuges pour donner l'impression que j'employais le terme autisme par métaphore. Pourtant, aujourd'hui, il est crucial d'éclaircir cette réalité.

    Oui, Chloé a été diagnostiquée à l’âge de six ans avec un trouble du spectre autistique. Il est essentiel de préciser qu’il n’existe ni pourcentage ni échelle universelle permettant d’appréhender l’autisme. Chaque individu constitue un univers à part entière, un trouble distinct qui déploie son propre spectre d'une manière unique.

    L’autisme de Kanner, souvent mis en avant dans l'imaginaire collectif, représente un autisme lourd et complexe de cette réalité. Cependant, ce n'est pas le cas de Chloé. En la voyant, vous ne la qualifierez pas de "bizarre" ou d'"étrange", mais plutôt de "normale" (gardez à l'esprit, je vous en prie, qu’elle est ma chérie ! Donc attention à vos petites fesses roses ! Que cela soit dit !) Elle est simplement différente en certains moments, et c’est cette nuance qui la rend si singulière.

    Je me remémore ces journées d'enfance où, émerveillés, nous arpentions le Louvre aux côtés de Blanche et Zabeth. Chloé était capable de passer deux heures, parfois davantage, devant un seul tableau. Dans son esprit, elle superposait des couches de couleurs, cherchant inlassablement à atteindre la nuance exacte de l'œuvre d’un maître. Cette quête obstinée de la couleur l’animait, et tant qu'elle n’obtenait pas cette superposition parfaite dans son esprit, elle persistait, recommençant sans relâche jusqu’à ce qu’elle parvienne enfin à son objectif. 

    Il lui arrivait aussi parfois de fixer une toile, comme si celle-ci détenait les clés d’un univers à découvrir. De retour chez elle, ou dans ma chambre, armée d’une règle, elle prenait le temps de retracer chacune des perspectives du tableau avec une précision méticuleuse, s’exclamant d’un ton fervent : « Regarde, cette perspective est véritablement géniale, n’est-ce pas ? » (Mmm... oui, bien sûr, Chloé. C’est tellement évident... autant dire que j’étais complètement dans les choux !)

    Dans ce geste, il y a à la fois une quête de sens et une manière unique d’appréhender le monde. Sa passion pour les détails révélait un regard que je n’avais pas toujours remarqué, une façon de s'accrocher à des éléments que j’avais jugés complètement insignifiants. En réalité, elle m’invitait à voir au-delà des apparences, tout en naviguant dans un labyrinthe de réflexions et d’émotions... A travers ses yeux, j’apprenais à déceler ce que le reste du monde ignorait. 

    Consciente de sa différence, Chloé s'investit avec une détermination sans faille dans un travail soutenu, entourée depuis des années par des praticiens compétents, parmi lesquels Irène qui joue un rôle essentiel, tout comme elle joue également un rôle fondamental pour moi, même si cela est pour d'autres raisons. Depuis ma plus tendre enfance, je reste attentive au  développement de Chloé, m’efforçant de l’encourager dans ses forces tout en cherchant à minimiser l’impact de ses faiblesses. Ce chemin se dessine comme une lutte tout autant qu’une célébration des ressources innées et des merveilleuses nuances de son être. C’est un parcours de vie tissé de peines mais aussi avec de grands éclats de joie, fondé sur ses réussites et ses avancées ( Bien, en fait... un peu comme vous et moi ! Lol).

    Notre actualité : 
    Il est des journées où l'existence nous gratifie de ses inattendus. En ce début de semaine, un coup de téléphone du garage nous parvint, annonçant que notre précieuse "Tilomobile" avait retrouvé sa splendeur et nous attendait, radieuse. Chloé et moi, animées par une douce anticipation, nous sommes donc dirigées retrouver notre Tilomobile.

    A notre arrivée, le responsable, un ami de mes parents, nous accueillit avec une bienveillance soutenue. Il m'informa que mon véhicule était en excellent état, affichant même un kilométrage des plus satisfaisants. Cependant, il glissa subtilement qu'il serait peut-être judicieux de réfléchir à son remplacement, avant que la dépréciation ne s'impose de manière trop cruelle sur nos finances.

    Il nous présenta alors les derniers modèles qui pourraient convenir à ma Classe A. Mais en vérité, je n'étais nullement venue avec l'intention d'acquérir une nouvelle automobile. Mon esprit, encore ancré dans l'attente de notre emménagement à Lausanne, avait résolument décidé de suspendre tout investissement dans la future incarnation de ma "Tilomobile". Car il ne s'agit pas simplement d'une voiture ; c'est un symbole de notre cheminement, un reflet de nos choix, de nos aspirations.
    Mais voilà... Nous nous sommes confrontées à la silhouette élégante de la Mercedes CLA (coupé) 2025. Chloé, avec une ferveur palpable, déploie toute la richesse de son vocabulaire, tentant de me convaincre que cette automobile est tout simplement irrésistible.

    Pour ma part, je me trouve en proie à une ambivalence troublante. Notre "Tilomobile", cette première voiture depuis que nous vivons en couple, n'est pas qu'un simple moyen de transport ; elle est le gardien de tant de souvenirs, le témoin silencieux de nos aventures partagées. L'idée d'embrasser une nouvelle "Tilomobile", symbolisant notre futur à Lausanne, éveille en moi une excitation mêlée de mélancolie. Car au-delà de la nouveauté se cache l'ombre du passé, un passé que je chéris et qui, en un clin d'œil, pourrait être relégué aux souvenirs. Ce dilemme résonne en moi, comme une réflexion sur le temps qui passe et les choix qui s'imposent à nous.

    Il est quelque peu ironique, dans cette situation, que ma chérie n’ait pas, et ne souhaite pas passer son permis de conduire. Vous pourriez faire valoir que ses troubles du spectre autistique rendent cette décision peut-être plus raisonnable, bien que, légalement, son état ne lui interdit pas d'obtenir ce précieux sésame. Pourtant, sa réponse est d’une constance inébranlable : « J'le sens pas ! » Ainsi, elle se trouve sans permis, mais nourrit une passion pour les belles voitures, ou plutôt, pour ce qu'elles représentent. Ce n’est pas tant l’engin en lui-même qui l’attire, mais l’ostentation qui l’accompagne, la réflexion d’un statut social dont elle semble apprécier la saveur. Un contraste saisissant se dessine alors : d’un côté, son refus de prendre le volant; de l'autre, son admiration pour des objets qui incarnent le pouvoir et la réussite.

    Cette appétence pour l’ostentation se heurte à l’éducation que j’ai reçue de Zabeth, qui m’a inculqué l’importance du luxe discret, celui qui se cache derrière une finesse subtile plutôt qu’une flamboyance apparente. Dans cette quête du raffinement silencieux, je trouve une forme de résistance à la superficialité, une aspiration à ce qui, tout en étant élégant, se refuse à l’exhibition.

    Cependant, son magnifique sourire et ses yeux pleins d'étoiles, brillants d'une joie contagieuse, ont su me convaincre et me pousser à accéder à sa demande. Ainsi, je me suis laissée emporter par cette lumière qu’elle dégage, une lumière qui transforme même mes convictions les plus ancrées en un doux compromis, où le désir de plaire à l’être aimé prend le pas sur les réflexions austères de la raison. En clair ? (Je me suis fait avoir !)

    Entre labeur et savoir :
    Cette semaine, le labeur de Chloé ne s'est pas accompagné de ces éclairs de génie qui l'avaient, de façon exceptionnelle, illuminée la semaine dernière. Néanmoins, il serait insensé de négliger l'effet galvanisant de ses prouesses passées, qui ont insufflé un nouvel élan aux troupes. Ainsi, Chloé se met donc plus facilement au travail (nous sommes encore loin d'une facilité déconcertante, mais bon...). Mais restons lucides : cette dynamique est éphémère, et il nous faut en profiter tant qu'elle perdure.

    De mon côté, j'ai récemment reçu une convocation de la cheffe de service, qui m'a sollicitée pour assurer deux nuits de garde. L'absence de plusieurs médecins et internes, en arrêt maladie, pèse lourdement sur l'équipe. J'ai accepté, animée par le désir d'apporter ma contribution à cette période difficile, mais parfaitement consciente des efforts que cela exigera de moi. Lors de ces gardes, je revêts clairement le rôle d'une interne, ce qui entraîne une charge de travail considérable, accompagnée de stress et d'angoisse. Je dois faire preuve d'une attention maximale, car la santé des patients repose en partie sur mes épaules. Une fois rentrée à l'appartement, je me retrouve contrainte de plonger dans mes cours et mes livres, afin de réviser ou d'apprendre tous ces cas inconnus que j'ai croisés au cours de ma nuit de garde. C'est un combat constant entre le devoir et la fatigue, entre l'engagement et la solitude de cette lutte.

