• CONTACT
  • mardi 31 décembre 2024

    Journal de bord 31/12/2024 bilan de fin d’année 2024


    Notre bilan de fin d’année 2024

    Nous vous prions de nous excuser pour cet e-mail si long, mais tant de choses méritent d’être partagées avec vous ! Ce n'est plus un article mais un chapitre... Lol

    Faire le bilan de cette année qui s’éteint doucement, c'est s'accorder le privilège de plonger dans le miroir de ses aspirations, d'évaluer les promesses tissées par un cœur ardent, afin de forger les désirs lumineux qui guideront le chemin de l'aube prochaine. 

    Depuis un mois, j'apporte une attention particulière à mon style d'écriture, effort que certains d'entre vous, comme Zabeth (la première), Arnaud et Marie-Clémence, apprécient fortement. Cela implique une mise en place des corrections, l’incipit, qui fait toute la différence (du moins, je l'espère). N'ayant pas en mémoire de citation pertinente au sujet du bilan d'une année écoulée, j'ai choisi de vous présenter une œuvre personnelle stylistiquement ambitieuse, inspirée par l'écriture romantique, au travers de cette modeste introduction ci-dessus. Je ne saurais encore prétendre rivaliser avec Chateaubriand, bien que je déploie une application particulière et mobilise l'ensemble de mon savoir-faire acquis depuis mon enfance aux côtés de Zabeth. (Pour toute réclamation voir avec elle !)

    En partageant notre histoire de couple lesbien et en interrogeant les normes sociales établies, la création de ce blog se présente comme une entreprise audacieuse. Notre souhait a été d'inciter nos lectrices et lecteurs à explorer nos projets de vie en tant que femmes, et non seulement en tant que lesbiennes, tout en abordant les multiples thèmes qui nous animent. Nous désirons également témoigner de la richesse de nos émotions, qu'il s'agisse de bonheur, de rires, de peurs ou d'angoisses. Cette vision, bien que séduisante dans son essence, esquissée sur le coin d'une table, ne manquait pas de soulever des interrogations quant à notre capacité à atteindre cet objectif. Cependant, votre accueil chaleureux a su nous réconforter ; dès la parution de notre premier article, vous avez été nombreux à nous apporter votre soutien, avec une énergie et un enthousiasme qui se sont révélés contagieux.

    Par ailleurs, nous avons eu l’opportunité de partager avec vous notre initiative humanitaire, quelque peu audacieuse, que nous avons finalement menée à bien. Cela témoigne de notre potentiel collectif à édifier une société plus sobre et empreinte de générosité. Pour tout cela, nous vous adressons, chères lectrices et chers lecteurs, un immense merci.

    L'année 2024 se termine tel un feu d'artifice. C'est le moment idéal pour regarder dans le rétroviseur. Nous espérons ardemment que vous avez également vécu une année riche en expériences, en épanouissement et emplie de joie.

    Pour Chloé et moi, cette année a revêtu une signification particulière.

    Chloé et moi avons conclu notre PACS le 28 décembre 2023 en tant que symbole de nos fiançailles. C'est le 28 décembre 2024 que nous avons échangé nos vœux lors de la bénédiction religieuse et civile, en disant "oui" pour la vie. Nous avons également signé les documents officiels, unissant ainsi deux femmes par le mariage, en présence de Monsieur le Maire de Passy (Paris 16ᵉ). Le mariage civil appose à l’union de deux êtres son cachet de la légalité, et le mariage religieux, le sceau de la laïcité.

    Au temple :
    Nous avons échangé nos vœux lors de notre bénédiction nuptiale empreinte de beauté au temple de l'Eglise protestante unie de l'Annonciation avec notre Pasteure Nathalie C. Pour nous, les protestants, le « sacrement du mariage » n’existe pas. Le mariage n’est pas un sacrement, mais une bénédiction. Il représente un engagement de respect et de fidélité pris par le couple devant Dieu.

    Pour célébrer notre union, nous avons opté pour la simplicité et la naturalité, arborant toutes deux un maquillage léger et vêtues de blanc (tenue de ville). Notre mariage s’est déroulé sans ostentation, dans une ambiance empreinte d’humilité, dénué de festivités superflues. En vérité, nous n'avions guère le temps d'organiser une bénédiction nuptiale fastueuse. Nous avions prévu cette bénédiction dans l'intimité, sauf que voilà...

    C’est avec une émotion palpable que nous avons franchi le seuil du temple, découvrant la présence inattendue d’une multitude d’invités. Parmi eux, nos familles et nos témoins mais aussi... toutes nos amies du club de filles dont certaines avec leur chéri, les collègues de travail de Chloé, et notre ami l’Anonyme Romain, portant deux énormes bouquets de cent roses, un pour chacune, bien entendu. Mais ce n’était pas tout : il a su nous surprendre encore davantage en amenant notre cher Jo, l’accordéoniste lyonnais dont nous avons souvent parlé dans le blog.

    Arrivant avec un accordéon de concert, Jo nous a offert, au cœur de notre bénédiction, cinq minutes de récital, interprétant la Partita No. 2, BWV 826 - II. Allemande. Ce moment fut si émouvant que notre pasteure peinait à reprendre le fil de la cérémonie. L’assistance, touchée par cette prestation exceptionnelle, partageait tous ensemble une émotion collective, à la fois intense et mémorable. Quelle beauté incroyable dans ces instants partagés
    Ils étaient tous là, avec certains de leurs proches, ils formaient une assemblée qui frôlait la soixantaine de personnes. (D'après notre pasteure  ils étaient un peu plus de quatre-vingt)

    Dans ce moment suspendu entre le sacré et le festif, nous avons décidé d’organiser, à la suite de notre bénédiction, un modeste apéritif à la Dame de Pic. Un choix qui résonne comme une douce gratitude envers ceux et celles qui, par leur présence, ont enrichi notre bénédiction. Une façon simple de partager ce bonheur rayonnant, de créer des souvenirs empreints de rires et d’affection, et de dire un merci profondément sincère à ceux qui ont fait le déplacement pour être à nos côtés.

    Je dus m'éclipser trois minutes avant notre bénédiction de mariage, un contraste saisissant au milieu de tant d’émotion, pour appeler le restaurant et leur annoncer cette surprise de dernière minute. Anne-Sophie, amusée, 
    éclata de rire à l’idée, me demandant si je lui faisais une plaisanterie. Dans un souffle d’enthousiasme, elle ajouta : « Je raccroche vite, car à présent j’ai beaucoup de travail ! » Sa légèreté face à l’imprévu, cette capacité à jongler avec les contraintes, illustre l’essence même de cette journée. C’est cette alchimie qui fait naître des instants précieux et mémorables. Grâce à son talent, Anne-Sophie a su, une fois de plus, atteindre la perfection, même si, sur l’instant, elle devait m’en vouloir un petit peu (Ah ? vous pensez plus !). Dans cette tension délicate entre amitié et professionnalisme, toute sa beauté se révélait, empreinte de complicité et de savoir-faire. 

    Ah, cette notion de communion dans la célébration… Elle résonne en nous comme une mélodie douce et familière. Dans le tumulte des préparatifs et l’effervescence des émotions, il y a eu ce moment volé, cette magie presque éthérée lorsque nous avons réalisé que tant d'âmes chères s'étaient réunies pour nous.

    La chaleur de leur présence, cette constellation d'amis et de proches, a illuminé notre mariage d'une lumière particulière. Chaque regard échangé, chaque sourire partagé a renforcé ce lien tissé à travers les années, conférant une dimension sacrée à notre engagement. Cette communion ne se limite pas à la simple réunion de corps, mais s’étend à l’essence même de l’amour et de l'amitié, à ces fils invisibles qui nous relient.

    Nous avons ressenti un flot d'émotions, un mélange d'humilité et de reconnaissance. Ce ne sont pas seulement des visages familiers ; ils incarnent une histoire, une mémoire collective où chacun joue un rôle, un chapitre dans le livre de notre vie. Voir ces âmes réunies, prêtes à célébrer notre amour, a éveillé en nous une gratitude profonde.

