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  • lundi 13 mai 2024

    Journal de bord 12/05/2024 Notre semaine de vacances à Venise (3)

    “Aucun coin de la terre n'a donné lieu, plus que Venise, à cette conspiration de l'enthousiasme.”

    Guy de Maupassant / La Vie errante. 

    Comme je vous l'ai précédemment indiqué, j'ai rencontré des obstacles pour retrouver mon rythme de croisière après cette semaine extraordinaire à Venise ! Il est également important de prendre en considération mon changement de service et d'horaire, puisque je travaille aux urgences pédiatriques de nuit depuis lundi.

    Mercredi soir, ma chérie m'a demandé avec son air de petite fille sage si j'accepterais que nous allions à Lyon au festival des nuits sonores ce samedi. À peine suis-je revenue dans mon agréable routine que nous voilà reparties pour de nouvelles aventures ! Pfffff… Comment peut-on même imaginer que je puisse lui refuser ? Elle m'exploite entièrement, la Chlo ! Pour bonne preuve, elle avait acheté les billets pour la soirée en ligne (mais pas le TGV ni réservé l'hôtel) avant même de connaître ma réponse. Notre week-end (samedi, dimanche) a donc été passé dans la capitale des Gaules, dans une usine abandonnée à se trémousser et à écouter de la musique électro, enfin… pas seulement heureusement… pour moi. Donc, je vous le dis franchement, je ne peux pas faire preuve d'une plus grande preuve d'amour, car c'est tout ce que je n'aime pas. Après la fin des résumés de notre lune de miel, vous aurez le résumé de ce week-end riche en événements. Nous avons être en léger décalage avec le direct, mais cela n'est pas très grave… Le temps aussi que je retrouve mon poids, puisque ma balance me dit des insanités (+4,1kg).

    Revenons au mercredi 17/04/2024

    Troisième jour à Venise.
    Mon tour de running commence à être au point. Je ne prévois pas de modifier mon parcours, mais plutôt de trouver mes marques, et de mettre en œuvre des  automatismes. 
    Ce matin, j'ai fait mon run avec une femme nommée Valentina. C'était plaisant, bien que j'apprécie d'être seule pendant mes runs.

    Une journée riche en émotions nous attend avec la suite de la découverte de la ville avec Anna. Nous avons rendez-vous à 9 h sur la place San Marco. Pour un petit programme ce matin, visite du Teatro la Fenice et visite du musée d'art contemporain de Venise.
    Par la suite, nous retournerons à notre suite afin de nous changer de tenue, de prendre le taxi-bateau de l'hôtel pour nous rendre dans ce restaurant très select de Venise, "L'Oro" restaurant de l'hôtel Cipriani. (Réservation effectuée depuis Lille). Nous devons absolument être au restaurant au maximum à 13 h sous peine de pénalités si nous ne nous présentons pas en temps et en heure. (Oui, surprenant, mais bon…) Comme ce repas est l'un des points culminants de notre séjour vénitien, nous allons tout faire pour vivre cet événement dans les meilleures conditions.

    Mais revenons à la visite...

    Teatro la Fenice:
    Après un incendie, ils mettront 8 ans de travaux pour que la salle soit reconstruite à l'identique. L'une des plus belles scènes lyriques au monde ! C’est dans ce magnifique opéra vénitien, d’abord nommé Opera San Fantìn (du nom du campo où il se trouve), que Verdi créa Rigoletto, en 1851, et La Traviata. C'est ici aussi que Maria Callas fit ses débuts à 24 ans. Elle avait chanté Tristan et Isolde de Richard Wagner et devint la plus grande soprano mondiale.

    Ensuite, direction la collection. Peggy Guggenheim est l'un des musées d'art européen et nord-américain les plus importants du XXe siècle en Italie. Il est situé dans l'ancienne demeure de Peggy Guggenheim, le Palazzo Venier dei Leoni, sur le Grand Canal à Venise. Une collection spectaculaire dans 7 salles, les œuvres sont d’artistes cubistes, Picasso, Braque…, de l’école américaine avec Jackson Pollock, dadaïstes, Magritte, Miro… et un mobile de Calder. Trop trop trop génial ! Chlo et moi avons adoré, même si une petite réorganisation du personnel ne serait pas de trop.


