On apprend chaque jour quelque chose de nouveau...

Chloé a été angoissée toute la semaine parce que nos parents respectifs ont accepté notre invitation du week-end.
Un couple doit recevoir les parents. Alors qu'ils la connaissent depuis l'âge de ces 3 ans, pourquoi jugeraient-ils maintenant son apparence ou d'autres détails sur sa personnalité ou notre couple?
Ma chérie est une artiste, elle est très stressée. Même si je lui dis de rester naturelle, de choisir une tenue qui lui ressemble et d'être à l'aise, ce n'est pas ce que pensent mes parents qui est important, mais savoir que je l'aime par dessus tout.
Notre visite sous les parapluies avec notre guide conférencière préférée Emily nous a ouvert les portes du magnifique Palais de la Bourse (fermé au public). Nous avons eu la chance de pouvoir monter dans son impressionnant beffroi (76 mètres). Il est ornementé d'une horloge et d'un carillon qui sonne tous les quarts d'heure. Pour notre déjeuner, nous nous sommes rendus au restaurant Le Cerisier. La note maximale à l'unanimité. Sinon, notre week-end pluvieux avec nos parents n'a rien eu d'exceptionnel.
Je vais donc vous parler d'un dîner entre amis, moment réel de joie, de plaisir que nous avions partagé deux jours auparavant.
Emily et Quentin nous avaient invités à manger. Ils avaient organisé chez eux un dîner avec un groupe d'amis, composé de Céline, professeur et chercheuse au CNRS au Laboratoire Interdisciplinaire de Lille, et Jean-Charles, docteur de recherche en neurosciences spécialiste de la maladie d'Alzheimer.
Entre les nombreux sujets abordés au cours de notre soirée, une discussion intéressante sur la paraphilie est née à la suite d'une réponse que j'ai donnée sur Quora. Les paraphiles sont des personnes, qui sont sexuellement ou visuellement attirées par les machines telles que les vélos, les voitures et les avions. Emily avait été un peu surprise par ce sujet. J'ai pu répondre facilement à la question de Quora car j'ai récemment terminé la lecture d'un livre sur l'objectophilie intitulé It's Objectum Sexuality : Notebook For Objectophiles. Je me suis donc informée et documentée sur le sujet (essayant de comprendre comment ils fonctionnent et leur moteur...). Jean-Charles avait également lu des articles sur ce sujet.
L'objectophilie : l'objectophilie ou objetsexualité est l'orientation sexuelle ou sentimentale d'une personne vers un ou des objets inanimés. Le terme, inventé par Eija-Riitta Eklöf. C'est cette femme qui avait épousé le mur de Berlin. Ce considère-t-elle aujourd'hui comme veuve ? (Aïe mon humour !). Il est évident que cela n'a rien à voir avec le pygmalionisme (du mythe de Pygmalion) décrivant un sentiment d'amour pour un objet de sa propre création.
Nous en sommes venus à parler des chatbots thérapeutiques basés sur l’I.A. et des personnes qui sont amoureuses de leur chatbot de conversation. Emily me demandait si nous pouvions rattacher ces personnes à des objectophiles ?
Le numérique pénètre nos sociétés et modifie notre rapport au monde, notre rapport à l’autre. Je vais faire ce petit détours pour ceux qui ne connaissent pas trop le sujet.
Qu’est-ce qu’un chatbot basé sur l’I.A. ?
Un chatbot basé sur l'intelligence artificielle (I.A.) est un programme informatique capable de simuler des interactions humaines en utilisant la machine learning et le traitement du langage naturel (NLP) pour comprendre la conversation et générer des réponses comme un humain.
Les chatbots d'I.A., tels que ChatGPT et Google Bard, utilisent le traitement du langage naturel pour alimenter un grand modèle de langage (LLM), qui peut générer tout type de textes, d'images et de musiques en fonction des demandes de l'utilisateur.
En résumé, les chatbots sont intéressants, car :
Ils peuvent être intégrés à des applications de messagerie, des sites Web et des plateformes pour automatiser les tâches répétitives et répondre aux requêtes des clients instantanément, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.
On retrouve leurs compétences liées aux professionnels de la santé, et notamment en psychothérapie, même si depuis le XIXe siècle, le principe de la thérapie n'a pas beaucoup changé, c'est toujours Papa Freud qui nous reçoit…(Désolée pour ce trait d'humour !) Dans sa première version de chatbot psychothérapeutique, son fonctionnement était extrêmement rudimentaire : ELIZA se contentait de reformuler les propos du patient, les transformait en question et ajoutait de temps à autre des phrases comme : « Je vous comprends ». Résultat ? Les patients se sont progressivement attachés à ELIZA, au point de développer une forme de dépendance. C'est « l'effet ELIZA ». Pourtant, ce chatbot était incapable de répondre et se bornait à faire parler le patient en continu. Cette expérience, aussi terrible qu'instructive, a montré que dans la majorité des cas, le patient ne souhaite pas qu'on lui réponde, il veut simplement être écouté. Être écouté, à n'importe quel prix, fut-ce une simple illusion.