    Dans cette communion, nous avons compris que notre engagement allait bien au-delà de nous deux. Il s’inscrit dans un tissu social vaste, dans une danse humaine qui célèbre non seulement l’union de deux êtres, mais également l’affection, le soutien et la joie partagée. C’est comme si ce jour-là, les frontières entre l'individuel et le collectif s'effaçaient, nous permettant de sentir que nous faisons tous partie d’une même histoire.

    Cela nous laisse songeuses, n’est-ce pas ? Quelle beauté se cache dans ces moments où nous sommes unies par l’amour, où chaque cœur bat au même rythme, à l'unisson, célébrant ensemble l’éclat inaltérable de la vie et de l'amitié ?

    Nous vous offrons les doux discours de nos deux témoins : 

    Pour Zabeth, le texte de Madame de Rothschild émane d’une plume particulièrement lettrée ; son discours est d’une beauté remarquable, véritable modèle du genre. Une élégance qui transcende les mots et touche l'âme.

    Nadine (ma témoin) : 

    « Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,

    Madem
    oiselle Clotilde, Mademoiselle Chloé.

    Que puis-je vous dire en ce moment qui soit à la hauteur de vos attentes ? Vous vous trouvez ici, sous le regard bienveillant de Dieu, entourés de tous ceux que vous chérissez, pour témoigner que vous êtes véritablement l'une pour l'autre. Ce don profond, total et sacré que vous vous offrez, vous le faites avec la ferveur des croyants, jusqu'à ce que la mort vous sépare. Rien ne me semble plus noble, plus sublime et plus profondément humain que de s'unir ainsi à un être cher en pleine jeunesse et d'affirmer avec certitude : cet être qui s'approche de moi, qui va s'approprier une part de ma vie, de mes pensées, de mes affections, et dont le bonheur ne pourra plus se concevoir sans le mien, je viens vers elle, moi aussi, avec loyauté, du plus profond de mon âme. Le temps et les séparations ne sauront altérer cette union. Le mariage, dans sa sainteté, est indissoluble par essence, telle est la loi, une loi divine et magnifique. Je sais, tout comme chacun d’entre vous, que vous êtes faites l’une pour l’autre. Vous êtes un exemple éclatant d’un amour qui transcende de nombreuses frontières. Je vous souhaite une multitude de rêves infinie et un ardent désir de les concrétiser dans toute la mesure du possible. »

    Lorenz (Témoin de Chloé) Son discours est très sympa !

    « Chers amis et familles,
    Je suis ici aujourd'hui pour célébrer l'amour de Chloé et Clotilde. Et je dois dire que j'ai été un peu surpris lorsque Chloé m'a demandé d'être son témoin. Je me suis dit : « Wow, elle doit vraiment être désespérée ! »
    Mais en réalité, je suis honoré d'être ici ! Un petit mot sur le couple qu'elles forment.
    Leur amour sincère et leur engagement réciproque illustrent que les unions lesbiennes peuvent se révéler aussi solides et pérennes que n'importe quelle autre forme d'amour. Chloé et Clotilde, en défiant les préjugés, témoignent que l'amour transcende les frontières de l'orientation sexuelle. En tant que couple, elles incarnent l'idée que l'amour et le soutien mutuel sont capables de s'épanouir, affirmant ainsi que les relations lesbiennes, tout comme les autres, méritent d'être respectées et reconnues par la société. Je suis sûr que ces deux personnes vont passer le reste de leur vie à se rendre heureuses. Félicitations ! »

    Lorenz nous a délicatement offert nos deux alliances en or rose (18 K), finement serties de 48 diamants, symbolisant l'addition de nos âges.

    Nadine nous fournit une lettre de recommandation pour notre demande de nationalité Suisse aisi que tous ces contacts en cas de besoin. Grâce à cette bienveillance, nous serons en mesure de solliciter une naturalisation facilitée, ce qui nous permettra de devenir Suisses par décision des autorités compétentes. Ainsi, nous éviterons d'avoir à attendre les dix années minimales de résidence en Suisse. Selon ses dires, il y a de fortes probabilités que nous devenions citoyennes suisses soit au cours de cette année 2025, soit l'année 2026-2027 mais vraiment au plus tard.

    Par la suite, nous avons convié nos hôtes au restaurant La Dame de Pic.Notre cheffe, dans son éclat coutumier, a encore une fois offert l’excellence. Anne-Sophie, a su improviser un apéritif maison en un temps record. Honnêtement, elle a réalisé un miracle, transformant le simple en sublime. C’est dans ces instants que l’art culinaire se mêle à l’amour, une communion qui transcende le quotidien. La suite, un repas gastronomique parfait : chaque plat était une œuvre d’art, une explosion de saveurs s’entrelaçant avec grâce à des vins d'exceptions. Le temps s’était arrêté ; tous nos convives ont savouré ce pur bonheur partagé ! Nous avons fait rajouté deux couverts un pour l'Anonyme Romain et l'autre pour Jo. (Comme dit Anne-Sophie, juste pour motiver l'équipe ! Lol)

    Quant à notre nuit de noces, les parents de Chloé nous ont offert une expérience luxueuse au célèbre palace Le Meurice, un souvenir mémorable. Quelle joie ! Nous avons poussé le bouchon, après une interminable partie de scrabble (bien évidemment), en commandant un room service à trois heures du matin, composé de caviar et de vodka. Mes parents, dans un élan de générosité, ont voulu couvrir cette douce folie. Il est vrai qu’ils ne m’offrent guère plus, car leur cadeau réside dans l’appartement de Lausanne, avec les travaux et l'intégralité des frais de l’aménagement, un geste pour notre mariage et mon examen ECOS. Alors, pourriez-vous penser que je puisse m’en faire l’écho d’une pauvre fille auprès de parents ingrats ? Lol

    Nous n'avons jamais connu un bonheur aussi profond. Ce qui a débuté comme un conte de fées s'est transformé en notre réalité éternelle.

    En ce qui concerne nos jobs :
    La promotion de Chloé au poste de directrice artistique et de bras droit de Lorenz représente une avancée significative pour l'avenir de sa carrière et, comme dit Lorenz, Dieu sait où elle va s'arrêter…

    Quant à moi, je poursuis ma trajectoire vers la pédiatrie. L'alternance entre les quelques conférences (je n'ai plus de cours au sens strict) , les stages avec le manque d'encadrement dans certains services et les examens finaux consécutifs aux stages, accentue la pression, et terminer mes révisions sans  modération. Je persévère, car je me trouve à l'approche du dernier virage de mon externat.

    Le blog :
    Il est temps de faire un bilan concis qui reflète l'essor de notre communauté. Cette année, nous avons enregistré une hausse d'environ 12 % de notre activité, résultat indéniable de l'engagement sans faille de nos membres les plus actifs. Nous tenons à exprimer notre sincère gratitude à tous ceux qui ont participé au succès de notre blog : Marie-Clémence, L'Anonyme Romain, Arnaud, Pamplemousse Rose et Sophana, pour leur contribution inestimable. Qui peut encore prétendre que les blogs sont en perte de vitesse ? Merci à chacune et à chacun d'entre vous qui, au cours de cette année, avez mis vos efforts et votre engagement au service de nos publications, en intégrant vos retours et suggestions pour une amélioration continue.

    Le Club :
    Nous sommes ravies d'accueillir de nouvelles membres au sein de notre club de filles, avec l'arrivée de trois nouvelles participantes : Pamplemousse Rose, qui se distingue déjà par son implication, ainsi que Lady Gragra et TopMeuhDel. Nous leur réservons un accueil chaleureux. Par ailleurs, nous sommes heureuses d'avoir pu contribuer, grâce à notre action humanitaire, à soutenir les plus démunies. Nous avons essayé de leur offrir un moment de bien-être sur le plan de la santé ainsi que de petits cadeaux, dans l'espoir de leur apporter un peu de joie.

    Joyeux réveillon et nos plus tendres pensées vous accompagnent durant cette  fin d’année. Nous vous donnons rendez-vous… l'année prochaine.

    A Bientôt,
    Chlo & Til 

    dimanche 22 décembre 2024

    Journal de bord 23/12/2024 Une fin d'année heureuse.

    “Heureuse est la saison qui engage le monde entier dans une conspiration d'Amour.”