    Nous voilà enfin à notre restaurant tant attendu : L'Oro.
    Je dois admettre que je n'en ai pas discuté avec Chloé, mais je n'ai pas vraiment apprécié lors de ma réservation le fait qu'ils prennent l'empreinte de ma carte bleue et me menacent de sanctions en cas de retard. J'aurai déjà dû refuser. Etant donné que le restaurant est triple étoilé Michelin et qu'il se trouve dans l'historique hôtel Cipriani, avec ce magnifique panorama sur le lagon, et qu'il fait partie des événements majeurs de nos vacances. D'accord, je vais faire preuve de bienveillance et apporter ce moment magique à ma chérie !

    A notre arrivée, la vue sur le lagon est magnifique, nous sommes toutes les deux heureuses et émerveillées par ce décor extraordinaire (la photo).
    Le directeur du restaurant nous accueille, nous signale que le chef Ricardo (connu sous le nom de magicien de la cuisine) a quitté la maison. (C'est dommage, ils auraient pu nous le dire lors de notre réservation !). Mais pas de panique, un jeune chef dirige la brigade de la cuisine. Le concept du restaurant a également été modifié et ils ne font plus que des menus fixes. (Well… D'accord !)

    On nous installe étrangement. Rien n'est meilleur que de déjeuner en face de celle que vous aimez. Là, on nous demande de nous asseoir côte à côte. Première fois que je vois ça ! (A croire que nous ne sortons pas assez ! )

    Apéritif maison : une délicieuse coupe de… vin blanc pétillant de kermesse (Aie !). Je demande au serveur si nous ne pourrions pas obtenir deux coupes de "vrai" champagne. Le serveur me confirme que cela est envisageable, mais nos deux verres d'apéritif maison nous seront néanmoins facturés. (On ressent immédiatement le début d'une idylle d'un véritable amour entre eux et nous !) Je lui réponds : « Soit ! » Il nous a servi un champagne de supermarché, médiocre et excessivement trop vert ! Pour être honnête, nous aurions dû partir à ce moment-là, tout disfonctionait dans cet établissement. Mais que ne ferais-je pas pour celle que j'aime ? Chloé était tellement radieuse et souriante, sa joie d'être là était palpable !

    Le menu dégustation à 250 € (sans les vins) a été choisi. Pendant les 3 heures, la nourriture était une combinaison étrange, tiède, voir froide, fade au goût douteux aux mélanges improbables qui s'est enchaînée, car le service est désordonné et véritablement catastrophique. Je suis en accord avec le fait que les Italiens ne sont pas fans des fast-foods, mais là, moins rapide que ce service, tu recules ! En guise de feux d'artifice, la glace à la vanille avec du jus d'huîtres. Quel goût cela peut-il avoir ? Exécrable, effrayant. Cela était tout simplement immangeable ! Et pourtant, j'apprécie la glace à la vanille tout comme les huîtres (mais pas en même temps !).

    Moi aussi, je peux m'improviser chef de cuisine (mais ce n'est pas moi qui vais manger mes plats ! LOL !) Je vous propose :
    Apéritif : tomate cerise enrobée de Nutella à la sauce soja, avec ses sushis à la confiture d'orange amère au Carolina Reaper.
    Entrée : Concombre à la crème de marron avec sa vinaigrette à la fraise.
    Plat principal : gigot d'agneau à la banane, aux cacahuètes et sa sauce au Munster et à la poudre de curry.
    Dessert : yaourt au thon à la noix de coco avec son coulis roquefort et chantilly.

    En ce qui concerne cette personne qui se prétend être chef de cuisine, qu'elle change de profession, elle n'a aucun talent. Rien n’est bon dans sa cuisine !!!

    Après ce repas catastrophique, nous sommes repassées par notre hôtel pour prendre les affaires de peinture de Chloé, ma liseuse, et rejoindre notre gondole journalière pour nous rendre dans un lieu inconnu au décor parfait pour ma chérie. Arrivées, Chloé a commencé à dessiner et moi à lire. Je souhaite terminer "Le Roman de Venise". Il s'agit de l'histoire de l'amour entre Alfred de Musset et George Sand à Venise, écrite par eux-mêmes. En juin 1833, George Sand, une jeune femme, tombe amoureuse d'un jeune homme plus jeune qu'elle (6 ans), Alfred de Musset. Les échanges épistolaires entre George Sand et Alfred De Musset sont bien connus de tous et particulièrement beaux ! Or, ce livre est plutôt un travail d'historien de qualité qui nous présente les différents problèmes de santé et d'argent auxquels le couple est confronté, ainsi qu'une description des conditions de vie dans lesquelles ils évoluent en 1833. (Bien… mais je m'en moque un peu !)