    Revenons sur notre séjour lillois :
    Après l'accueil chaleureux et généreux d'Andrée et de Philippe, suivi d'un festin qui aurait ravi les plus fins gourmets, nous, les jeunes, avons décidé de céder à l'ivresse de la danse, inspirés par l'enthousiasme contagieux de Chloé. Cependant, il m'a fallu engager une petite lutte avec les garçons, qui, après avoir englouti tant de délices et consommé une quantité alarmante d'alcool, étaient déterminés à prendre le volant. Il était inconcevable de risquer nos vies et celles d'autrui par une telle légèreté.

    Fait intrigant, Philippe, malgré sa propre ivresse manifeste, a proposé de nous conduire. Cette situation illustre bien le chemin semé d'embûches qui reste à parcourir pour faire comprendre que conduire après avoir bu n'est pas seulement une imprudence, mais un véritable danger pour soi et pour les autres. Finalement, la raison l'a emporté, et c'est en taxi que nous avons pris le chemin du "Le Network", un choix qui me semble sage.

    Durant notre trajet en taxi, Céline, avec une mélancolie empreinte d'une nostalgie délicate, évoquait le souvenir d'un temps révolu où son déhanchement, tel un acte de liberté, battait au rythme effréné des nuits de sa jeunesse estudiantine. Ce geste, écho d'une époque vibrante, parlait d'une insouciance perdue, d'une vie en devenir. (Aujourd'hui rêve-t-elle devant les anches en plastique ? Je pose juste la question...)

    A notre arrivée, le videur, sans même une ombre d'hésitation, m'accueillit avec une familiarité qui trahissait un passé. Pourtant, il s'agissait là d'un quiproquo tout à fait cocasse, car c'était la première fois que je foulais les sols de cet établissement et je n'avais jamais rencontré cet homme auparavant. Ses paroles, empreintes d'une chaleur inattendue, évoquaient des retrouvailles entre vieux amis, et, à ma grande surprise, il me fit la bise, un geste à la fois amical et désinvolte. Il nous offrit ensuite le privilège des entrées gratuites dans le sanctuaire exclusif du quartier VIP, comme si nous étions de nouveau chez nous dans ce monde que nous découvrions.

    A peine avions-nous pris place que Chloé, Céline et moi, emportées par une impulsion irrésistible, nous nous sommes élancées vers la piste de danse. Les garçons, quant à eux, semblaient privilégier un chemin plus obscur, se laissant séduire par la promesse enivrante de multiples shots de tequila. En apercevant Chloé se joindre à leur festin d’ivresse, une inquiétude sourde s'est emparée de moi. Je ne pouvais m'empêcher de penser que cette démarche n'était guère la plus sage. A l'horizon de cette beuverie se dessinait une ombre, et je redoutais les conséquences d'un tel abandon à la démesure. Rien de bon ne pouvait émerger d'une telle débauche.

    Ce que je craignais tant se matérialisa sous nos yeux. A notre retour du dancefloor, nous avons découvert, avec une certaine désillusion, que nul parmi eux ne semblait en état de soutenir une conversation intelligible, et encore moins de se tenir debout. « Lève-toi et marche ! » lançai-je, dans un élan d'espoir. Céline et moi étions prises d'un fou rire, partageant ce moment de légèreté face à leur déroute. Nous prîmes alors la décision de nous accorder un instant, de savourer un verre entre nous, avant de nous atteler à la tâche de ramener nos âmes égarées à la maison.

    Dans une perspective où le quotidien s'entrechoque avec les imprévus, il aurait été sage de faire appel à un camion-taxi, car l'insertion des corps dans la voiture-taxi s'est révélée être un défi complexe. Il faut dire que nos trois énergumènes étaient plus défoncés qu'une route Ukrainienne. Une fois parvenues chez Céline et Jean-Charles, Céline et moi avons soigneusement disposé nos compagnons respectifs sur leur côté de lit, comme si cette disposition pouvait rétablir un certain équilibre. Et Quentin, sur le canapé du salon, que nous avons dû monter le lit à la vitesse de l'éclair, conscientes que nous ne disposions pas de beaucoup de temps. 
    Chloé, quant à elle, s'était plongée dans le deuxième mouvement de la Walkyrie, imprégnant l'atmosphère d'une intensité tragique. Pendant ce temps, les garçons rivalisaient d'énergie pour s'assurer la première place aux toilettes. La scène évoquait le tumulte d'une grande métropole, où la porte des commodités était le théâtre d'un embouteillage tel qu'aucune politique de circulation, même celle d'Anne Hidalgo, n'aurait pu rivaliser. Céline, telle une gardienne des lieux, s'efforçait de réguler ce flot chaotique, édictant des règles pour prévenir que tout dépôt illicite dans le couloir sera sévèrement puni. De son côté, Chloé avait résolument décidé de s'attaquer à chaque renvoi, comme si, dans cette quête minutieuse, elle aspirait à déceler la coda, cette conclusion énigmatique capable d'insuffler un sens à un agencement de notes éparses. Son esprit, avide de compréhension et désireux de saisir l'essence même de son environnement, s'embrasait dans cette recherche, oscillant entre la dissonance et l'inaccessible. Etions-nous vraiment si proches d'un monde empreint de chaos ?

    Il me paraît incompréhensible que l’on puisse choisir de se plonger dans un tel état d’ébriété, perdant toute maîtrise de ses paroles et de ses gestes, de ses actes, jusqu’à vaciller et, finalement, se retrouver agrippé aux toilettes dans un déclin pitoyable. J’éprouve une réelle affection pour l’alcool, en particulier pour les vins de Bourgogne (cela, vous le savez déjà), cependant, il me serait profondément insupportable de me retrouver dans cet état de déchéance, ivre au point que ma mémoire me trahisse, laissant des trous noirs dans le fil de ma vie, tandis que mes jambes, incapables de me porter, se dérobent sous moi. La fierté d’une existence lucide et authentique me condamne à refuser cette abyssale incohérence.

    La conclusion, non des moindres, de nos péripéties lilloises se révèlera la semaine prochaine…

    A vous tous, je vous souhaite une excellente semaine.

    A Bientôt,
    Chlo & Til 

    lundi 17 mars 2025

    Journal de bord 18/03/2025 Traditions Éphémères, Mémoire Éternelle

    “Dans chaque plat partagé se tisse le fil d'une tradition, la saveur d'un héritage.”

    Moi (lol) / Juste entre nous 2

    Notre actualité : 
    Une semaine ensoleillée, véritable tableau vivant, où Chloé s’épanouit dans l’effervescence des connaissances ! Ce jeudi, elle n’a pas seulement assisté au cours ; elle l’a véritablement illuminé. Son audace, loin d’être anodine, l’a incité à revendiquer sa place parmi les autres étudiants, répondant à chaque question avec une aisance qui forçait l’admiration, m'a-t-elle fait comprendre. Les heures de révisions que nous avons patiemment cultivées ensemble semblent fructifier, et son sourire, éclatant tel un soleil levant, se dresse comme une promesse d’avenir radieux.

    De mon côté, mon stage, ancré au cœur de cette institution, devient un espace où l’équipe m’accorde une confiance précieuse. Ils me confient les responsabilités que j’ai acquises, reflet des six années d’internat que j’ai vécues. Dans cette danse harmonieuse entre savoir théorique et pratique concrète, mes révisions se mêlent habilement à la réalité du terrain, et je ressens que mes efforts, tels des semences plantées avec soin, commencent enfin à porter leurs fruits, enrichissant en même temps mon parcours et mon esprit.

    Je tiens à vous offrir ces mots, chers amis, en vous exprimant ma profonde gratitude pour l'abondance de vos messages emplis de bienveillance à l'occasion de mon anniversaire. Comme le disait Zabeth avec sa verve inimitable : "Look at her, she's getting so big now !" Ce propos, au-delà de sa signification littérale, pourrait se traduire par "C'est qu'elle se fait grande maintenant." Et je me réjouis de cela, car j'évolue encore dans cette période où l'on ne m’assimile pas aux catégories des âges avancés, ce qui, en soi, mérite d’être célébré. Le temps, ce compagnon à la fois ami et ennemi, se montre aujourd'hui presque docile, et pour cela, je lui rends hommage.

    Un anniversaire ne se résume pas à une simple date sur un calendrier : c'est un moment empreint de signification, d’interconnexion, de joie et de souvenirs partagés qui nous unissent, Chloé et moi, dans une communion indéfectible. Dans le cadre rigide de nos vies modernes, il nous a semblé plus sage de célébrer mon anniversaire ce samedi, par souci de commodité. Mais peu importe le jour, l'essence de cette célébration réside dans la chaleur de vos pensées et dans la richesse de nos échanges. Que serait la vie sans ces instants précieux ?

    Ce matin d'anniversaire, les premières lueurs de l’aube m’ont incitée à me lever tôt. Mon corps a été emporté par une vague de vitalité lors de mon running matinal, où je parviens, ne serait-ce qu’un court instant, à me libérer des chaînes du quotidien. Après cet effort, j'ai pris le temps de savourer un repas tout en lisant ; ces moments d'intimité avec moi-même sont précieux et si rares. Actuellement, je me délecte de Les Renaissances d’Agnès Martin-Lugand. Sa plume, à la fois délicate et puissante, m'entraîne dans une exploration de l'humanité, un kaléidoscope d'émotions mêlant amour, jalousie et regrets. Cette immersion me rappelle que, derrière chaque choix, se cachent des échos de vies passées, des aspirations et des sentiments intimes qui définissent notre existence.