    Hamilton Wright Mabie

    Depuis vendredi dernier, Chloé et moi avons le bonheur de savourer nos vacances de Noël. Lorenz et Chloé ont remis à son propriétaire la dernière œuvre de la bijouterie, laquelle a suscité l'émerveillement du monsieur. Le jour de Noël, la chanceuse détentrice de ce ravissant bijou aura le plaisir de le découvrir… La magie opérera, et ils se livreront à tout ce que leur cœur désire, n'est-ce pas ? (Lol)

    Mon stage en neurologie s’est achevé vendredi. Bien que cette expérience ait été d'une brièveté remarquable, elle fut très enrichissante. Je n'ai pas encore officiellement obtenu mon UV, mais officieusement, j'ai reçu des remerciements chaleureux de la part du professeur ainsi que de plusieurs médecins, accompagnés de paroles encourageantes pour la suite de mes études et ma future carrière. La réponse officielle sera donnée le 6 janvier 2025, date à laquelle débutera également mon stage en pédopsychiatrie à la Pitié Salpêtrière de Paris. Pendant deux mois, je retrouverai une équipe que j’affectionne particulièrement et, à ma grande surprise, une spécialité que j’apprécie de plus en plus.

    La suite de mon emploi du temps pour cette année cruciale, 2025, est la suivante : de mars à avril, je serai affectée aux urgences pédiatriques ; en mai, je partirai pour mon dernier stage en pédiatrie générale. La dernière épreuve d'ECOS (grand oral) est prévue pour la semaine du 19 mai 2025. En juin, je conclurai mon stage en pédiatrie générale. La validation de ma sixième année sera confirmée par l'obtention de ma dernière UV, sous réserve d'avoir obtenu un minimum de 10/20 à l'épreuve ECO. Le résultat de cette évaluation sera communiqué à la mi-juillet. Si la réussite se dessine à l’horizon, notre attention se focalisera sur Lausanne. Dans ce cas, mon internat (doctorat) commencerait en septembre. Le côté positif de tout cela est que je ne me soucie guère de l'appareillement qui interviendra ce mois-là.

    Mais pour l'heure, nous entamons la course inévitable aux emplettes… Offrir nous procure du bonheur, car dans cette action, nous manifestons notre force et notre vitalité. Nous sommes alors baignées dans une plénitude de prospérité. Chaque année, Zabeth me rappelait : « Il est essentiel que le don soit gratuit et sans attente. Si vous donnez dans l'espoir d'être reconnu, valorisé, honoré…, vous achetez l'opinion des autres. » Pour ma part, je nuancerais en précisant que l'objectif est également d'éveiller une réaction chez l'autre.

    A l'approche des festivités, Chloé et moi avons l'intention de nous rendre dans les magasins et boutiques, guidées par de nobles intentions, cherchant à transmettre à notre entourage affection et amitié. N'est-ce pas là l'occasion propice pour faire savoir à nos proches combien nous les chérissons lors de ces fêtes de fin d'année ?

    Mère et Père viennent d'arriver à Paris pour passer le dernier réveillon dans cet appartement, tandis que Zabeth nous a rejoints, partageant avec nous ce doux sentiment de nostalgie. Nous nous apprêtons à quitter ces lieux, mettant un terme à une longue histoire, un vaste pan de ma vie... celle de mon enfance avec Zabeth, mais aussi le lieu de ma réconciliation, bien que tardive, avec mes parents. Nos vies s'apprêtent à se séparer : mes parents entre Bruxelles et Ramatuelle, Zabeth à New York, et nous à Lausanne.
    Zabeth est venue pour célébrer Noël avec nous et, surtout, pour assister à notre mariage. L'intégralité de la famille australienne (la sœur de Chloé et sa famille) vient d'arriver et réside chez les parents de Chloé. Nous serons onze convives (dont deux enfants) réunis autour de la table pour célébrer le réveillon de Noël. Le 27 décembre, nous rejoindrons la gare afin d'accueillir notre témoin et son accompagnatrice, que nous garderons deux jours. Géraldine et Lorenz viendront au moment opportun, et nous fêterons notre mariage en présence de tous nos invités.

    Revenons à notre dernier repas de l'année, celui du Club des filles, qui s'est tenu jeudi soir. Nous avions convenu de nous retrouver au restaurant L'Evadé (Paris 9) pour marquer notre dernière soirée de l'année.

    Cela faisait longtemps que je n'avais pas fait l'éloge d'un établissement parisien. A notre arrivée, nous fûmes accueillies avec le sourire, une attention devenue rare en France. La table était magnifiquement dressée. Nous avions été placées dans un coin de la salle, ce qui offrait au groupe une grande liberté tout en évitant de trop perturber leur clientèle. En vérité, notre arrivée fut un peu la cour du roi Pétaud !

    Nous avons choisi un repas à 40 € et, pour accompagner le tout, un Chablis William Fevre 2022 en blanc, ainsi que plusieurs hectolitres (je ne vous donnerai pas tous les détails, n'est-ce pas ?) de rouge, Domaine Hubert Lamy, Derrière chez Edouard 2021.

    J'ai ouvert notre session en lisant le bulletin de santé du petit Maël. Il se porte bien ! Bien qu'il doive rester quelque temps à l'hôpital, son état n'est plus alarmant. Cette annonce fut accueillie par un tonnerre d'applaudissements.

    Je prévois de lui rendre visite le jeudi 26 en début d'après-midi pour lui apporter le présent que le Père Noël aura laissé chez mes parents, car leur cheminée est bien plus vaste. Notre cher Père Noël prend de l'âge et, par conséquent, du poids ! Les filles riaient aux éclats. (Il faut bien leur enseigner quelques vérités !) Immédiatement, toutes exprimèrent leur désir de se joindre à moi. A mon sens, les membres du service risquent de frémir à notre vue. (Mdr.) Celles qui ne peuvent se joindre à nous ont déjà manifesté leur souhait de contribuer.

    Toutes les participantes ont exprimé leur plaisir d'être engagées dans cette action humanitaire. Elles désirent que nous renouvelions cette initiative chaque année. Nous allons réfléchir à la manière de l'organiser. Je suis ravie de voir notre club s'ouvrir à des actions caritatives. Cependant, nous n'avons guère l'intention de rivaliser avec le Lions Club ou le Rotary Club.

    Je souhaite vous présenter notre nouvelle membre, qui s'apprête à devenir la doyenne de notre club (je suis consciente qu'une d'entre nous doit se réjouir de lire ces lignes).

    Je lui ai demandé de se présenter et de nous décrire brièvement son travail : « Benedikte, surnommée TopMeuhDel, Danoise de 34 ans, en couple, diplômée de HEC Paris, spécialiste en analyse des données marketing. J'occupe actuellement le poste de directrice Europe de la communication et du multimédia au sein d'un grand groupe de cosmétiques (Chief Digital Officer Europe). En deux mots, je suis chargée de relier des écosystèmes aux degrés de complexité croissante. Cela inclut bien sûr l'environnement numérique et virtuel, les enjeux d'influence et d'audience ainsi que les modèles d'affaires et de gouvernance des entreprises contemporaines. Une nécessité de plus en plus pressante est d'être à même d'absorber la complexité et la volatilité du monde, des organisations et des individus, tout en laissant s'exprimer l'intuition et l'émotion.
    Je suis une lectrice assidue du blog depuis sa création. Celui-ci représente ma source de divertissement, ma récréation, mon moment de relaxation que je ne manquerais pour rien au monde. Je lis chaque article entre deux et trois fois par semaine, accompagnée d'une petite douceur. Je suis véritablement accro. Til me rappelle, à certains égards, la personne que j'étais quelques années auparavant, à l'exception de sa mémoire et de sa culture fascinantes, ainsi que de son altruisme qui me fait pâlir ! Lorsque Til m'a proposé de rejoindre votre groupe, j'ai immédiatement accepté, d'autant plus que cela me donne l'impression de rajeunir ! Cela me permet également de mettre mon expérience et mon expertise au service de la communauté. J'attends avec impatience les résultats de vos votes pour devenir membre de votre congrégation. Je vous remercie de votre accueil et vous souhaite à toutes une excellente soirée. »

    Benedikte a été élue à l'unanimité (y compris les voix de nos expatriées) !