    Ce n'est pas de cette magnifique histoire d'amour romantique entre ces deux individus exceptionnels dont parle le livre. J'ai donc forcément été déçue.

    Heureusement, en même temps que cet ouvrage, j'ai entamé un très bon polar (thriller) de 800 pages, Glen Affric, de Karine Giebel. Cette écrivaine sait me faire sortir de ma zone de confort en sélectionnant avec soin ses personnages. Chaque dixième page, je me demande si j'arrête ou si je poursuis ma lecture. Parce que j'ai du mal à lire ce roman. J'éprouve de nombreuses émotions : la tristesse, la joie, le dégoût, l'inspiration… Elle parvient à mettre en évidence ce que l'homme peut de plus sombre, mais aussi ce qu'il peut de plus brillant. Est-ce que j'ai réellement le choix ? Son écriture est vraiment accrochante et si addictive !
     
    Pendant que mon amour peignait et que je tremblais, complètement effrayée, horrifiée par la vie de Jorge, Léonard, Moma, personnages de mon roman, une jeune fille Elena 5 ans est apparue. Nous avons échangé un sourire sans prononcer un mot, puis elle s'est intéressée à l'œuvre de Chlo. Elle a disparu aussi rapidement qu'elle était venue nous voir. Au bout de cinq minutes, elle revint et me donna son doudou en me disant quelque chose du genre : "Ecco, tienilo per me!" (Tiens, tiens-moi ça pour moi !) Elle s'est installée à côté de Chloé avec une feuille et ses crayons de couleurs, et elle s'est également mise à dessiner, un peu surprise. Je dois bien l'admettre, cela m'a amusé. Chlo m'a adressé un clin d'œil, et nous avons repris nos tâches respectives, le sourire aux lèvres sans échange verbal.
    Après une heure, Chloé a terminé et elle est venue me présenter son aquarelle et me faire un baiser. Quand Chlo réalise une peinture, peu importe le support ou la matière utilisée, le résultat est toujours extraordinaire.

    Chloé et moi sommes ravies de vous présenter pour sa première exposition :
    Eléna, une artiste italienne de 5 ans qui est gauchère. Saurez-vous trouver le détail qui la dévoile ? Solution dans le P.S.


    Elena considéra que son dessin était également achevé, elle vint me l'offrir, me faire un bisou et reprendre son doudou. Selon Chloé, « elle a immédiatement remarqué qui est la patronne de nous deux ». MDR (Je suis patronne de ma soupe, et encore, lorsque l'on me la prépare.) 
    Afin d'exprimer notre gratitude à Elena, Chloé lui a dessiné deux-trois animaux. (Pfff… en fait, elle était jalouse ! Chlo voulait elle aussi son bisou !)
    Dessous, le portrait d'Elena que Chloé vient de terminer. Nous procéderons à son encadrement et à son envoi. Ce sera une petite surprise pour eux.

    Il était 18 h alors que nous rangions nos petites affaires, lorsque la maman d'Elena est venue nous rendre visite. Elle est venue exprimer sa gratitude envers nous pour les dessins et également s'excuser, puisqu'elle craignait qu'Elena nous ait dérangées. Elle parlait un petit peu français et un peu anglais. Nous avons surtout échangé avec le langage des signes, des rires et Google Translate.

    Elle a insisté pour nous proposer un apéritif composé d'un vin cuit ou d'une anisette selon notre choix et de la charcuterie locale préparée par son frère. Chloé et moi étions maintenant immunisées à toutes éventualités grâce à notre repas de midi, nous avons accepté l'invitation. Elle est lingère à l'hôpital et son mari travaille comme garde à l'horloge place San Marco. Il a une meilleure maîtrise de l'anglais et il devait arriver rapidement. Une heure plus tard, son conjoint se présente vêtu de son uniforme et nous a affiché un sourire magnifique. Son niveau d'anglais n'est pas vraiment au point. Ainsi, nous avons continué à communiquer avec la langue de Marceau. Chloé m'était bien supérieure à ce jeu. Nous avons eu beaucoup d'éclats de rire. 