    Chloé a jeté son dévolu sur La Dame de Pic, ce sanctuaire où nous nous retrouvons, véritable royaume de sensations pour deux âmes sœurs, véritablement princesses dans un monde qui peine à reconnaître notre éclat (lol). En guise d'ouverture, la maison nous a gracieusement offert deux coupes de champagne, geste qui, apparemment, s'est installé parmi nos rituels, un signe que la vie peut, parfois, nous combler de douceurs inattendues. Le déjeuner, une fois encore, s'est déroulé dans l’harmonie parfaite des saveurs et des instants partagés. Quand l’heure du dessert a sonné, pour mon anniversaire, Chloé m’a offert un bijou si éclatant qu’il semblait capturer la lumière même : un bracelet de cheville en or, fruit de la collaboration entre elle et Lorenz. Je le porterai avec fierté, symbole de notre amour indéfectible et de notre union sacrée, délicatement enraciné à ma cheville gauche, reflet de notre vie commune et de la complicité qui nous unit à jamais.

    Puis, il y a eu ce dernier petit cadeau, scintillant de promesses : la flottaison en isolation sensorielle, une expérience inédite pour célébrer mon anniversaire. Éloignée des tumultes de la vie quotidienne, cette méthode plonge nos corps dans une eau saturée de sel, à la température même de notre peau. Bien plus qu'une simple expérience, cela fut une révélation. Dans ce cocon aquatique, notre poids s'est dissout, tout comme nos pensées qui s’effacèrent peu à peu, libérant nos esprits. Dans cet état de détente ultime, nous avons découvert une harmonie insoupçonnée, une sensation de plénitude où le bien-être qui nous enveloppait comme une douce caresse… 

    Une soirée enveloppée par les murs familiers de l'appartement de mes parents, où nous avons partagé une longue partie de Scrabble, avant de nous abandonner aux bras apaisants de Morphée. Le dimanche, nous avons mangé et fêté mon anniversaire chez mes beaux-parents. L'après-midi a naturellement pris la suite de cette douce intimité, mais cette fois agrémenté d’un soupçon de révisions savamment dosées. C'était une promesse de sérénité partagée, un mariage délicat d'effort et de douceur, où l’apprentissage se mêle aisément au repos. Une danse harmonieuse entre le jeu et le savoir, comme une célébration de notre existence conjointe, dans la quiétude d'un week-end qui refuse de se laisser happer par l'agitation du monde extérieur, nous offrant un sanctuaire de paix et de complicité.

    Revenons sur notre séjour lillois :
    Permettez-moi de vous introduire, en quelques mots, les parents :

    Les parents d'Emily :
    Andrée et Philippe, commerçants de profession, propriétaires d'une vaste mercerie au cœur de Lille. De leur union est née Emily. Aujourd'hui, libérés des obligations professionnelles, ils goûtent aux douceurs de la retraite, appréciant le bonheur simple que leur procure leur maison à Lambersart (5 kilomètres de Lille). Dans ce refuge paisible, ils ont su établir un cocon rempli d'amour et de bienveillance, veillant sur Emily, Quentin ainsi que sur deux petites âmes qui viennent embellir et enrichir ce tableau familial.

    Les parents de Quentin :
    Odile, conservatrice et directrice des bibliothèques, incarne cette rigueur intellectuelle qui nourrit son engagement envers le savoir. A ses côtés, Patrick, notaire, évolue dans un monde de légalité et de contrats, une existence marquée par la précision des mots et des actes. Leur fils aîné, Quentin, se tient au seuil de la fratrie, professeur de mathématiques dévoué en école d'ingénieurs, marié à Emily, avec qui il partage la joie et les défis de l'éducation de leurs deux enfants. Odile et Patrick résident dans une maison à Mérignies, un havre situé à 19 kilomètres de Lille, où les échos de la ville se mêlent à la tranquillité d'une vie familiale empreinte d'affection et de responsabilité.

    A notre arrivée à Lambersart, les bras d'Andrée et de Philippe s’entrouvèrent comme des ailes protectrices, un geste instinctif qui témoigne de leur désir de m’accueillir, de rassembler. Ils me souhaitent la bienvenue chez eux et me disent que, s'il me manque quoi que ce soit, je n'ai qu'à demander…

    Ce premier repas de famille, tissé d'échanges et de rires, s'annonce comme un instant précieux, une communion entre des vies qui, bien que distinctes, se croisent et s'entrelacent dans la toile de l'existence.

    Andrée nous donne un vrai cours sur "La carbonade flamande", que nous nous apprêtions à partager. Elle est le symbole culinaire de notre nouvelle famille et, sans conteste, la spécialité la plus vénérée des Flandres, tout comme le bœuf bourguignon. Ce plat ne se limite pas à un simple mélange d’ingrédients ; il incarne les récits et les souvenirs d’un temps révolu, un hommage aux traditions culinaires que leurs ancêtres ont su préserver avec soin et passion. La recette vient de la grand-mère de la mère d’Emily, qui, selon la légende, la tenait déjà de sa propre grand-mère. C’est cette lignée de femmes tissant l’histoire au fil des générations que nous allons célébrer ensemble. On dit qu’Emily maîtrise ce plat avec brio. Cependant, il est vrai que nous n’avons pas encore eu l’occasion de savourer ce délice… (Je vais murmurer qu’avec Chloé, nous croyons que ce que nous goûtons !).

    Andrée souligne que Chloé et moi, en vertu des obligations familiales qui nous lient à eux, nous sommes appelées à acquérir l'art de confectionner ce plat avec une minutie digne de la perfection. Comment pourrait-on un jour espérer savourer mes élucubrations culinaires ? Pour moi, la cuisine, cette jungle impitoyable, est un lieu de chaos où rien n'est clair. D'ailleurs, comment prononcez-vous cet accessoire fondamental : Une poêle ? Une… pouèle ? Une… pouale ? Une poile ? La langue se perd tout autant que moi entre les plats ! Ajoutons à cela le fait que, lors de mes rares tentatives avec Maria, de petites gouttes d'huile semblaient se liguer contre moi, comme si elles avaient une vendetta personnelle ! Et quand je pénètre dans une cuisine, sachez que même les œufs, innocents au départ, partagent mon état de désarroi… Ils sont tout aussi brouillés que mes efforts pour essayer de m’en sortir ! J’éprouve une profonde admiration pour ces femmes, véritables architectes du quotidien, qui, par la maîtrise de multiples recettes, parviennent à transformer le repas en un moment structuré, ritualisé et empreint d’harmonie. Leur talent réside non seulement dans la préparation des mets, mais dans cette capacité à élever l’acte de nourrir au rang d’un art où chaque détail compte et où la convivialité devient une célébration de la vie.

    Revenons sur "La carbonade flamande". Ce plat, à la fois doux et réconfortant, se dévoile comme une danse délicate entre le bœuf mijoté, l’oignon, la bière et les aromates, accompagné de ce pain rassis, imprégné de bière et subtilement saupoudré de sucre, plus une petite tranche de pain d'épice par personne. La viande, enveloppée dans une épaisse sauce d'un brun profond et envoûtant, offre l'intrigante complexité d’un accord sucré-salé, créant ainsi un véritable tableau gourmand. En accompagnement, des frites, emblèmes d'une friteuse qui tourne sans relâche à la recherche du croustillant idéal. Cette sainte femme, Andrée, avec sagesse et une touche d’exagération, ne manque jamais de me rappeler que nous sommes en France et non en Belgique, fustigeant le goût de la graisse de bœuf avec une détermination ancrée dans les profondeurs de son être. C'est sa façon de préserver l’authenticité de ses racines tout en naviguant entre les cultures…

    Alors… Goûter une "vraie" carbonade, c'est plonger dans une joie incommensurable, un instant suspendu où les sens s'éveillent dans une danse sensuelle. Ce plat, tel un véritable chaos organoleptique, va bien au-delà de la simple existence : il se révèle, subjuguant l’espace de son parfum envoûtant, une symphonie de nuances qui rend hommage à l’art culinaire d’Andrée, fruit d’un amour et d’une passion indéfectibles. La viande, elle, se détache d’elle-même, fondant sous le palais… un véritable délice. Le mariage des saveurs, le vin qui caresse le goût, vous plonge dans un tel ravissement que l’angoisse d’avaler vous étreint, tant vous désirez prolonger cette extase gustative en bouche. Dans cet instant, le plaisir devient une résistance à la finitude du moment, une quête de la durée face à l’éphémère.