    Nous avons remercié et remis à nos deux étudiantes infirmières un petit bracelet et une médaille d'or (offerte par Lorenz) sur laquelle était gravée la mention « Merci du fond du cœur ! Signé : Le Club des filles. ».

    Quant à L'Anonyme Romain, il est invité à séjourner chez nous jusqu'à demain, pour un repas à la Dame de Pic avec Chloé, Zabeth et moi. Il passera une semaine parmi nous en Suisse, lorsque nous aurons notre appartement, ainsi qu'un week-end à la neige (Courchevel) en février, dans la famille de John Doeuf (Marion).

    Au cours de la soirée, une réflexion m’a traversé l’esprit : mes amies les plus proches sont peu nombreuses. Il semble que nous disposions d'un capital restreint de temps et d'émotions à partager. Personnellement, je n'en possède que peu, mais elles ont plein de sentiments sincères et délicats. Il s'agit d'une amitié complice, altruiste et sans pression, offerte dans la liberté de stimuler et d'enrichir mutuellement nos vies… Nos existences s'entremêlent, nos voix emplissent nos cœurs tant dans les moments de joie que dans les épreuves, les rires nous permettent de prendre du recul face aux problèmes, et ce sont les personnes avec qui nous bâtissons nos jours, notre vie, celles qui façonnent notre identité. Parfois, au-delà du soutien, de l’amusement ou de l’entraide, une belle amitié repose également sur le silence, l’espace et le temps. Certaines personnes se vantent d'avoir de nombreux amis, mais souvent cela se réduit à une simple camaraderie. Ils ne les connaissent presque pas…

    Voilà des années que notre club ne dépasse pas dix membres. Récemment, nous avons ouvert nos portes à trois nouvelles amies. Le cœur de l’amitié et le partage de nos passions forment souvent le fondement de nos relations. Cela est indéniable, mais il nous faut désormais créer des souvenirs avec elles. Ce sont ces souvenirs, au fil du temps, qui nous lient à nos amis. Chaque amitié recèle quelque chose d'extraordinaire, car elle unit de manière unique deux êtres autour d'un intérêt commun. Ces instants, comme aujourd'hui, où nous vivons une relation émotionnelle forte. Parfois, le conte de fées se poursuit et on épouse sa meilleure amie…(Mdr.) Nos amis ne seraient-ils pas, d'une certaine façon, les témoins de notre existence ?

    Je demeure en contact (téléphone, e-mail) avec mes trois amies du club, qui ont dû suivre leur famille respective en terre étrangère. L’éloignement physique n’affaiblit en rien nos relations amicales. Lorsque nous échangeons, il semble que le lien qui nous unit n’ait jamais été rompu. Nous n'avons nul besoin de mots pour nous sentir rassemblées et en harmonie. De plus, toutes trois lisent le blog, ce qui leur permet de se tenir informées, car Chloé et moi cherchons à partager nos expériences, réflexions, choix et ce que nous faisons de nos vies. (Ne soyez pas trop prompts à sortir vos Kleenex, je n'ai pas encore d'action chez eux !)

    Un mot rapide sur le Père Noël.

    Le Père Noël, notre ancêtre. Selon l'historien Mircea Eliade, il arrive sur Terre le 25 décembre, marquant la « naissance » des divinités solaires orientales qui ont inspiré les religions grecques et romaines. À l'instar d'Hélios et de Râ, il voyage en char. Fondé, selon la tradition, en 1822 par le Révérend Moore, un pasteur luthérien américain, il commence à distribuer des cadeaux uniquement au début du XXe siècle. Les motifs de cette évolution demeurent flous. S'agit-il de libérer l'enfant d'une dette trop importante ? De lui faire découvrir la gratuité du don ? De représenter une chaîne de transmission ? En réalité, le Père Noël serait un ancêtre qui descendra sur Terre pour offrir un présent aux enfants. D'après Jacques T. Godbout dans L'Esprit du don (La Découverte, 1992), cette figure revêt une dimension plus large. Elle dévoile l'univers clos de la famille contemporaine tout en renouant avec le passé, rendant les enfants connectés à l'espace et au reste de l'univers. D'où sa provenance si lointaine, du pôle Nord.

    A vous tous, je vous souhaite une excellente semaine.

    A Bientôt,
    Chlo & 
    Til 

    mardi 17 décembre 2024

    Journal de bord 17/12/2024 Une épreuve lors de notre mission humanitaire.

    “Celui qui sauve une seule vie sauve le monde entier.”

    ~ Le Talmud

    La vie est belle...

    Chloé continue de s'investir avec une détermination sans faille dans son travail. Aujourd'hui, je lui ai demandé de décrire son poste actuel de directrice artistique au sein de l’équipe de Lorenz. Il est manifeste que ma chérie s'affirme, et son rôle est désormais clairement défini. « Je suis fascinée par les pierres précieuses. Mon ambition est de guider l’équipe dans la préservation de l’excellence et du savoir-faire ancestral de notre Maison, tout en intégrant une touche moderne. Je demeure fidèle à l’authenticité de mon art et milite ardemment en faveur des métiers artistiques reposant sur des techniques rares et exclusives, caractéristiques de la Haute Joaillerie française. J'apprécie particulièrement la collaboration avec Lorenz et l'ensemble de l’équipe ; cela enrichit notre travail et stimule notre créativité. Le partage qui nous lie est précieux et nous incite à explorer de nouvelles perspectives. »

    Pour ma part, je suis heureuse de poursuivre mon stage dédié aux enfants. J'ai l'opportunité de rencontrer des experts ainsi que des parents d'enfants qui m'offrent des éclairages précieux sur l'autisme. Aujourd'hui encore, l'identification des signes précurseurs permettant de détecter l'autisme au cours des deux premières années de vie d'un enfant s'avère complexe. La plupart des grands spécialistes que je consulte partagent leurs observations, expériences et découvertes, fondant leurs hypothèses sur des pratiques empiriques.

    Laissez-moi maintenant évoquer les aspects qui m’irritent. Je suis prête à écouter les réponses d'un politicien, mais j'attends de lui des actions concrètes, exemptes de discours vides et de promesses de fonds jamais versés. (Je reconnais, je ne suis pas agréable !)

    De nombreux enfants, malgré l'obligation scolaire, demeurent sans prise en charge, en violation de leur « droit à l'éducation et aux soins ». Cette situation s'explique par un manque criant de ressources. Je risque d'être accusée de m'en prendre aux politiciens français, mais il est crucial de souligner l'ampleur tragique de la pénurie d'équipements et de services, remettant en cause le principe de « non-assistance à personne en danger ». Pourtant, les campagnes électorales des Présidents de la République promettent la lutte contre le handicap. Que devons-nous en déduire ? Encore des promesses en l'air ? Non, je devrais dire qu’ils semblent ignorer ce problème, pensant qu’il est récent !
    Certes, Madame Veil, en 1995, avait déjà révélé les lacunes existantes. Il est triste de constater que des enfants, pourtant assujettis à la loi d'obligation scolaire, continuent de ne bénéficier d'aucun soutien, en contradiction avec leurs « droits à l'éducation et aux soins ». L'Association Autisme Europe a également porté plainte contre la France auprès du Conseil de l'Europe, dénonçant les graves insuffisances de l'État français dans la prise en charge éducative des personnes autistes, qu'il s'agisse d'enfants, d'adolescents ou même d'adultes âgés.

    Revenons à notre week-end…

    Nous avons effectué notre seconde session de soins à l'Armée du Salut, ponctuée de plusieurs étapes. La matinée s'est déroulée comme un rituel bien établi ; la salle d'attente regorgeait de patientes, et notre équipe efficace a pu faire une courte pause à 13 h 30 pour déjeuner. Notre record de consultations du matin s'élevait à 26 patientes, et nous étions toutes extrêmement fières de nous.
    Je vous invite à découvrir l'affiche que Chloé a conçue à cette fin, laquelle avait été apposée dans tout le foyer.