    Ils sont peu fortunés, mais extrêmement généreux. Alba et Pietro ont insisté pour nous garder pour le dîner. Ils ont convié leur neveu et sa femme à se joindre à nous. Vincenzo parle un anglais correct, il exerce son métier à la mairie de Venise, tandis que son épouse Esmée parle parfaitement l'anglais. Elle est hollandaise et travaille au consulat des Pays-Bas à Venise. 

    Nos rires ont été si intenses que Chloé ressentait une douleur à la mâchoire, il est vrai que le vin a coulé à flot. Alors un vin qui piquait un peu en début de soirée, mais après avoir bu plusieurs verres, ils glissaient aisément ! Leur hospitalité m'a profondément marquée. Dès lors, j'ai suggéré à Alba et Pietro de prendre Elena samedi après-midi afin de faire un petit tour avec elle et de lui offrir quelques cadeaux et des confiseries. Ils étaient profondément touchés (sourire doux). En fin de nuit, nous avons échangé nos numéros de téléphone et Vincenzo a insisté pour nous ramener en bateau à notre hôtel et qu'il repasserait prendre sa chérie sur le chemin du retour. Nous avons quitté nos hôtes après avoir laissé discrètement 200 € pour notre contribution aux frais.

    Il était 2 h 30 am, afin de vous raconter cette scène ubuesque de notre retour à l'hôtel : Chlo me trouvait magnifique et souhaitait ardemment me donner un baiser, mais elle était saoule et ne tenait pas debout et lorsqu'elle s'appuyait sur moi, étant moi-même un peu ivre, cela me faisait trébucher sur le siège arrière du bateau, ce qui provoquait que son baiser se déversait dans le vide. Alors nous éclations de rire et soudainement Vincenzo nous dit : « It's going to be longer, I took the wrong road. » Autant dire que maintenant, nous étions tous les trois en larmes de rires. Malgré tout, nous sommes arrivés à rentrer à notre hôtel.
     
    Une douche et extinction des feux, car demain le réveil sera sans doute difficile.

    A Bientôt,
    Chlo & 
    Til 
    P.S. Comme Léonard de Vinci, Albert Einstein, Michel-Ange, Elena est gauchère. Elle écrit parfois en miroir, à l'envers (sur son prénom, dans son dessin, le N est à l'envers). 
    Dis Jamy, comment ça marche ?
    Certains chercheurs prétendent que cela est dû à une « surexposition » aux hormones mâles avant la naissance. Que les gauchers auraient sur leur hémisphère droit une prépondérance, et l'hémisphère droit, c'est l'hémisphère artistique...

    5 commentaires:

    1. Anonyme5/13/2024

      J'aime tes nouveaux longs formats. Ta plume est toujours aussi agréable à lire. Le fil de tes analyses et de tes pensées nous emmènent dans des endroits différents. Suivre vos extraordinaires destins de femmes touchantes, profondes, émouvantes me passionne toujours autant. Je kiffe, je like et je vous dit : Encore ! Pamplemousse rose.

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    2. Anonyme5/13/2024

      Super article ! Comme pamplemousse j'aime bien le format. Par contre je suis deg vous étiez à Lyon et je ne le savais pas. je suis de Lyon. Chloé tes dessins sont hyper originaux. L'anonyme Romain

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    3. Arnaud5/15/2024

      Hello,
      J'espère que depuis votre séjour, le chef du restaurant étoilé a été incarcéré car mettre de la glace à la vanille avec du jus d'huitre c'est criminel (encore davantage en Italie). Qu'il se drogue ou qu'il puisse penser avoir du talent c'est une chose mais le faire subir aux autres ça en est une autre lol.
      Sinon le récit est toujours aussi accrocheur, c'est très plaisant.
      Je sens que le séjour lyonnais va être sympa mdr.
      Bonne journée.

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    4. Anonyme5/15/2024

      J'ai littéralement aimé votre blog, il y à un très bon rythme d'écriture, la plume de l'auteure est fluide et attractive, les illustrations sont magnifiques. Les récits sont bien maîtrisés. Votre amour et ce lien entre vous deux, la loyauté, le respect del'une envers l'autre mais aussi l'univers qui vous entoure que je ne connais pas. Deux jolies femmes que j'ai envie de connaître en plus. Je viens de m'abonner. Flo

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    5. Til le dessin d'Elena est aux stylos-feutres et pas aux crayons de couleur.

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