    Dans la douce ivresse de ce repas partagé, où le rire et la boisson s'entrelacent comme des amants complices, Philippe, dans son rôle de chef de famille, a eu l'envie de nous faire part de ses réflexions sur la vie de famille. En s’adressant à Chloé et à moi, il a prononcé, avec la fermeté d'un père dont la voix ne tolère aucune contestation : « Vous aurez des devoirs. Participer régulièrement à ces rassemblements familiaux, et cela est non négociable. Andrée et moi, nous portons en nous le désir ardent de transmettre une culture et un savoir-être que nos petits-enfants doivent s'approprier lors de ces doux instants festifs. »

    Il a poursuivi en évoquant Léo. « Cet enfant qui, tout au long de sa vie, conservera dans sa mémoire l'éclat de Tata Chloé l’invitant à dessiner, à se blottir sur ses genoux et à tisser une toile d'affection autour de lui. Pensez à Tata Til, qui, à travers ses livres et ses promesses d'émerveillement, a ouvert un monde de découvertes. Mais le souvenir le plus cher, c’est celui de vos rires s’entremêlant, de cette chaleur fraternelle qui a régné sur cette soirée, et des regards complices échangés entre nous, ici, ensemble. »

    Dans ce rôle de parents élargis que nos vies ont tissé, Philippe a su se remémorer qu’Emily, avec la grâce du destin, a offert à leur cœur deux petits enfants (Léo et Justine) ainsi que deux enfants, Céline et Jean-Charles, marraine et parrain de Léo, qui sont désormais des membres à part entière de la tribu. Son regard est revenu sur Chloé, notre artiste à l'âme douce, puis sur moi, me qualifiant de femme brillante, dont l'intelligence est une promesse d’aventure sans fin. Dans ce cercle familial se déploie une danse de relations vibrantes et essentielles qui affirme ce que nous sommes et ce que nous léguerons. Voilà notre héritage… Voilà notre avenir.

    Ce que nous transmettons va bien au-delà d'un simple acte : c’est également la somme de notre temps. Ce temps que son épouse consacre à la cuisine et à la préparation de mets qui deviennent de véritables offrandes, puis ce temps partagé autour d'une table où la convivialité s'entrelace avec la vitalité humaine. Les années s’accumulent et tissent un lien invisible mais indéfectible ; un temps qui, s'il est véritablement offert à autrui, doit perdurer au-delà des saisons et des circonstances.

    Ces moments de partage ne sont pas figés ; ils évoluent avec nous. Les conversations prennent forme, s'ornent de l'actualité et des préoccupations de chaque époque. La réalité est que ce qui demeure souvent non-dit s'efface lentement de notre mémoire collective, se dissout dans l'oubli. Les repas, eux, sont les témoins d'un regard changeant sur une existence en devenir : d'abord l'émerveillement innocent d'un enfant face à l’inconnu gustatif, puis la curiosité tumultueuse de l'adolescente, suivie par l'intuition aiguisée d'une jeune femme, celle d’une épouse, et enfin, le regard sage d’une mère qui transmet à son tour, perpétuant ainsi ce cycle éternel. Ce regard, ce temps, c'est la continuité de la vie, une délicate danse entre l'individu et l'autre, entre le passé et le présent…

    Après cette intervention éloquente, empreinte d'un cordial élan, un besoin pressant m'a saisie : celui de dissiper toute ambiguïté, afin que notre relation ne soit pas assombrie par le moindre malentendu. Certains d'entre vous pourraient me trouver un peu agressive ou sur la défensive, il est vrai, mais je préfère l'honnêteté. Toutefois, il ne fait nul doute que Chloé et moi serons enchantées de partager un repas en leur compagnie, entourées de l’ensemble de la famille. Cependant, attention : nous devons rester vigilants face à la douce tentation des gestes paternalistes qui, bien qu'adorables en surface, ne sauraient nous entraîner vers les abysses néfastes du patriarcat. Je ne souhaite pas que nous nous laissions guider vers ces méandres. Il ne m'est guère possible d'adhérer au modèle patriarcal. Ce cadre social, je le considère comme le terreau des discriminations, du sexisme et des inégalités entre les sexes.

    Je ne suis pas prête à accepter la domination d'un homme qui impose un ordre social et familial. Cette fameuse autorité paternelle, qui se drape avec une vertu illusoire de protection, me dérange profondément. Il est insupportable de devoir attendre le consentement d'un père pour tracer sa propre voie. Ce système patriarcal n'est ni naturel ni inscrit dans notre essence, il est le produit d'une culture. Il n'y a donc pas de déterminisme ; voilà une nouvelle réjouissante, car cela signifie qu'il peut être remplacé par un modèle plus juste, plus équilibré entre les sexes.

    Je lui demande de ne pas considérer ma réponse comme l'écho d'un discours féministe, mais plutôt comme l'affirmation d'une femme qui aspire à une société où règnent l'égalité et la liberté, tant pour les femmes que pour les hommes. Cette égalité de genre est, en effet, le ciment d'une cohésion sociale véritable. Une légère froideur s'est installée autour de la table. Plus un bruit autour de moi, j'étais un peu désolée pour l'ambiance, mais il était hors de question que l'on me fige dans un rôle subalterne ou que l'on cherche à m'assujettir.

    Après une période de silence interminable, Philippe a enfin trouvé le courage de s'exprimer. « Tu as raison, Til », a-t-il affirmé. « Mes mots ont manqué à capturer l’essence de ma pensée. En fin de compte, ma quête demeure résolument tournée vers votre bonheur à tous. C'est une véritable opportunité d'entendre ton point de vue aujourd'hui, car c'est dans cet échange, ensemble, que nous avançons réellement. Pour ma part, j'accorde ma préférence à ceux qui prennent le temps de partager leurs réflexions, plutôt qu'à ceux qui, engoncés dans le silence, s'en remettent à l'indifférence. Tu me rappelles ma fille, il y a quelques années. »

    En scrutant le visage d’Andrée, il m’a semblé qu'une nouvelle vie s'y était insinuée, soulagée d'accueillir la réponse de son mari. Presque instantanément, elle s'est empressée de nous entraîner vers une odyssée gastronomique, celle du fromage. Elle nous a alors présenté "le Vieux Lille", un fromage local dont le nom promet une rencontre inattendue. Ce délice, élaboré à partir de lait de vache, subit un traitement particulier : une pâte de Maroilles salée à deux reprises, laissée à mariner dans une saumure pendant des semaines, presque comme une molécule en attente de sa première immersion dans un monde inconnu. (Du moins, son odeur m’a transporté dans une autre dimension, cela ne fait aucun doute !)

    Céline, avec la sagacité qui la caractérise, proposa que Chloé et moi dressions un tableau descriptif de cette découverte avant d’accéder à la dégustation. Nous acceptâmes, conscients que ce jeu nous transformerait, le temps d’un instant, en clowns de service, et qu’il contribuerait à alléger l’atmosphère tendue du moment (je ne sais pas trop pourquoi du reste… hum…). La couleur, je dois l’admettre, ne se prête guère à l’admiration ; un grisâtre qui n’invite pas à la séduction, mais plutôt à la réticence. La texture, collante, semble tout aussi peu engageante, et l’odeur… Ah, cette odeur, elle transcende l'existence même, tant et si bien que Chloé, dans un mouvement d'une délicatesse presque insoupçonnée, s'est bouchée le nez avec ses doigts, face à nos hôtes. Elle a ainsi décliné l'invitation à se plier aux conventions, refusant de se soumettre à cette mixture que le monde prétendait lui imposer.

    L’hilarité gagna alors la tablée lorsqu’on nous annonça que ce fromage portait le doux nom de "Puant de Lille". Sa renommée est à la hauteur de son arôme, c’est certain (ça, j'aurais pu le deviner !). Un fromage des alpages, disent-ils, et peut-être n'étaient-ils pas loin de la vérité. Son odeur nauséabonde, si forte qu'elle en devient insupportable, justifie pleinement qu'on t'envoie au fin fond des alpages, loin des autres. Mais qu’importe ! A cette pensée, je me consolais, car, après une telle consommation, nul prétendant ne troublera mon chemin lors de notre sortie post-repas.

    Quant au goût, oh, quelle révélation ! Après une bouchée, je découvre que son intensité est quelque peu atténuée par une salinité presque écrasante, tel un ennemi qui, devant la défaite, se retire dans l’oubli. Mes papilles, quant à elles, ont choisi l’exil face à cette forteresse de saveurs. Dire que c'est mauvais serait un mensonge ; il semble tout simplement impossible d’éprouver quoi que ce soit, si ce n’est cette salinité pesante. Ce fromage, disent-ils, se marie à merveille avec une bière "frometon", que j’avoue ne pas connaître… qui s’avère être une bière blonde du Nord. Sinon, une Paulaner, une bière allemande, fait l’affaire. Après trois ou quatre bières, il est clair que le fromage devient bien meilleur… Toutefois, attention : si jamais vous trouvez que ce fromage sent soudainement bon, c’est que vous avez outrepassé le taux d’ivresse raisonnable.

    On me fait savoir que nous avons échappé à un sort bien plus redoutable. En effet, il aurait été fort à propos qu'on nous serve en dessert une "tarte au maroilles", un choix audacieux, certes, destiné à nous initier aux spécialités régionales. Cependant, reconnaissons-le, une telle option n’aurait guère honoré la délicatesse de leur expérience culinaire. Ma chérie a pris une décision résolue : « Quand nous serons réunis en votre présence, nous renoncerons définitivement à la consommation de fromage ».