    L'après-midi fut marqué par l'arrivée d'une mère accompagnée de son jeune fils de deux ans, Maël. J'observe que l'enfant transpire abondamment et éprouve d'importantes difficultés respiratoires. J'ai suspecté une sténose, une malformation cardiaque qui l'oblige à fournir un effort considérable pour obtenir l'oxygène nécessaire. Sans une intervention rapide, il risquait à tout moment de subir un infarctus. Cependant, je n'avais aucun moyen de confirmer ce diagnostic par des examens cliniques, et je ne suis pas cardiologue. J'ai immédiatement contacté le SAMU, optant pour une approche alarmante. Je me suis présentée comme interne (un léger mensonge) et ai précisé que je n'étais pas certaine de pouvoir maintenir l'enfant en vie durant une période prolongée. Ma maladresse s'est manifestée lorsque, devant la mère, mes mots la firent se sentir défaillante, frôlant l'évanouissement. (J'aurai dû lui demander de sortir !)
    Fort heureusement, le SAMU est arrivé rapidement sur les lieux. Voir le petit Maël partir sur une civière, avec une assistance respiratoire, entouré du médecin et des infirmiers se dépêchant à ses côtés, tandis que sa mère, en larmes, assistait impuissante à la scène, a profondément choqué toute l’équipe. Les mères qui attendaient dans la salle d'attente ont silencieusement cessé de nous reprocher notre lenteur, laissant place à un silence glacial.

    Après une pause café bien méritée, nous avons toutes dû prendre nos responsabilités pour poursuivre notre journée. Il convient de souligner que notre engagement dans les performances n’était plus du tout présent. Nous étions déterminées à mener à bien notre fin de service, espérant ne pas rencontrer d’autres préoccupations majeures. La journée s'est achevée avec 26 patientes le matin et 23 l'après-midi, totalisant 49 consultations, auxquelles s'ajoutent une quinzaine de sans-abri.

    A la suite de notre service, nous avons pris contact avec l'hôpital afin d'obtenir des nouvelles de ce petit ange. Selon le personnel, il a été opéré en urgence et son pronostic vital restait toujours fragile. Nous espérions toutes une issue plus favorable.

    Nous sommes de retour pour notre dernier jour de soins humanitaires, après une nuit difficile. J’ai tenté de revaloriser notre action en expliquant qu’en raison de notre initiative, nous avions peut-être sauvé le petit Maël. Toutefois, certaines filles soulignent qu'elles ne sont pas prêtes à affronter une épreuve de cette envergure. Grâce aux plaisanteries de Berthe Zéprofit et de Lili Coptère, ainsi qu'aux rires et au café préparé par le père de Chloé, le moral de l'équipe s'est rétabli.

    En moyenne, nous avons accueilli 24 patientes le matin. L'après-midi s'est bien déroulé : nous n'avons eu que de légères blessures faciles à traiter. La journée s’est terminée par 26 patientes, pour un total de 50 consultations. Les filles ont également distribué de nombreux sacs-cadeaux, entraînant une quantité très limitée de sacs non distribués. Nous avons décidé de remettre le reste de nos sacs-cadeaux à l'Armée du Salut, afin qu'ils soient offerts aux filles qui n'ont pas osé se présenter ou qui ont été prises par surprise, n'étant pas informées de la distribution de cadeaux pour elles et leurs enfants à l'occasion de Noël. Il demeure pourtant une abondante réserve de produits pharmaceutiques, témoins d'une grande générosité  de la part des filles. Ces substances se tiennent prêtes à être mobilisées pour une future intervention, dont la date reste indéterminée. Cela laisse planer le doute et l’incertitude, où l’humanité se dévoile dans sa fragilité et son espérance.

    Alors que je vérifiais que nous n'avions rien oublié et fermais les portes, Chloé avait organisé une surprise à l'extérieur. Toutes les filles, y compris TopMeuhDel venue pour l'occasion,  s'étaient assemblées en arc de cercle, prêtes à m'offrir une ovation. Je dois avouer que j'ai été profondément troublée et émue. En vérité, ce n'est pas moi, mais toute l'équipe qui mérite ces éloges, car chacune d'entre nous a œuvré de tout cœur, sans rien attendre en retour.

    Le cas sérieux de Maël ne cesse de hanter mes pensées. Je ne peux m'empêcher de m'interroger : ai-je agi de manière appropriée ? Ai-je fait une erreur ? Si le pire devait arriver, comment vivre avec la mort d'un enfant ? J'éprouve une grande difficulté à me remettre de cette expérience. Contrairement à l'hôpital, il n’existe pas ici de structure ni de professionnels qualifiés pour nous entourer. Je fais un diagnostic qui semble définitif. Cela fait frémir ! De plus, je ne suis là que pour des soins primaires et non pour traiter des problèmes plus graves. Maintenant, que pouvais-je faire d'autre que d'examiner ce petit garçon souffrant et d'appeler le SAMU ?

    Avais-je pleinement conscience des risques que j'encours en réalisant de telles interventions ? Il est indéniable que non ! Si l'histoire de Maël devait bien se conclure, je serais déterminée à poursuivre mes efforts humanitaires. Toutefois, la prochaine fois, je chercherai un(e) médecin pour m’appuyer. En revanche, si cela devait mal tourner, il m'est impossible de prédire la direction de mes actions. Assurément, je continuerai à lutter contre les injustices et à m’engager dans l’humanitaire, mais il se pourrait que je me dirige vers une association.

    Au total, nous avons enregistré 201 consultations et distribué un peu plus de 247 sacs-cadeaux, plus de nombreux cadeaux. Il est possible que nous ayons sauvé une vie. Cependant, l’avenir seul en décidera. Avec un bilan final plutôt positif.

    Notre repas de fin d'année du club se tiendra le vendredi 20 décembre, tant une manière d'exprimer ma reconnaissance envers toutes les filles pour leur aide précieuse tout au long de cette expérience humaine. Nous célébrerons également l'intronisation officielle de "TopMeuhDel" dans un modeste restaurant. Trois invités spéciaux seront également parmi nous (ils en ont été informés récemment) : nos deux infirmières, Emma et Manon, qui ont brillamment contribué durant ces deux week-ends, ainsi qu’un hôte remarquable, à savoir L'Anonyme Romain, un garçon (oui, personne n’est parfait !) que nous chérissons et qui mérite notre profonde gratitude pour son engagement, son implication et sa grande générosité.

    Avant de conclure cet article, je viens de téléphoner à l'hôpital. Maël, le petit garçon, vient de sortir de son état critique, et sa vie n'est plus en danger. Je ne saurais décrire la joie, et surtout le soulagement que cela m'apporte. Je souhaite lui rendre visite à l'hôpital, pour lui faire un gros bisou. Ce petit chenapan nous a véritablement fait trembler ! J'espère également pouvoir m'entretenir avec le médecin du SAMU afin de confirmer si mes réactions étaient appropriées et si mon intervention a eu des conséquences.

    Cet article souligne que je rédige quotidiennement, ce qui explique la transition entre le ton joyeux du début et le registre plus sombre de la conclusion. J'aurais aimé maintenir une atmosphère légère, mais la vie n'est pas toujours un long fleuve tranquille…

    A vous tous, je vous souhaite une excellente semaine.

    A Bientôt,
    Chlo & Til 

    lundi 9 décembre 2024

    Journal de bord 10/12/2024 Une semaine studieuse avec un week-end de partage

    “L’honnêteté, la sincérité, la simplicité, l’humilité, la générosité, l’absence de vanité, la capacité à servir les autres – qualités à la portée de toutes les âmes- sont les véritables fondations de notre vie spirituelle.”

    ~ De Nelson Mandela /

    C'est par cette citation empreinte de sagesse, tirée de l'éloquent Conversations with Myself de Nelson Mandela, que je souhaite inaugurer cet article. Ce livre, acquis par Zabeth dès sa parution, a laissé une empreinte indélébile sur mon esprit juvénile ; il est probable que je l'aie découvert prématurément (environ à l'âge de treize-quatorze ans). Grâce à cet ouvrage, nous pénétrons l'essence d'un homme dépassant son image publique, cherchant à comprendre les motivations qui l'ont amené à risquer sa vie, sa famille et sa liberté pour son pays. Le texte se présente comme un miroir, révélant ses incertitudes, ses déceptions, ainsi que ses souffrances, tant physiques que morales. Nous admirons sa persistance ; ce héros d'exception nous incite à tracer notre propre chemin, tel un phare illuminant l'obscurité. 