Depuis, une pléthore de chatbots thérapeutiques existent : Elomia AI, Replika, Woebot, Talkspace, Owlie, etc… Jusqu'au petit dernier, Koko.
Koko est un petit chatbot d'accompagnement thérapeutique dédié aux adolescentes et aux adolescents. Les jeunes peuvent confier leurs soucis au chatbot, qui les transmet à la communauté pour trouver une solution thérapeutique en « crowdsourcing ». Comment puis-je traduire ça ? C'est une forme de collaboration avec des personnes externes…
Dans mon secteur d'activité (la pédiatrie), là aussi, un chatbot fait son apparition : Le chatbot cKiou qui se présente comme une marraine ! (Soit !)
Personnellement, je reste prudente, je vous donne mon avis sur ces chatbots psychothérapeutiques, puisque ce sont eux qui sont les plus avancés :
Cela est impressionnant, mais mon enthousiasme est modéré.
Oui, bien sûr, les chatbots créent l'illusion d'être un interlocuteur idéal qui ne coupe jamais la parole à celui qui lui parle, qui attend toujours qu'il ait fini de parler, et qui reste toujours poli et affable. Sur le papier (ou plutôt l'écran), le chatbot est un « thérapeute idéal », puisqu'il n'annonce jamais la fin de la séance. On peut l'utiliser comme un porte-chagrin, en lâchant tout ce qui cause notre stress, sans crainte d'accabler nos proches ou d'être jugé. Le problème est que le chatbot thérapeutique agit davantage comme un réceptacle aux angoisses qu'un réel soutien psychologique. Les réponses ne peuvent être que stéréotypées. Je vais aller plus loin et être un peu méchante (Hé,Hé,Hé !) en disant qu'un « idiot savant », même très savant, demeure un « idiot ». À défaut d'une intelligence artificielle, nous avons créé une intelligence superficielle, des « idiots savants ». Au lieu de prendre un moment de réflexion, on assiste à une course technologique effrénée et à large échelle, sans se soucier des conséquences pour la société en général, en jouant avec des choses aussi importantes que la vérité, la réalité, la confiance et l'éducation de nos enfants. Ne sommes nous pas en train de réécrire le livre de Gustav Meyrink, Le Golem, qui raconte comment un homme a réussi à donner vie à une statue d’argile et comment sa création dépourvue de conscience lui a échappé et a commencé à détruire le monde ? Je pense que dans le futur, le mieux que l'on puisse espérer de l'intelligence artificielle, c'est qu'elle permette un jour à des soignants de faire mieux avec elle ce qu'ils font aujourd'hui sans elle, mais certainement pas de les remplacer.
Jean-Charles n'est pas d'accord avec moi. Il nous faisait remarquer que pendant longtemps, philosophes et scientifiques ont opposé raison et émotion. Aujourd'hui, l'évolution des connaissances scientifiques, grâce aux neurosciences (il défend sa paroisse lol), montre que les émotions sont nécessaires au fonctionnement cognitif, à la mémorisation, à l'apprentissage et à l'interaction. La pluridisciplinarité apporte une meilleure compréhension des différentes émotions et du contexte dans lequel elles naissent. Travailler sur les liens entre perception, mémoire et émotions sous l'angle physiologique, neurobiologique, psychologique voire sociétal est fondamental pour une interprétation des signes expressifs émotionnels. Ces rechecherches amèneront obligatoiirement des chatbots plus humain.
Cecile : les limites sont à ce jour technologiques Le chatbot est programmé pour répondre à certains mots-alerte, comme «tristesse» ou «solitude», mais aujourd'hui, il ne peut forcément pas apporter une réponse véritablement empathique et sur mesure, même si cela progresse. Maintenant, à la vue des chiffres, plus de 20 % des foyers américains ont une enceinte vocale comme Google Home ou Alexa, et quelquefois, jusqu'à six enceintes sont présentes au domicile. Une par pièce ! Ces chatbots seront très bientôt capables de détecter certaines de nos émotions (si nous les exprimons) et d'en simuler de façon relativement naturelle. Ils pourraient devenir nos amis virtuels, voire même nos « anges gardiens ».
Pour Quentin, l’I.A. a été constamment surestimée, dans les années 1960 et encore aujourd'hui. Mais ses perspectives à long terme sont sûrement sous-estimées. L'analyse conceptuelle et pratique de cette responsabilité présente des difficultés liées au fait que la projection dans l'avenir est toujours incertaine. Il est cependant nécessaire d'expérimenter les IA afin de comprendre leurs capacités et leurs limites sur le court terme ainsi que sur le long terme.
Emily nous demande si nous ne devrions pas avoir peur de la manipulation ?
