“Entre amour, incertitudes et découvertes, chaque jour devient une nouvelle aventure.”
Les cours de ma chérie se poursuivent avec la régularité d’un métronome, et moi, je trouve ma place dans le rôle de son humble aide-de-camp. Elle s’immerge timidement dans les arcanes du management, s’efforçant d’en percer les subtilités, tel un explorateur en quête de trésors enfouis. Quant à moi, je me dois d’être sa boussole dans cet univers qui m'est totalement étranger.
Mais de mon côté, la fin de mon stage se profile inexorablement, avec son échéance : vendredi à 13 heures. D’après les membres de l’équipe, ma validation semble être une formalité, presque une certitude. Une amertume résiduelle flotte parmi mes collègues, inconsolés à l'idée de me voir quitter leur service. Et moi aussi, j'éprouve une profonde tristesse à l'idée de quitter cette équipe exceptionnelle, où l'humain est réellement mis en avant. Les moments partagés ont allumé en moi une passion insoupçonnée pour la pédopsychiatrie, me laissant perplexe face à la voie que je devrais emprunter si mon choix n’était pas déjà arrêté. A vrai dire, j’aurais sans doute remis en question mes certitudes.
Il ne me reste plus que trois mois avant de passer mon examen final, tout en jonglant avec mes deux derniers stages. Cette perspective m’évoque une lueur d’espoir : je pourrais enfin prendre un souffle, l’esprit apaisé par l’idée d’être interne l’année prochaine. Cependant, une ombre persiste : l’incertitude liée à notre appartement à Lausanne, une épine qui, tel un souvenir tenace, s'accroche à mes pensées…
Alors, cette exposition "L'Art et rien que l'Art"...
Ce qui a éveillé notre curiosité à l'égard de cette exposition, c'est sans conteste la promesse d'un voyage à travers l'univers des artistes contemporains, tels que Cabral, Plé et d'autres talents, peut-être moins en vue. L'un des attraits non négligeables de cet événement est sa localisation, à deux pas de l'appartement de mes parents, dans le 16ᵉ arrondissement de Paris, à l'hôtel Square. Cet hôtel, que nous ignorions, est une véritable institution qui arbore fièrement ses cinq étoiles.
L'architecture, résolument contemporaine, avec son granit vert omniprésent et ses baies vitrées, ne saurait être qualifiée de froide. (Bon… ou peut-être un peu… Je l’admets, elle laisse planer une légère brise glaciale… Mais qui oserait prétendre à une chaleur humaine dans un tel écrin ?)
Quant à ma sensibilité artistique, peu influencée par les courants modernes, je dois avouer que mes goûts, désespérément surannés, m'éloignent de cette exposition qui frôle l’audace avant-gardiste. Chloé, en revanche, a trouvé un certain attrait pour les sculptures de Sylvain Piget, admirant son approche exploratoire de la texture, de la lumière et du volume. Pour ma part, je suis restée en retrait face à ces œuvres, marquée par une réserve qui me laisse perplexe, comme si le sens de ces créations m’échappait… Pourtant, je ne qualifierais pas cette incompréhension de désagréable ; loin d’être inesthétique, elle révèle un mystère, une invitation à explorer des horizons qui me resteront sans nul doute inconnus…
Comme nous vous l'avions exposé la semaine dernière, il devient impératif, dans notre quête d'authenticité, de ralentir le cours de ces agapes pantagruéliques, souvent teintées d'excès et de libations euphorisantes. Pourtant, nous nous sommes vues contraintes de prolonger cette voie que nous avions jugée peu raisonnable : Océane (pamplemousse rose), dans un élan d'ouverture, nous a conviées jeudi soir chez elle pour nous présenter son petit ami Armando, qui a choisi de quitter le Mexique, où ils s'étaient rencontrés pendant les vacances d'Océane, pour se rapprocher d’elle. Armando est designer d’accessoires de mode, fraîchement embauché à Paris. Je ne peux qu'espérer qu'ils trouveront ensemble le bonheur tant mérité !
Animées par le désir d'enrichir nos existences de manière incommensurable, nous avons cédé à la douceur des mets et des breuvages, car il nous importait d’être les partisanes d’un monde où l’altruisme et la probité règnent en maîtres. (De quelle mauvaise foi me parlez-vous ??? Non, désolée… je ne vois pas !)
Dans cette rencontre, nous avons célébré non seulement l'amour, mais aussi la richesse des échanges qui nourrissent nos relations et élargissent notre horizon. Heureusement, Océane avait eu la prévoyance d'inviter deux autres couples, car Armando, bien que chaleureux, s'exprime très peu en français. Il parle anglais comme une vache espagnole (normal, me direz-vous !). L'unique moyen d'échanger véritablement avec lui repose donc sur l'usage de l'espagnol.