    Je remercie profondément, ma chérie, d'avoir consacré du temps à la réalisation de ce portrait, qui vient magnifiquement illustrer cet article.

    Revenons à nos existences modestes...
    Chloé est si absorbée par ses préoccupations professionnelles qu'il m'est malaisé de croire qu'elle n'envisage pas d'installer un hamac à la bijouterie. Hier soir, elle exprima une légère contrariété, car Lorenz l'avait laissée à son triste sort alors qu'elle omettait une étape cruciale. Le cours des événements a confirmé que ce qui semblait, de prime abord, être une simple négligence, a entraîné une remise à zéro de six heures de travail. Une journée perdue dans les méandres de l'oubli ; Lorenz lui aurait déclaré : « Ainsi, plus jamais tu n'oublieras cette étape ! » Chloé, frustrée, me confia : « J'avais envie de le tuer ! ». Ah, l'amour dans toute sa splendeur !

    Vendredi, les résultats de mon examen EDN furent annoncés, tel un rayon de soleil perçant des cieux orageux. Une joie intense inonda mon être ; imaginez : 99,8 sur 100. Incroyable, n'est-ce pas ? Quant à mon stage, il fleurit tel un bourgeon au printemps. Je m'immerge actuellement dans un environnement de travail exceptionnel, un cadre illuminé par l'échange et la bienveillance. Je continue d'explorer les facettes de la neurologie, irritée de constater l'étendue de mes lacunes, mais chaque nouvel apprentissage constitue une précieuse opportunité pour mon avenir. Par chance, je fais mes premiers pas auprès de l’équipe spécialisée dans le suivi des enfants souffrant de retards de développement ou de troubles moteurs, ainsi que sur l’autisme. L'excitation de cette rencontre de compétences me comble, bien que je ressente déjà le poids de la mélancolie d'un adieu imminent à l'issue de cette expérience.

    En début de semaine, une lectrice fidèle de notre blog, directrice d'un prestigieux groupe de cosmétiques, a tendu la main à notre cause. Elle a généreusement expédié des échantillons et des merveilles (parfums, petites boîtes de maquillage, lait corporel, démaquillant, etc.) pour 300 personnes. Grâce à une équipe de livreurs, cette précieuse cargaison a été remise à l'appartement de mes parents, faisant palpiter mon cœur d'anticipation.

    Par ailleurs, L'Anonyme Romain a offert 250 coffrets somptueusement garnis de délices lyonnais : pâté, terrine et une demi-bouteille de vin rouge, le tout présenté dans un élégant coffret en bois ! Tel un héros des temps modernes, il a jonglé entre Lyon et Paris, livrant ces douceurs avec une attention toute particulière. Hélas, point de pause pour apprécier ces merveilles avant de reprendre la route vers la capitale des Gaules...

    A maintes reprises, j'avais envisagé l'idée de confectionner des sacs-cadeaux pour les jeunes mamans. Daisy Draté a su apporter la solution : 500 tote bags. J'emploie le terme anglais, n'ayant pas d'équivalent en français à ma disposition. Mon traducteur (perdu dans ses pensées) me suggère l'expression « sac à dos », mais il s'agit là d'une incompréhension, car nous désignons ici un sac en coton. Ah, la lutte pour la planète ! Chaque petit geste compte… Peut-être devrais-je le désigner comme « sac réutilisable » ? Je ne sais pas… Mais, j'espère que vous comprenez malgré tout ce que je veux dire !

    Une semaine d'intenses préparatifs s'annonçait : mes amies me rejoignaient chaque soir à l'appartement de mes parents. Telles les Mousquetaires en mission, nous avons uni nos forces afin de préparer des surprises éclatantes, emballant jouets, friandises et papillotes avec soin. Nous avons également organisé les cartons en fonction de leur contenu, regroupant les pansements avec les pansements, les désinfectants avec les désinfectants, et ainsi de suite.  A l'issue de chacune de nos bonnes actions du jour, Maria, avec une délicatesse infinie, nous préparait chaque soir un léger repas, permettant ainsi à notre groupe de conclure nos soirées en amies, enveloppées de rires et de confidences, ponctuant la journée sur une douce note.

    Le samedi matin, alors que l’aube pointait à peine le bout de son nez sous une pluie battante, nous étions conviées à nous retrouver à cinq heures (cela piquait un peu !). Le père de Chloé, tel un bon samaritain, a loué une camionnette pour nous aider à transporter la multitude de cartons regorgeant de trésors. Toutes les filles étaient présentes, tout comme nos deux étudiantes infirmières, aux visages lumineux. L’excitation et la camaraderie alimentaient nos âmes. Nous n'avons rencontré aucune embûche majeure pour atteindre les locaux de l'Armée du Salut, malgré les forces de l'ordre qu’érigeaient des dispositifs pour la réouverture de Notre-Dame.

    Arrivés dans les locaux de l'Armée du Salut, nous avons commencé à aménager le cabinet, la salle d'attente et un espace de distribution avec la précision de chefs d'orchestre, chaque geste maîtrisé, chaque sourire échangé. La surprise vint du père de Chloé, qui fit son apparition avec un cadeau inattendu : une machine à café de son bureau, élégamment pourvue de filtres et de café moulu. Marion, alias John Doeuf, ne tarda pas à se lancer dans une course effrénée pour dénicher des croissants et des pains au chocolat afin de ravir tous nos palais. Ce petit-déjeuner improvisé s'est déroulé dans une atmosphère de rires et de joie, et nous étions toutes emplies d'une impatience jubilatoire à l'idée de débuter notre journée. A peine les portes furent-elles ouvertes que six femmes attendaient avec impatience, et la magie opéra. En un rien de temps, les consultations se sont enchaînées, à un rythme à la fois effréné et harmonieux, chaque mère s'appuyant sur notre bienveillance.

    Emplies de chaleur humaine, nous avons pénétré dans les âmes blessées, offrant réconfort et soin. Selon nos prévisions, nous avions envisagé de fermer le local entre 13h et 14h, afin de partager ensemble un rapide repas et de reprendre des forces avant de poursuivre notre après-midi. Cependant, la salle d’attente était bondée, fourmillant de visages attendant leur tour. Après un court échange, nous avons décidé de déguster un sandwich et un café entre 13h30 et 14h, feignant de prendre un instant de répit dans notre journée mouvementée. Le matin même, nous avions déjà accompli 24 consultations, largement au-delà des 16 prévues (pas si mal pour des néophytes !). Cependant, nous avons fait face à une altercation avec deux femmes qui, mécontentes, nous reprochèrent de prendre du temps pour nous, alors qu'elles attendaient avec impatience. Ah, ces critiques toujours si agréables à recevoir ! (Cela me fait légèrement froncer les sourcils !)

    L’aventure s’est prolongée aussi longtemps que nécessaire, et bien que nos paupières pesassent irrémédiablement sur nos cils épuisés, nous partageâmes cette expérience. Nous avons appris, non seulement à guérir, mais surtout à écouter et à comprendre. Leurs réalités pesaient lourdement sur elles. En tant que spectatrices, nous avons saisi l’urgence d’un soutien, face à des vies marquées par des épreuves inimaginables.

    Tout se déroula finalement avec harmonie. La fermeture eut lieu une demi-heure plus tard que prévu, témoignant de notre engagement. Au total, 55 consultations furent réalisées, dont 24 le matin et 31 l'après-midi.

    Le lendemain matin, à la même heure, la même routine nous attendait. Nous avons entamé notre journée en transportant les cartons vers l’estafette. En route vers l'Armée du Salut, nous avons fait halte pour dénicher des croissants et des pains au chocolat. Cela prouve que l'expérience compte bel et bien ! (Lol !) Comme la veille, nous n'avons pas eu l'opportunité de nous restaurer correctement. Nous nous sommes donc accordées une pause d'une demi-heure, où un sandwich, de l'eau gazeuse et du café composèrent notre modeste repas. J'ai légèrement moins brillé en performance par rapport à la veille, totalisant 19 consultations le matin et 28 l'après-midi, soit 47 consultations, avec plus de mamans présentes que de bébés malades.