    Andrée, dans un élan de générosité, a su égayer notre table en nous offrant, en guise de dessert, un délicieux gâteau moelleux, affectueusement baptisé "gâteau battu". Céline et Quentin, quant à eux, avaient pris soin d'apporter des chocolats pralinés de la Maison Méert, ces délicates douceurs prisées de leur région, accompagnés de deux bouteilles de champagne. Voilà de véritables amis ! Ainsi, nous avons évité la banalité d'un crémant ou d’un vin pétillant régional qui, bien qu’agréable, n'aurait pu rivaliser avec la richesse des plaisirs d'un grand champagne.

    A mesure que le repas touchait à sa fin, l’atmosphère s'est adoucie. Nous nous sommes abandonnés à des récits un peu grivois, des histoires qui faisaient rougir certains et éclater de rire d'autres, illuminant la soirée de moments légers qui renforçaient notre complicité. Ce repas fut une véritable réussite, chaque plat savouré et chaque sourire échangé attestant de la beauté des liens que nous tissons lors de nos rencontres.

    Êtes-vous donc si pressés de découvrir ma seule plaisanterie quelque peu osée ? Il s'agit de deux prostituées qui se disputent. Et voilà, l'histoire s'arrête ici ! (Oui, calembour ! Vous avez trouvé ? )

    Après avoir savouré les délices d'Andrée, apprécié la convivialité de cette belle famille et partagé de nombreux éclats de rire, nous, les jeunes, avons décidé de prolonger notre soirée par une escapade nocturne, une danse effrénée au cœur de la ville. 

    Andrée et Philippe nous ont invités à revenir les voir dès notre prochain passage à Lille. Gabrielle et Ivan nous ont engagé, presque avec une ferveur touchante, à franchir le seuil de leur foyer lors de notre prochaine visite. La promesse de ces deux repas partagés évoque une convivialité que Chloé et moi chérissons, mais elle nous pousse également à nous interroger avec une ironie souriante : quand, enfin, serons-nous en mesure de nous astreindre à un régime ?

    La fin de cette soirée pleine de surprises et la suite de nos péripéties lilloises sera dévoilée la semaine prochaine…

    A vous tous, je vous souhaite une excellente semaine.

    A Bientôt,
    Chlo & Til 

    lundi 10 mars 2025

    Journal de bord 11/03/2025 Caprices et leçons de vie.


    “Au cœur des manèges et des caprices, 

    L'amour se tisse à travers les leçons de vie.”

    Moi (lol) / Juste entre nous 2

    Notre actualité :
    Le quiz de Chloé sur le management s'est avéré être une épreuve prometteuse. Bien que certaines nuances nécessitent encore notre vigilance et un réapprentissage, nous ressentons une satisfaction palpable face aux résultats obtenus. Alors qu'elle entame son deuxième mois d'études, la pression d'un examen final, semblable à une ombre insidieuse, n'est pas encore à nos portes. Il est donc de notre devoir de persévérer et de poursuivre nos efforts, si nous souhaitons que tout cela porte véritablement ses fruits.

    Pour ma part, si tout se passe comme prévu et que je réussis mon examen, je débute mon avant-dernier stage en tant qu'externe aux urgences pédiatriques. Après avoir récemment terminé un stage en médecine pédopsychologique, je retourne à la médecine générale. J'intègre un service que je connais assez bien, ayant déjà effectué de nombreux stages ici depuis le début de mon cursus. Aujourd'hui, j'aurai l'occasion d'assumer un rôle plus engageant au sein de ce service, avec de nouvelles responsabilités.

    Pour répondre à Arnaud, il convient de nuancer la réponse de Chloé, qui s'approche d'une certaine vérité. En effet, durant mon parcours de trois ans, je m'engage avec détermination dans la quête de mon doctorat. A la suite de l'obtention de ce sésame tant convoité, je me dirigerai vers une spécialisation, où l'option généraliste est en soi une spécialisation, qu'après tout, je souhaite ardemment embrasser. A l'issue de cette étape formatrice, j'accéderai au titre de Docteur généraliste, une étape qui, bien que significative, n'est qu'un palier dans mon cheminement. Par la suite, je me consacrerai encore deux années à la spécialisation en pédiatrie, afin de parachever ma formation et d'accéder à la reconnaissance en tant que pédiatres généralistes à part entière. Ce parcours est ainsi marqué par un engagement sans faille, mêlant aspirations professionnelles et réalités du terrain.

    Il est indéniable que, à chaque phase de notre évolution académique et professionnelle, la question financière se pose avec acuité. Ainsi, l'interne en deuxième année bénéficie d'une rémunération plus substantielle que celle de sa première année, illustrant le juste retour de l'engagement consenti. Cette logique se poursuit tout au long de notre spécialisation en pédiatrie, où la rémunération finit par s'aligner sur celle d'un médecin généraliste aguerri. En Suisse, cette évolution salariale ne se borne pas à refléter notre seule compétence ; elle incarne également la reconnaissance que la société accorde à chaque maillon de ce parcours exigeant. Malheureusement, ce tableau se teinte de nuances sombres lorsqu'on se tourne vers la France, où cette même rémunération perd de son sens, ne traduisant plus ni l’importance ni l’ardeur du travail acharné. Il est vertigineux de constater que, de l’autre côté du Jura, la valeur accordée au dévouement et à l’expertise semble se volatiliser, soulevant ainsi de profondes interrogations sur les priorités qui fondent la société française. La question se pose alors : comment les politiciens français vont pouvoir  rétablir cette reconnaissance essentielle qui, à travers l’argent, témoigne du respect et de la considération dus à tous ceux qui œuvrent sans relâche pour la préservation de la santé ? 

    Pourtant, ce phénomène ne trouve pas écho dans l'actualité française, où le discours dominant se concentre sur l'armement. Je ne poserai pas la question provocatrice : une guerre peut-elle vraiment perdurer sans médecins pour témoigner de l'absurde violence qui la caractérise ?

    Revenons sur notre séjour lillois :
    Comme je vous l'évoquais la semaine dernière, une multitude d'événements s'est déroulée à Lille, enrichissant notre parcours de nuances et de réflexions. Je vous invite à vous immerger dans la suite de notre aventure, où chaque instant dévoile une facette de notre vie, une véritable exploration de notre existence.

    Le samedi, à l’aube d’une nouvelle journée, nous nous sommes levées à neuf heures, comme si le temps lui-même avait choisi de nous offrir le doux parfum d'une grâce matinée. Avec une tendresse discrète, nous avons quitté notre refuge du week-end, amoureuses et complices, direction le café Madeleine pour notre petit-déjeuner, lieu que nous avions découvert ensemble lors de notre passage à Lille.

    A midi, j’avais pris soin de réserver une table au restaurant Le Cerisier, spécialiste de la truffe, que ma chérie affectionne tant. Bien que je doive avouer que cet ingrédient n’est pas un de mes délices… Ce champignon, avec sa richesse olfactive et gustative, monopolise la saveur des plats, reléguant d'autres nuances au rang de souvenirs lointains… J'ai suivi ce choix par amour, consciente que le bonheur de Chloé surpasserait largement mes propres préférences. Est-ce cela, l'amour ? Ces gestes de partage, la beauté de ces sacrifices où le bonheur de l'autre devient une priorité ? Tout cela éclate de vérité et de sens dans le quotidien de nos vies entrelacées…

    Nous vous avons déjà parlé de cet établissement où l'excellence règne, tant dans l'art culinaire que dans la qualité du service, témoignant d'un standing rare. A notre grande surprise, nous avons été accueillies comme des habituées, et la maison nous a offert deux coupes de champagne en guise d'apéritif, célébrant notre présence avec une attention délicate. Le repas, fidèle à sa renommée, s'est avéré être un véritable enchantement, chaque plat dévoilant une harmonie subtile des saveurs.

    Après ce festin, une rencontre nous attendait à 14 h 30 sur la grand'place avec les parents d'Emily (Andrée et Philippe), pour accueillir le petit Léo pour l'après-midi. Comme lors de nos journées passées avec Elena, nous sommes parties explorer les rayonnages d'une librairie, déterminées à offrir à Léo trois livres, guidées par les recommandations éclairées de la libraire, experte en littérature jeunesse. Ainsi, nous avons acquis « Chien bleu », « La Couleur des émotions » et « Roule galette », trois œuvres qui, nous l'espérons, émerveilleront et stimuleront son imagination. Poursuivant notre quête d'émerveillement, nous avons ensuite emprunté le chemin de l'achat de matériel artistique, un parcours enchanteur où les crayons de couleur éclatants et les albums à colorier s'offraient à nous. Pour un enfant de cinq ans, ces objets représentent non seulement une créativité à éveiller, mais aussi un espace de liberté où son imaginaire peut s’épanouir sans limites.