La manipulation par un agent conversationnel peut être directe par des informations inexactes ou indirecte grâce à des stratégies de nudge. Le nudge est un terme anglais qui signifie suggestion, incitation ou « coup de pouce ». Il s'agit de pousser doucement la personne dans une direction considérée comme bonne.
Cette théorie de manipulation relativement modérée est non envahissante, qui n'interdit rien et ne restreint pas les options de la personne.
Dans la littérature et le cinéma, les robots émotionnels expliquent comment le numérique s'empare de ce nouveau pouvoir d'influence et pourrait nous manipuler de façon subliminale grâce à nos biais cognitifs. Nous décidons également très souvent à partir d'informations non conscientes.
Le chatbot, pour ou contre ? Le débrief
Chacun ayant son avis sur la chose, il paraît évident que l’efficacité réelle de ce moyen de communication varie selon le secteur d’activité et le type d’entreprise, et même en fonction des objectifs visés. Les chatbots, comme toute technologie de communication en ligne, peuvent poser des problèmes de confidentialité et de sécurité mais aussi d'éthique. Le tout est de mettre ces facteurs en perspectives afin d’évaluer si oui ou non, un chabot vous aidera à améliorer votre relation clientèle ou patientèle.
A ne pas rater la semaine prochaine dans votre blog préféré !
La suite et la fin de notre discussion sur les personnes qui se lient d'amitié avec un algorithme et qui deviennent amoureuses de leur chatbot.
A Bientôt,
Til
Ton blog est vraiment un page-turner. J'adore ton style. Je me régale à te lire. Avec un petit plus pour cet article ou en plus on se cultive. Chris.
RépondreSupprimerMerci beaucoup
SupprimerJe manque de compétences et de connaissances en technique mais avec toi j'ai tout compris Merci Joelle.
RépondreSupprimerMerci Beaucoup
RépondreSupprimerToujours au top sur tes connaissances, Fantastique !!!! Mille mercis. Aurélie
RépondreSupprimerDommage qu'on ne puisse pas liker (poucer?) ! Ton blog c'est une véritable pépite😁 Thomas
RépondreSupprimerMerci Thomas
SupprimerGénial, une intellectuelle agréable c’est de plus en plus rare! Continue trop bien 👍 Tom
RépondreSupprimerMerci Tom
SupprimerDu pur genie ! Gilles
RépondreSupprimerNous avons frotté notre lampe Gilles, mais ptttt, aucun génie n'en est sorti.
SupprimerHello,
RépondreSupprimerChloé doit être soulagée !
Personnellement j'ai eu Emilio le Robot (que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaitre) et je ne m'en suis jamais plains. C'était mon analyse concernant l'IA.
Je vois plus Microsoft mettre le paquet sur des domaines comme la Finance concernant l'IA sur du moyen terme mais j'espère me tromper.
Super intéressants les avis que tu retranscris.
Bon je vais relire 1984 et revoir "Her".
Coucou Arnaud, Alors d'abord, oui, merci, Chloé va mieux. Elle est sujette au symptôme psychosomatique du stress, ou si tu préfères, à la boule au ventre créée par le stress et l'anxiété. Les causes de ces maux concernent une anxiété d'anticipation. Chloé est exposée à ces douleurs parce que son corps cherche à anticiper chaque tâche ou événement de son quotidien afin de mieux s'y préparer. Nous faisons donc ensemble des exercices de respiration pour décontracter l'estomac et diminuer les crampes. La piscine a terminé le travail et tout est de nouveau rentré dans l'ordre. Non, je ne connais pas Emilio, mais je suis certaine qu'il est un bon copain. (Surtout à l'apéro, obligé de boire le verre d'Emilo à sa santé ! pfff il faut tout faire soi-même.).
RépondreSupprimerJ'ai adoré Nineteen Eighty-Four de George Orwell. Je ne connais pas "Her" mais je suis nulle en cinéma, l'une de mes grosses carences culturelles. Je suis en train de rédiger la suite et la fin de notre discussion sur l'I.A. et sur les chatbots de communication. Je pense que cela va te plaire et aussi parfois te faire sourire. Bonne soirée et A bientôt. Til
Je ne savais pas que Chloé souffrait autant. Heureuse de la savoir mieux. Merci pour ton explication qui est comme chaque fois géniale ! Pamplemousse rose
SupprimerAîe !! Cela doit faire hypermal ! J'envoie mon souffle magique ! L'anonyme Romain
SupprimerOui merci à vous Pamplemiousse rose et L'Anonyme Romain. Romain je viens de remettre à la bonne place ton commentaire.
SupprimerImpatient de lire ça !
RépondreSupprimerJe me suis rendu à une expo sur l’IA aujourd’hui. Je suis à fond dans le thème en ce moment.
Bon week-end et merci pour ces contenus de grande qualité !
Même si je me sens seul, je ne vivrais que dans le monde réel et non à partler à un chatbox. de tendres bisous les filles. Sophana.
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