    Même exténuée, Chloé est venue en milieu d'après-midi animer un atelier de dessins où elle a esquissé des animaux tels que des chiens, des chats, des chevaux et même des licornes pour les plus grands (âgés de 3 à 5 ans, passé cet âge, la fratrie devant quitter le foyer ensuite). J'ai appris que son atelier avait rencontré un franc succès. (Un immense merci à mon ange !)

    A la différence de la veille, les mères exprimaient davantage de préoccupations d'ordre psychologique. Il aurait été souhaitable de consacrer davantage de temps à chacune d'elles, mais cela ne relevait pas de mon rôle durant ce week-end, et je ne suis ni psychologue ni psychiatre. A mon sens, parmi ces jeunes femmes que j'ai côtoyées, beaucoup semblent chercher à échapper à un passé tumultueux. Ce sont des adolescentes qui, en quête de leur identité, se sont tournées vers la maternité. Elles ont délégué la transformation de leur corps et de leur enfant à naître, réalisant leur véritable nature de femmes et de mères… Toutefois, la réalité risque de ne pas correspondre à leurs aspirations. La vie est un enchevêtrement complexe, parsemé de difficultés financières et de responsabilités familiales, les poussant à réviser à la fois les mondes internes et externes qu'elles avaient imaginés.

    De surcroît, ces femmes portent déjà les stigmates d’une existence difficile, déçues de découvrir que l’homme idéal qu’elles chérissaient a choisi de disparaître dès l’annonce de leur grossesse, dans le meilleur des cas. Au cours de cette journée, certaines m’ont confié des récits tragiques : la rue, la violence et la souffrance au quotidien. Certaines ont subi des violences physiques, des agressions sexuelles, souvent flanquées d’addictions au tabac, à l'alcool et aux drogues, avec un flot d'horreurs inimaginables. Elles sont confrontées à des désillusions, à des chagrins immenses. Souvent sans emploi, elles se voient financièrement dépendantes des individus qu'elles croisent, à la merci de quiconque malintentionné croisant leur route.

    Je suis parvenue à une réflexion méritant d'être approfondie. Selon moi, la femme aspire au prince charmant, à l'homme idéal, tandis que l'homme, quant à lui, se perçoit comme un super-héros. Ce malentendu prend racine dès les premières représentations du monde dans l'enfance. Le reproche le plus fréquemment émis par ces jeunes femmes concerne l'absence de douceur chez les hommes. En revanche, les hommes s'efforcent de reconnaître les femmes par leurs actes. En tant que lesbiennes, nous faisons fréquemment l'expérience de ce dilemme : « T'es lesb, car t'as jamais connu une bonne grosse queue entre tes cuisses ! » Les hommes cherchent à démontrer leur puissance. Lorsque ce rôle leur est contesté, par le désaccord, la violence s'invite...

    Quoi qu'il en soit, notre premier week-end riche en émotions s'est terminé sans accroc. Quelles leçons ! A peine rentrées, épuisées par la fatigue, une douce nostalgie régna déjà. Nous avons entrepris un voyage pour insuffler un souffle d’espoir, un éclat de bonheur aux mamans et leur progéniture. Nous sommes arrivées tardivement à l'appartement de mes parents, vers 21h30, devant vider complètement les lieux avant de revenir la semaine suivante. Nous avons eu l'honneur d'apporter notre soutien médical à 102 personnes, tout en remettant une trentaine de sacs-cadeaux supplémentaires. Bien que cette intervention ne suffise point à éradiquer la pauvreté, si nous avons réussi à semer un peu de joie, ne serait-ce qu'auprès d'une seule famille, à susciter des rires d’enfants et des sourires de mamans émerveillées découvrant leur cadeau le jour de Noël, alors notre défi aura été couronné de succès. Je suis extrêmement fière de vous, mes chères amies du club ! Merci d'être des compagnes si précieuses.

    A vous tous, je vous souhaite une excellente semaine.

    A Bientôt,
    Chlo & Til 

    lundi 2 décembre 2024

    Journal de bord 03/12/2024 Préparation de notre action humanitaire.

    “Le bonheur est comme un baiser. Vous devez le partager pour en profiter.”


    Dans notre société où l'efficacité est considérée comme l'un des éléments essentiels pour réussir, nous apprécions négativement les interruptions. Cependant, il est essentiel de mettre notre esprit au repos, de l'aérer, de se détendre, même pour un court instant, tout comme de manger, de boire ou de dormir. Nous avions l'obligation d'assurer notre bien-être en urgence. Nous avions franchi un stade de fatigue qui mettait en péril nos capacités et nos compétences. Il est impensable d'être constamment en mode Performance. Le fait de prendre soin de soi-même reflète notre bien-être dans notre emploi. Il était nécessaire de libérer notre stress, de relaxer nos muscles et de nous redonner de l'énergie. Voilà qui est fait, sans compter que je vais avoir zéro jour de congé pendant les quinze jours à venir.
     
    Nous approchons des fêtes de Noël, notre programme de fin d'année est très chargé. Chloé a beaucoup de travail à la bijouterie. De mon côté, en plus de mes études, depuis quelques années, j'organise une mission de volontariat. Chaque année, mon projet est de soutenir les personnes qui ont besoin de soins primaires (sans ordonnance, car je ne suis toujours pas médecin), mais qui ont du mal à y accéder en raison de l'absence de protection sociale, de leurs conditions de vie ou de leurs difficultés financières.
     
    Chloé a parlé un peu trop lors de nos retrouvailles avec le club de filles. Lorsque les filles ont pris connaissance de cette action humanitaire solo (qui n'a rien d'exceptionnel), toutes les filles ont manifesté leur volonté de prendre une part active dans cette aventure. Cela ne faisait pas partie de mon projet initial, mais il est difficile de dire à ses amies : « Non, il est hors de question que vous fassiez le bien autour de vous ! (LOL) ». Comme cela est devenu le projet du club, cela va nous permettre de fournir davantage de soins, mais cela va également accroître mon stress, car je vais avoir un devoir de cadence soutenue, une plus grande exigence envers moi-même, des responsabilités à assumer et des comptes à rendre, ce qui est la moindre des choses. Evidemment, je tiens à exprimer ma reconnaissance envers toutes les filles du club qui ont travaillé ensemble pour promouvoir, attirer l'attention et le soutien des pharmacies à notre projet.
     
    Il y a un stéthoscope, un tensiomètre, un otoscope, un marteau à réflexes et un kit d'urgence dans mon équipement de base. Mercredi, nous avions convenu de nous retrouver à l'appartement de mes parents pour une soirée pizzas et surtout pour déposer ce que les filles ont pu récolter. Maria avait tout de même préparé un apéritif dînatoire pour le cas où… Nous avons finalement organisé une soirée Pizza sans pizza, lol. Son apéritif était tellement remarquable et évidemment accompagné d'un délicieux vin de Bourgogne de ma cave que rien ne manquait à notre bonheur.
     
    Je n'avais aucune idée de ce que les filles allaient ramener. Les cartons sont arrivés en grande quantité. En me donnant des thermomètres médicaux (rares), une balance médicale, ainsi qu'une armoire à pharmacie traditionnelle avec des médicaments, de nombreux désinfectants pour les plaies, des baumes, des pansements, des sparadraps et des bandes de maintien, et bien d'autres choses encore, elles ont même trouvé des pansements en forme de cœur et d'autres avec des super-héros pour les enfants. Elles ont vraiment accompli des merveilles. Je ne suis pas dupe, certaines d'entre elles ont contribué directement en dépensant de leurs propres deniers, voire ont sollicité l'aide de leurs proches. Comme Pamplemousse rose, elle arrive avec de nombreux cartons de boîtes de tampons, de serviettes périodiques, de tubes de dentifrice, de savons, de shampoing, le tout dans un excellent état, et elle ne se souvient plus qui lui a donné ça. (Quelle étourdie alors… LOL). Lady Gragra, elle est arrivée avec une multitude de boîtes de lait pour bébé, de petits pots variés, de nombreuses couches, des bavettes, du sopalin, des mouchoirs, du coton. De la même manière que Pamplemousse Rose, les paquets sont impeccables, mais elle ne se souvient plus de qui les lui a remis. Je me demande donc si ce ne serait pas le même magasin que celui de Pamplemousse Rose ? (Lol) Sandra Geffroy (est-ce par humour ?) est arrivée avec des tas de couvertures plaids pour bébé, le tout entièrement neuf ! Je leur exprime toute ma reconnaissance. Comme les filles ont ramené une grande quantité de produits pharmaceutiques, d'hygiène, etc., cela me donne l'opportunité cette année d'investir dans des jouets pour les enfants, des sucreries et des papillotes. Nous remettrons un sac aux mamans pour permettre au Père Noël de passer chez elles aussi.
     