    Pas besoin de chercher un carrousel, la fête foraine battait son plein au cœur de la ville ! Comme avec Elena, nous avons pris dix tickets, convaincues que trois tours suffiraient à rendre notre journée pleine de joie. Les tickets restants seraient offerts aux parents de Léo, une promesse délicieuse de futures escapades partagées. Chaque tour de manège était un festin de joie, et Léo était aux anges. Un rituel s'était installé, pour notre plus grand bonheur, où nous devions saluer Léo d'un geste de la main à chaque passage. Chloé et moi avons convenu d’un commun accord de le saluer à tour de rôle. Un petit jeu s'était instauré entre nous : « Ce coup-là, c'est à toi, veinarde ! »

    Cependant, comme cela arrive souvent, une ombre vint assombrir notre tableau. A la fin des trois tours, un caprice démesuré s’abattit sur nous tel un orage d'été soudain et intrusif. Léo, prisonnier de son désir, s'accrochait désespérément au manège, laissant éclater ses sanglots et cris, résonnant comme l'écho d'une révolte désespérée. Observant Léo en proie à une tempête de larmes, Chloé ressentit un élan instinctif de le prendre dans ses bras, de le réconforter et de l’aider à descendre de ce manège. Dans un geste brusque et d'un coup de pied, il la repoussa, hurlant sa révolte face à cette tendresse qu'il rejetait, comme si la douleur de son caprice était plus forte que l'amour que Chloé lui offrait. Je ne pouvais pas rester là, immobile et impassible.

    Dans cette situation délicate, nous décidâmes (enfin surtout moi !) d'appliquer la méthode Zabeth : rester droites, conserver notre calme, adopter une attitude froide et le vouvoyer. Je le fis descendre du carrousel, le tirant avec douceur mais fermeté. « Mon jeune ami, pensez-vous que cela soit une attitude digne ? » Il pleurait, frappant des pieds, offrant un spectacle pathétique. Nous restâmes immobiles à côté du carrousel, attendant patiemment qu'il se ressaisisse. Après quelques minutes, il finit par se redresser. C'est alors qu'il me lança : « J'veux mes livres ! » Je lui rétorquai avec détermination : « Je vous prierais de ne pas vous adresser à moi de la sorte. Rien ne vous sera accordé tant que vous n'aurez pas présenté vos excuses en me disant : Je vous prie de bien vouloir me pardonner. » Il répondit obstinément : « Non, j'veux mes livres ! » Je feignis de ne pas l’entendre, laissant planer un silence glacial.

    Malgré cet incident que nous aurions souhaité éviter, nous prîmes le chemin d’un jardin d'enfants. Chloé, avec une candeur désarmante, m'interrogea sur le moment où je restituerai à Léo ses livres. Je lui répondis, sans détour, que cela dépendrait de lui. Dès qu'il aurait le courage de s'excuser, ses livres seraient à lui, et si tel n'était pas le cas, je rentrerais à Paris avec ses ouvrages dans mon sac ! Chloé, désapprouvant ma fermeté, me considérait comme intransigeante ; pour défendre Léo, elle évoqua l'image d'un pauvre petit chat, arguant que ce n'était qu'un caprice d'enfant et qu'elle ne voyait pas cela comme une affaire si grave. Je lui opposai, avec une ferme conviction, que l'homme doit saisir l'importance de ses actions, car chacune engendre des répercussions inéluctables. Plus il parviendra rapidement à cette prise de conscience, plus il sera en mesure de vivre en accord avec lui-même et avec le monde qui l'entoure. Réponse de Chloé : « Mais il n’a que 5 ans ! » Ma réponse : « L'âge n'excuse pas tout. C'est peut-être ce laxisme qui fait qu'aujourd'hui tant de gens manquent d'éducation… » Soudain, je devenais la méchante, la paria que tous fuyaient. Quelle ironie ! Me voilà réduite à ce rôle détestable alors que cette leçon s'imposait !

    Il est indéniable que l'éducation des enfants représente une aventure aussi enrichissante que complexe, un chemin parsemé d'obstacles et de réflexions profondes. Bien que nous ne soyons pas encore plongées dans cette odyssée, les subtilités de nos héritages parentaux (Zabeth pour moi) commencent déjà à s'imposer, façonnant nos comportements et nos pensées. Chloé, avec ses propres idées et convictions, s'affirme comme une figure unique, tout comme moi. Nos approches éducatives ne se hiérarchisent pas ; elles reflètent seulement nos parcours respectifs.

    Cependant, nous avons constaté que cette quête d'harmonie dans nos perspectives engendre inévitablement des tensions palpables entre nous, comme si nos convictions s'affrontaient dans un duel silencieux. Nos échanges, nourris de conceptions éducatives diamétralement opposées, se sont intensifiés, jusqu'à ce que Chloé, dans un geste de retrait, se mure dans le silence, rendant toute communication vaine. Ce mutisme, tel un mur infranchissable, nous sépare et nous laisse face à un gouffre d'incompréhension. Même si je connais parfaitement son mode de fonctionnement, son autisme m'agace parfois, mais puis-je réellement lui en vouloir ?

    Il n'en restait pas moins qu’au cours de notre échange, mes yeux ne quittaient pas Léo. Je me rapprochai de lui, qui, insouciant, jouait, rêvant de grimper comme les grands sur un filet. Cependant, une appréhension l’envahissait, peut-être un peu d'acrophobie. Pour le rassurer, sans le toucher, j’enveloppai délicatement son corps de mes mains, lui offrant ainsi un cocon de sécurité. Nous parvînmes à grimper un tout petit peu plus haut. Chloé, fidèle à elle-même dans l'épreuve, se retranche dans l’univers de son art, telle une fuite face aux incertitudes du monde. Ainsi absorbée dans son dessin (l'illustration de cet article), elle semblait oublier, comme si cela lui était devenu secondaire, son rôle de surveillante…

    A la sortie du jardin d'enfants, Léo saisit la main de Chloé tout en me lançant un regard inquisitif. Je demeurai silencieuse, laissant les mots flotter dans l'air. Nous prîmes ensuite un taxi, direction la maternité, pour retrouver le reste de la famille.

    Une fois arrivés dans la chambre, Léo me demanda de lui répéter « les mots qui faut dire ». Je lui soufflai doucement : « Je vous prie de bien vouloir me pardonner. » Il répéta la phrase avec sérieux, puis, dans un élan affectueux, vint m’embrasser. Je lui tendis ses livres, qu'il était impatient de montrer à sa maman et à son papa. A cet instant, Emily et Quentin, intrigués, me questionnèrent sur les événements. Je leur répondis d'une voix douce et protectrice : « Rien de bien grave, c’est une simple affaire entre lui et moi. » Il réussit à réitérer sa demande d'excuses selon la même formule à Chloé. A son tour, Chloé l'embrassa et me fit également don d'un baiser. Avec un sourire, je lâchai alors : « Si chacun d'entre vous me manifeste ainsi son amour, je pourrais bien m'installer ici ! » Dans un élan de légèreté, et peut-être en guise de facétie, le père d'Emily s'approcha pour déposer un baiser léger sur mon front. Nous étions alors tous emportés par un éclat de rire contagieux, une joie qui illuminait à nouveau notre couple.

    Les parents d'Emily nous ont invités à partager le dîner sous leur toit ce soir. La maman a concocté une carbonnade flamande, un plat au nom curieux qui interpelle et intrigue. Quelle étrange dénomination pour une promesse de saveurs !

    Emily, arborant un grand sourire, nous interrogea, amusée, sur le peu de honte que nous éprouvions à parler de ce délice alors qu'elle devait se contenter de ses plateaux-repas de maternité pendant encore deux jours. Son père, réagissant promptement, lui répondit : « Non, et au vu de la quantité que tu ingères, cela nous en fera d'autant plus ! »
    J'ai donc proposé, avec détermination, que nous acceptions leur invitation à condition qu'ils consentent à ce que nous apportions le vin. Lorsque je demandai conseil sur le type de vin qui se marierait parfaitement avec ce plat des plus inconnus, le père d'Emily me conseilla un Bourgogne. A ce moment-là, je me sentis aussi heureuse qu'une punaise de lit au salon du matelas !

    En quittant la maternité, Quentin et moi avions décidé de nous éloigner du groupe pour nous lancer dans une quête : dénicher un bon vin de Bourgogne pour le repas de ce soir. Nos pas nous conduisirent au caviste « Les Vins d’Aurélien », où Aurélien, un homme d’une sympathie désarmante, nous présenta son dernier carton de six bouteilles du Domaine des Perdrix : un Nuits-Saint-Georges 1er cru Domaine Taupenot-Merme 2022. Bien que cet achat ne fût pas une révélation éclatante, il offrait la promesse d'une qualité éprouvée. Même si nous sommes très loin de la qualité d'un Domaine Leroy ou d'un Henri Gouges. J’ai donc dû convaincre Quentin, qui pensait que trois bouteilles suffiraient amplement. Mais moi, j'avais fait mon petit calcul tout simple : nous étions sept à table et, en ne servant que cinq à six verres par bouteille, la situation devenait précaire si chacun se laissait emporter par la convivialité. Quant aux bouteilles en surplus, j’avais prévu de les offrir aux parents d'Emily en remerciement pour leur invitation.