Personnellement, j'étais ravie de cette perspective ; mon espagnol, imprégné des tonalités de Madrid, se mêlait aux expressions pittoresques et pétillantes qu'il apportait de son Mexique natal. Nos échanges furent alors colorés de rires et d'une petite complicité. Chloé, quant à elle, s'est naturellement retrouvée aux côtés de l'un des couples présents, tissant des liens dans cette atmosphère conviviale. Elle n'hésite pas à exprimer son souhait que nous les invitions un de ces soirs chez nous, comme si j'avais vraiment mon mot à dire dans cette histoire…
Armando, passionné de cuisine, avait pris les rênes du repas, préparant des enchiladas, un plat emblématique du Mexique. C'est un plat qui consiste en de la viande hachée enroulée dans des tortillas avec du fromage, des oignons, de la sauce tomate et une palette d'épices, rehaussée d'un piment (un peu trop pour ma part…). En véritable jeune fille bien élevée, j'ai terminé mon assiette ! (Si… hum… oui… c’était vraiment délicieux ! Un autre ? Non, merci, je vais rester raisonnable !)
Il est toujours ardu de dévoiler à un ami, après tout le soin et l’effort qu’il a consacrés à la préparation d’un repas, que la saveur de son plat ne parvient pas à éveiller en nous l’enthousiasme escompté. C'est une danse délicate entre l'authenticité et le respect, où l'on se retrouve face à cette dichotomie : comment naviguer dans les méandres de la vérité sans froisser la sensibilité de celui qui a investi tant de soin dans son acte de générosité ? La cuisine, transcendant la simple nourishment, devient un langage d'amitié, et de ce fait, exprimer notre désenchantement peut sembler presque un affront à l'humanité de notre interlocuteur. Il est dans notre nature de vouloir plaire, mais en même temps, la nécessité d'une honnêteté sincère nous taraude… Quelle complexité que celle des relations humaines !
Dans le cadre éminemment intime de notre existence partagée, il est de mise d’honorer l’arrivée de notre filleule, Justine, qui a fait son apparition en ce jeudi, à l’aube, précisément à 6 h. Émilie, sa maman, s’épanouit dans la joie de cette maternité, tandis que Léo, dans la candide légèreté de son âge, s’illustre par son bonheur d’accueillir une petite sœur. Quant au papa, Quentin, il se retrouve dans une extase presque palpable, conscient de la beauté et de l’émotion qui émanent d’un tel instant.
Chloé et moi avons planifié notre voyage en TGV pour ce vendredi à 16 h 51. Le temps pressera légèrement pour Chloé, qui se trouvera contrainte de quitter ses cours à la dernière minute. Céline, notre complice, sera à la gare de Lille TGV pour nous accueillir et nous diriger vers la maternité, là où nos étoiles du jour brillent de mille feux.
Dans ce contexte festif, nous avons opté, comme le veut la tradition, pour offrir à Justine une chaîne en or, malgré la conscience que celle-ci pourrait s’avérer un peu trop imposante pour ses fragiles épaules. Cette chaîne, ornée d’une médaille, sera présentée à la bénédiction par mes soins auprès de notre pasteure, vendredi en début d’après-midi, après mes incessantes heures de labeur à l’hôpital. A ce présent de choix, nous ajoutons une petite somme symbolique que Quentin devra déposer sur le compte de la petite Justine, un geste empreint de promesses pour un avenir serein.
Ce voyage, bien qu’initialement inattendu, se révèle désormais inévitable. Chaque fibre de notre existence vibre à l’idée de découvrir ce que l’on appelle la "huitième merveille du monde", tout en savourant l’amour qui nous unit à nos amis proches.
Dans cette symphonie humaine, Céline et Jean-Charles, nos amis lillois, expriment leur désir de nous retrouver et nous accueillent les bras ouverts, nous cédant gracieusement leur chambre d'amis pour ce week-end. Pourtant, malgré la joie ambiante qui s’annonce, une intuition persistante me murmure que ces festivités seront sans doute une occasion supplémentaire de reporter notre projet de régime… affaibli par les délices de l’existence. Cependant, il serait vraiment impoli de refuser les plats et les boissons que nos amis veulent partager avec nous… Comme si c’était de notre faute de succomber à tant de délices ! NON ! C'est vraiment par obligation ! Ah, la vie, avec ses caprices et ses tourments, peut parfois se montrer rude, n’est-ce pas ? (Rassurez-vous, c'est une touche d’humour !)