    Les filles du club souhaitent également apporter leur aide pour l'installation du local et elles se relayeront à l'accueil afin de gagner du temps et d'apporter une aide maximum. Lili Coptère (Margot) est la cousine d'une élève infirmière qui se propose avec une de ses amies de venir nous aider. Grâce à leur soutien, je pourrai économiser beaucoup de temps. Notre objectif est de traiter 40 à 45 patients par jour, de 8 h à 13 h et de 14 h à 19 h. Heure à laquelle je me transforme en zombie.
     
    La création et la participation à une action de lutte contre la pauvreté est pour Chloé et moi une action normale. Chaque fois, nous espérons que notre action inspirera d'autres professionnels diplômés pour nous diriger vers une société plus démocratique basée sur les droits de l'homme. (Oui… Je suis consciente, certains d'entre vous doivent me trouver bien naïve !). Les deux week-ends à venir, les 7, 8, 14, 15, nous serons donc en mesure de fournir nos services aux filles mères et aux enfants (mais pas seulement), même si le système n'est pas toujours de notre côté, puisque les démarches sont complexes, avec certaines lois inhumaines. Chaque année, il est nécessaire que je me batte pour la création d'un espace de soins destiné aux plus démunis. Grâce à l'assistance précieuse de la mère de Chloé, qui me propose ses compétences en tant qu'avocate, que cela reste possible. Sans elle, cela serait extrêmement compliqué, voire impossible. Il est très difficile en France d'organiser une action philanthropique.
    Je suis consciente que mes services et mes actions en faveur des personnes exclues ne sont qu'une petite contribution, mais cela est toujours préférable à rien. Je me demande toujours chaque année : n'est-il pas éthique de donner aux patients (sans aucune distinction) la possibilité d'accéder au traitement des maladies dépistées, plutôt que de rembourser les frais de représentation et de restauration à nos politiques (ministres, députés, parlementaires, etc.) ? Je ne parle pas de la frustration que je ressens lorsque j’établis un diagnostic et que je sais pertinemment que le traitement ne pourra pas être effectué en raison du manque de ressources du patient. Dépister dans un tel cas est alors pour moi insupportable, j'aurais préféré ne pas connaître ce patient et encore moins savoir ce qu'il a ! Je vais devoir vivre avec cette blessure… car hélas, je ne peux pas sauver tout le monde.
     
    Ne me contactez pas pour connaître la manière et l'endroit où envoyer de l'argent. Le club de filles, Chloé et moi ne sommes pas à la recherche de dons. Chloé et moi interdisons d'utiliser notre blog afin de collecter de l'argent, peu importe la manière et la raison. En outre, si un jour vous recevez un e-mail de ma part ou de celle de Chloé ou d'un des membres du club vous sollicitant financièrement, cela signifie que vous êtes en présence d'un imposteur, d'un escroc. Ne lui répondez pas, fuyez !
     
    Tous les politiciens français sont familiers avec la tendance à parler trop pour rien, sans jamais accomplir ce qu'ils nous ont promis ! 
     
    A titre indicatif, les hôpitaux français sont toujours en attente des montants annoncés… Vous ne le saviez pas ? Rien n'a changé !
     
    Nous, des simples jeunes femmes qui payons nos impôts et qui ne recevons pas nos salaires de la communauté, allons mettre en pratique l'idée selon laquelle les actes valent mieux que les paroles. 
     
    Messieurs les politiciens, vous les donneurs de leçon : Que faites-vous à titre privé ? Puisque vous ne faites rien à titre professionnel !
     
    Revenons à notre week-end, avant que je devienne désagréable. 
    Qu'avons-nous fait pendant notre week-end Cocooning ?
     
    Au départ, notre intention était de nous rendre dans un Spa, mais ni Chloé ni moi n'avions vraiment envie de sortir. Alors nous avons réfléchi (enfin... essayé) et nous avons tranché pour rester à la maison. Mon plus grand exploit fut de quitter notre lit pour conquérir le canapé ! Maria nous avait concocté un délicieux petit déjeuner, sur lequel nous nous sommes jetées dessus, puis nous nous sommes dirigées vers nos hobbies. 
     
    Chloé a terminé une peinture qu'elle avait commencée à Gstaad l'hiver dernier. C’est la peinture présente sur cet article. Ensuite, elle a regardé une comédie : Confession d’une adorable emmerdeuse. D'après elle, c'est un film génial !

    De mon côté, j'ai acheté Houris, le prix Goncourt 2024 de Kamel Daoud, à l'aéroport. Pourquoi ? Parce qu’il était sur l’étendard des nouveautés, et que souvent j’aime bien les prix Goncourt, et qu’il me fallait un livre pour le temps du vol. Je souhaitais donc terminer ce livre pendant mon week-end.
     
    Il y a différentes sortes de livres. Certains qui nous font rêver, d'autres nous sortent de notre quotidien, ceux qui nous remémorent des événements, des artistes… Et puis, il y a ceux qui servent à dénoncer. Avec la puissance des paroles et des langues silencieuses qui résident dans le cœur, inscrire l'inoubliable. Des données chiffrées, des dates qui rappellent de manière claire toutes ces âmes que ces loups assoiffés de barbarie, de pouvoir et de contrôle ont dérobées. Des prénoms, des noms, des âges, car oui, cela a été réel, ils et elles ont vécu sur terre.
    Quel crime ont-ils perpétré ? Quelle est la raison ?
     
    Kamel Daoud nous ouvre le journal intime d'Aube pour mieux nous faire entendre son cri à travers ses deux voix, celle de l'extérieur, à peine audible, puisque la jeune femme est muette depuis qu'elle a été trachéotomisée après une tentative d'égorgement.
    L'autre voix, celle de l'intérieur, est riche et rapide comme un serpent.
    « Face au monde de dehors, ma langue intérieure demeure une merveille de précision et d'histoires anciennes qui y traînent en attendant de se rejouer. »
    Sa cicatrice, qui forme un sourire monstrueux, rappelle les massacres perpétrés à la veille des années 2000 durant la guerre civile. Période trouble que tous veulent oublier.
    Aube, Fajr en arabe, est une femme libre qui entend vivre comme elle veut, sans soumission à un mari. Elle gagne sa vie grâce à son salon de coiffure, ce qui déplait fortement aux religieux.
     
    Ce roman se présente comme un long monologue qui revient sur les évènements et raconte la vie des femmes en Algérie. Aube s'adresse à l'enfant qu'elle porte, cet être en gestation dont l'oreille vierge peut entendre la terrible histoire de sa mère. Dans un pays où parler de la guerre civile est passible d'une peine, mieux vaut s'adresser à cet embryon, aussi muet que sa mère.
    La guerre civile, taboue en Algérie, est racontée à travers l'histoire dramatique d'Aube dont la famille a été assassinée et qui a été recueillie par Khadija qui se bat pour qu'elle retrouve sa voix.
    Aube est un personnage attachant, sa lutte pour sa survie et sa liberté nous touche, elle est le symbole des femmes victimes de violences qui se battent pour être reconnues. C'est aussi la condition des femmes en Algérie qui est évoquée, avec ce patriarcat étouffant, les humiliations, les violences subies.
    L'autre thème, c'est celui de cette guerre civile qu'on veut effacer des mémoires et que l'auteur fait revivre à travers son personnage.
    J'ai aimé écouter Aube et la suivre dans la quête de son passé.
     
    Kamel Daoud a quitté l'Algérie pour pouvoir écrire ce roman puissant et bouleversant qui dénonce la brutalité et la cécité de son pays, et c'est un grand roman qui interroge.
     
    J'espère n'avoir pas trop spoilé ce roman et que cela vous donnera envie de le lire.
     
    En attendant, bonne semaine à vous tous.

    A Bientôt,
    Chlo & 
    Til