    Pendant ce temps, le reste de la bande avait trouvé refuge chez les parents d'Emily. Chloé, avec sa patience légendaire lorsqu'il s'agit de dessin, tentait d’initier Léo aux subtilités du coloriage et de l’estompage. Armée d'un simple morceau de papier toilette, elle s’efforçait de lui enseigner l'art de gommer les traits qu'il avait esquissés avec ses crayons. Pour sa démonstration, elle avait choisi le visage d'une petite fille dans l'un des cahiers que nous avions achetés plus tôt. En ajoutant des lumières et des ombres, modulant avec une multitude de teintes. Je ne sais pas si elle était consciente qu'il ne suffisait pas d'un instant pour maîtriser ces nuances ; Parfois, il faut deux décennies pour atteindre un tel niveau de précision, à condition d'être aussi douée qu'elle. Pour ma part, une vie ne suffira pas…

    Pour Léo, l’exercice s’avérait d’une complexité vertigineuse. Eviter de déborder avec son crayon représentait déjà un défi monumental. Alors, estomper… cela devenait un véritable casse-tête ! Il avait même dû sacrifier un demi-rouleau de papier toilette pour réaliser son chef-d'œuvre. A notre arrivée, Chloé s’efforçait de récupérer l'œuvre de Léo avec une gomme, mais pourquoi s’en étonner ? Qui me répétait quelques heures auparavant : « Mais il n’a que cinq ans ! » En toute bienveillance, j'ai choisi de ne pas trop insister sur cette réalité… 

    Chloé a entrepris, avec une rigueur à la mesure de son talent artistique, de reprendre l’intégralité du coloriage de Léo. Après une heure de dévotion laborieuse, elle se tourne vers moi, l'œil brillant d’une fierté innocente : « Tu as vu ce qu’a fait Léo, n’est-ce pas admirable ? » A ces mots, je ne pus m’empêcher de répondre par un acquiescement chargé de respect avec mon sourcil levé : « Oui, c'est véritablement magnifique. Ce qui me frappe le plus, c’est que, à cinq ans, il parvient déjà à poser des couleurs d'une justesse remarquable, chacune étant en rapport avec les autres dans une danse subtile. Il exploite, avec une précocité étonnante, les contrastes, insufflant une dynamique à son œuvre. Un prodige, ce petit, qui semble avoir saisi, instinctivement, les tensions visuelles subtiles. Et ne devrions-nous pas également évoquer son sens inné de la lumière et des ombres, des éléments qu'il équilibre avec une telle finesse, contribuant ainsi à cette harmonie visuelle si précieuse ? »

    Je lui rappelle alors que nous avons eu la même formation en histoire de l’art avec Blanche, ainsi que deux années de cours de dessin, même si mes talents en dessin sont plutôt limités. Je suis encore capable de distinguer quelques détails obscurcis par la main impétueuse de madame Chloé, car, après tout, ce ne sont que de menus ajustements qu’elle a appliqués. En guise de réponse, et pour la seconde fois ce week-end, elle me tire la langue, en symbole d’une révolte délicieuse contre mes remarques.

    Peu après, la famille se rassemble pour admirer cette œuvre. Le grand-père, avec des yeux pétillants d’admiration, se déclare en faveur d’un encadrement, tant il trouve cette création belle. Dans ce petit monde, l’art se fait fenêtre sur l’innocence et l’émerveillement, transcendant même les frontières du talent et de l’expérience.

    En attendant que Léo devienne  le nouveau Michel-Ange ou Raphaël, j’apprends qu’il y aura deux couverts de plus : les parents de Quentin, qui sont en route. Du coup, la question se pose : pour les bouteilles, qui avait raison finalement ? Je pose juste la question…

    Ce week-end, un événement d'une portée essentielle s’apprête à redéfinir le cours de mon existence : la célébration de mon anniversaire. Ce moment, chargé de significations multiples, suscite en moi un tourbillon de réflexions sur le passage inexorable du temps et les contours de mon identité en évolution. En parallèle, je vous révélerai la suite de nos péripéties lilloises...

    A vous tous, je vous souhaite une excellente semaine.

    A Bientôt,
    Chlo & Til 

    mardi 4 mars 2025

    Journal de bord 4/03/2025 l'humanité marche sur un fil fragile.

    “Entre désirs et contraintes, l'humanité marche sur un fil fragile.”

    Moi (lol) / Juste entre nous 2


    Cet article, riche en expériences et réflexions, se prête à une décomposition en deux ou trois volets ou plus, tant d'événements variés se sont entremêlés. Il me semble essentiel de partager ces moments vécus pour explorer le sens de ces rencontres qui enrichissent notre compréhension du monde.

    Entre l’actualité, nos explorations muséales et notre escapade à Lille, une toile complexe se tisse, tout en devant composer avec ce temps qui nous échappe. Face à cette réalité, je me trouve confronté à un dilemme : raccourcir mes écrits ou compromettre la qualité précieusement cultivée depuis le début de cette rentrée. Ainsi va la condition humaine, oscillant entre désirs insatiables et exigences du quotidien. C'est cette tension que je voulais mettre en lumière dès l'introduction.

    Quant à Chloé, elle manque cruellement de temps pour créer une illustration pour cet article. Elle a donc opté pour une toile réalisée l’année dernière, en écho à ma réflexion du jour.

    Une fin de semaine chargée nous attendait, ma chérie et moi…

    Notre actualité :

    Ma bien-aimée, telle une cascadeuse en pleine mission, a débarqué sur sa trottinette électrique, pressée de finir ses cours pour profiter de chaque instant avant que le taxi ne nous emmène à la gare de Lyon. Les valises déjà prêtes, notre week-end à Lille se profilait à l’horizon. À peine arrivée à l’appartement, elle avait à peine le temps de se désaltérer, de se laver et de se changer avant l’arrivée du taxi, impatient de nous conduire vers notre nouvelle aventure en tant que marraines.

    Durant le trajet, nous nous sommes immergées dans nos tablettes, ces écrans devenus témoins silencieux de notre travail quotidien. Chaque jour, quand je lui rends son compte rendu de cours avec sa liste d’exigences académiques à mémoriser, elle ne peut s’empêcher de lâcher un soupir exagéré : « Quoi ??? Tout ça ??? » Sa réaction me fait sourire, surtout après mes efforts. En guide attentive, je l’incite à me réciter les éléments de sa liste ; sans ça, elle peine à distinguer ce qu’elle a retenu de ce qui s’est évanoui de sa mémoire. La subtilité de son esprit, un labyrinthe de curiosité et d’appréhension, m’échappe souvent. Ce processus, frustrant mais révélateur, met en lumière sa lutte quotidienne entre connaissance et oubli.

    Pour enrichir notre voyage, je lui ai concocté un petit quiz, une invitation à réfléchir sur ses apprentissages du mois passé. Mon but ? Faire un état des lieux et raviver ce qui s'est déjà envolé de sa mémoire. Peu importe le résultat, je suis déterminée à lui insuffler un brin de motivation, tel un capitaine galvanisant son équipage face à la tempête.

    A l’approche de Lille, l’expression de Chloé s’assombrit en entendant une nouvelle difficile : non seulement elle doit assimiler ses nouveaux cours, mais elle va devoir aussi se replonger dans les révisions précédentes. Telle une enfant récalcitrante, elle fronce les sourcils et, emportée par son indignation, me lance avec un sourire espiègle : « Je ne suis plus ta copine ! » et elle me tire la langue. C'est à la fois attendrissant et agaçant ; sa rébellion enfantine me fait sourire. Ce moment est une danse délicate entre légèreté et engagement, un écho des tumultes de l'apprentissage, où affection et exigence s’entrelacent.

    Bien que je ressente parfois de la frustration à endosser ce rôle auprès de ma chérie, j’ai l’impression d’être une mère. Pourtant, je sais que ces cours sont essentiels pour sa carrière. J’essaie d'aider à tracer son chemin, malgré ses réticences liées à son tempérament artistique. Et lorsque je m’emporte, je me dis que si elle devait m'apprendre le dessin, ce serait un vrai casse-tête, peut-être même impossible.

    La conclusion de mon stage en pédopsychiatrie a été empreinte de mélancolie et d’émotion. Mes collègues, avec une délicatesse touchante, m’ont offert une bande dessinée intitulée L’Incroyable Histoire de la médecine, accompagnée d’une carte ornée de mots tendres et de signatures. Une gratitude sincère m’a envahie ; pas besoin de creuser un puits, les larmes étaient déjà là. Le directeur m’a confirmé la validation de mon stage, et plusieurs professeurs m'ont souhaité une belle carrière de pédiatre. C'était un moment insolite ; je n'avais jamais reçu un tel élan de tendresse pour mon départ d’un service. Ils m'ont appris que ce pot était une première pour le départ d'une stagiaire, une petite révolution !

    L'équipe est tout simplement incroyable. Elle brise les barrières rigides en privilégiant un modèle basé sur l’humanité, où chacun œuvre avec passion et dévouement. C'était une célébration de ce qui nous unit, nous élève bien au-delà des simples obligations professionnelles. Devenir, à leur image, compétente et attentive aux besoins de mes patients, est et devrait être le rêve de tout futur médecin.

    Lille :

    Enfin, nous voilà arrivées, légèrement en retard à 18 h 10, face à la rigueur légendaire de la SNCF. Un tel retard, c'est presque une manière d’être à l’heure ; pour eux, le temps n'est qu'une abstraction (et après, vous allez me dire que c'est moi qui fais du mauvais esprit…). A notre arrivée, Céline nous attendait, son sourire rayonnant illuminant l’atmosphère, tel un rayon de soleil réchauffant cette fin de journée. C'est avec une joie sincère que je lui remis l'énorme plante verte, symbole de notre gratitude pour leur accueil chaleureux que j'avais dans les bras.

    Avec une légèreté contagieuse, elle nous annonce que nous avons un peu de marge, insufflant un éclat d’espoir dans notre emploi du temps, puisque nous avons jusqu’à 20 h pour rendre visite à Emily et Justine. Elle nous propose un détour par leur appartement, leur havre de paix où nous pourrions nous installer, déballer nos affaires et surtout, nous rafraîchir. Ce geste intimiste s’avère nécessaire après notre voyage, avant d’aller saluer l’heureuse maman et notre filleule.

    Leur appartement, charmant et bien agencé, révèle une subtile harmonie entre espace et fonctionnalité. La chambre d’amis, véritable cocon spacieux et accueillant, a été délicatement décorée par Céline avec des fleurs fraîches, ajoutant une touche délicate à notre accueil. Telle une adolescente, Chloé, dans un élan de désinvolture, refuse de se changer, tandis que moi, fidèle à mes habitudes, me précipite sous la douche avant de me revêtir de frais.

    A peine arrivées à la maternité, nous avons rejoint Emily et Justine, unies par le précieux fil de la solidarité féminine. Les parents d'Emily (Andrée et Philippe), Quentin, Léo et Jean-Charles étaient également présents, formant un tableau familial vibrant de joie. Céline et Jean-Charles assument le rôle de marraines et parrains du petit Léo, s'intégrant ainsi pleinement dans le tissu de la famille, devenant des piliers d'affection et de soutien. L’atmosphère était légère, telle une brise printanière, et les rires résonnaient comme une douce mélodie. En entrant, l'infirmière, avec son sourire complice, nous accueille avec enthousiasme : « Cela fait plaisir à voir ! Voici une famille unie où il fait bon vivre ! »

    Et puis, il y avait Léo, notre petit bonhomme, copain de Chloé, qui a bien grandi tout en maintenant une délicate timidité enfantine. Ses souvenirs lumineux évoquaient des instants partagés, surtout autour des dessins, échappés d’un monde d’imagination et d’amitié.

    Nos présents, véritables marques d’amour inconditionnel, illuminent les liens familiaux. En devenant marraines de Justine, nous faisons un pas audacieux dans leur sphère intime, scellant notre appartenance à cette belle famille. Il est presque gênant de réaliser à quel point l'importance accordée aux présents que nous avions apportés était démesurée. Une chaîne et sa médaille, toutes deux ornées du sceau d'un prestigieux bijoutier, certes, représentent une valeur indéniable. Mais ce qui nous importait vraiment, à Chlo et moi, c'était que Justine puisse les porter tout au long de sa vie, si tel est son désir. Nous souhaitions lui offrir un bijou d'une qualité certaine. En complément, nous avons inclus un chèque destiné à Justine, pour lui apporter une dose de chance pour son avenir, et pour la maman, un bouquet de fleurs éclatantes, accompagné d'un roman historique récent, Les Armes de la lumière, de Ken Follett. (Il est indéniable que notre affection pour ce romancier est réciproque. Je viens de terminer la lecture de celui-ci. Avec Chlo, nous lui offrons le dernier opus de "Les Piliers de la Terre", un ouvrage qui, après avoir été délicatement refermé, suscite inévitablement une réflexion profonde. Quelles sont donc ces "Armes de la Lumière", avec son titre original "The Armor of Light" traduit en espagnol par "La Armadura de la Luz" ? Ces mots, bien plus que de simples termes, évoquent un questionnement sur l'essence même de notre humanité, sur la lutte entre l'obscurité et la clarté, où chaque lecteur devient le protagoniste de sa propre quête de sens. La littérature, dans sa splendeur, nous invite à explorer ces notions et à interroger nos combats intérieurs…) Sans oublier une petite voiture, pour ne pas froisser notre petit bonhomme Léo, ainsi qu'une très bonne bouteille de champagne pour l'heureux papa. Emily, Quentin, et même les parents d’Emily semblaient considérer ce geste comme une offrande inestimable, nous remerciant avec une ferveur telle qu’on aurait cru que nous venions de leur offrir les bijoux de la couronne d’Angleterre et un chèque d’un million de dollars.

    Après avoir offert nos présents, nous avons décidé de laisser Quentin profiter d’un moment avec son épouse et leur petite Justine. Les grands-parents étaient censés s’occuper de Léo ce soir-là, mais le petit bonhomme était déterminé à rester collé à Chloé. J'ai alors dû négocier avec lui, lui promettant que samedi après-midi, nous passerions du temps ensemble et partirions à la recherche d’un carrousel (ou plutôt d’un manège, comme il me l’a fait remarquer avec un « hein ? » plein de curiosité). Finalement, il accepta de partir avec ses grands-parents, oscillant entre le rire et les larmes.

    Nous nous sommes réunis, entre adultes, pour partager un dîner chaleureux à l'occasion de la naissance de Justine. L’excitation flottait dans l’air, et il m'importait de témoigner ma profonde gratitude envers nos hôtes, Céline et Jean-Charles, pour leur accueil si généreux et leur offre d'hébergement, tout en félicitant l’heureux papa. Offrir ce repas était un hommage à leur bienveillance, une manière de célébrer ensemble la magie de la vie.

    Le choix de Céline et Jean-Charles s'est porté sur le charme d'un petit  restaurant "Le Chantecler", situé au cœur de Lille. Cet établissement, sans prétention à la haute gastronomie, prodigue une cuisine traditionnelle et conviviale, parfaitement adaptée à la célébration de notre événement du jour. L’ambiance y était idéale, le décor créant un cocon propice aux échanges sincères et authentiques. Le repas fut accompagné d'un Château la Gaffelière 2018, un 1ᵉʳ Grand Cru Classé B. Si je dois confesser que les vins de Bordeaux ne m’enchantent guère, c’est en raison de leur prépondérance, souvent trop capiteuse et pesante. Ils imposent leur ombre sur les saveurs délicates des plats, annihilant la nuance, la légèreté qui devraient s’y exprimer. Cependant, en dépit de cette aversion, ce vin a su remplir son rôle, comme une présence à la table, un témoignage de ce que la tradition vinicole peut apporter, même si, pour moi, il reste un confort éphémère.

    Au fil de la soirée, les rires ont fusé, les anecdotes se sont entremêlées, tissant une bulle de bonheur autour de nous. Chacun était empreint de joie, célébrant non seulement la petite Justine, mais aussi l’amour et l’amitié qui nous unissaient. Ce savoureux mélange de plats et de paroles s'est mué en un souvenir mémorable, nous enveloppant tous dans une chaleureuse complicité.

    A la suite de cette soirée, nous avons cherché à prolonger ce moment privilégié au Joker Cocktails & Bar, un havre où la convivialité se mêlait à l’air léger du soir. Tout au long de la nuit, il nous fut impossible de payer quoi que ce soit ; nous devenions les invités de Céline et Jean-Charles ou de Quentin, ajoutant une touche de gratitude à l'atmosphère festive.

    A une heure du matin, nous rentrions dans nos quartiers, bercés par un mélange d'excitation palpable qui éveillait nos sens, accompagné des échos d'un copieux repas généreusement arrosé et des rires joyeux qui avaient rythmé notre soirée. Ajoutez à cela l'anticipation de faire la connaissance de notre filleule, et la chaleur réconfortante de la camaraderie partagée avec nos amis s’unissait à la fatigue accumulée au fil d'une semaine éprouvante et d'un voyage qui avait mis nos corps à l'épreuve.

    Les résonances de nos rires flottaient encore en nous, tandis que la richesse du repas et l’ivresse légère des cocktails devenaient des complices silencieux, nous entraînant vers une douce torpeur. Carnets d'humanité, nous trouvions refuge dans les bras de Morphée, abandonnés à la quiétude d’un sommeil insouciant, tel un cocon réconfortant. Et dans ce contraste délicat, nous réalisions le paradoxe de notre existence : désirer ardemment la vie tout en s’abandonnant à la sérénité d’un sommeil fragile et réparateur.

    La suite de nos péripéties lilloises sera dévoilée la semaine prochaine…

    A vous tous, je vous souhaite une excellente semaine.

    A Bientôt,
    Chlo & Til