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  • dimanche 15 juin 2025

    Journal de bord 16/06/2025 Transition, Créativité, Résilience.

    “Dans le tumulte du quotidien, le rêve d'un nouveau chez-soi révèle la beauté cachée des défis à surmonter.”

    Nous sommes retournées à notre quotidien parisien, un rythme familier qui nous enveloppe comme une seconde peau. Chloé s'est plongée dans ses créations, jonglant avec la gestion de son équipe comme une chef d'orchestre face à ses musiciens. Nous poursuivons la mise en carton de nos affaires, pour le déménagement qui arrive à grands pas. J'avoue ne pas encore savoir comment nous allons faire pour être dans les temps.

    En ce qui concerne mon travail, je prends le temps de récupérer après des nuits de garde à l'hôpital et ce planning chargé de Roland-Garros qui ne me laissait pas beaucoup de temps pour dormir. Légalement, je ne devrais pas faire autant de gardes de nuit, mais pour arranger le service, j'ai accepté. De plus, comme me l'a fait remarquer l'une des médecins, je remplis pleinement le rôle d'une interne plutôt que celui d'une élève de fin de 6ᵉ année. A ce stade de l'année, sachant que j'ai déjà réussi mon diplôme et qu'il ne me reste plus que cette unité de valeur pour l'obtention de mon diplôme final, elle considère la chose comme entendue. La différence restera donc le titre et le salaire. D'après ses dires, je ne vais rien faire de plus avec mon statut d'interne de 1re année ; elle m'assure que je suis déjà au point. La seule chose qui va évoluer au fil des années d'internat est la prise de responsabilités; pour le reste, rien ne change. De mon point de vue, il est plus confortable de donner son avis avec un pouce levé et d'avoir la confirmation d'un médecin diplômé. Alors que nous atteignons le milieu de ce mois de juin, l'échéance se précise pour moi : je croise les doigts, espérant ardemment obtenir ma dernière unité de valeur et enfin accéder à ce statut tant désiré d'interne.

    En attendant cette transformation, nous avons bien suivi le plan et pris le train pour Lausanne. A l'opposé de l’effervescence de Roland-Garros, où Chloé, avide de soutenir sa star, était nerveuse à l’idée de chaque match tandis que je demeurais tranquille, ici, les rôles se sont inversés. Je sentais le poids de l’angoisse grandir en moi, trouvant ce voyage en TGV interminable. Mon impatience grandissait, tel un ressort tendu, et je brûlais de déposer nos affaires à l’hôtel pour enfin découvrir notre futur appartement, symbole de nos rêves à bâtir.

    Nous sommes à 15 minutes à pied entre l'hotel Beau Rivage Palace et notre appartement. A notre arrivée dans ce nouveau quartier, une joyeuse excitation nous habite : nous découvrons avec ravissement que nous sommes à l'intersection du secteur piéton et d'une grande artère. La rue qui s'étend devant nous, animée par le va-et-vient des passants, est empreinte d'une douce convivialité, ponctuée de petits commerces qui lui confèrent un charme indéniable avec ses divers commerces.

    Je voulais que Chloé vous présente notre immeuble par le biais d’une photo. Chloé m'a grondée, me lançant avec fermeté : « Ça ne va pas la tête ! Nous n’allons pas prendre le risque de révéler notre adresse ! ». Elle a totalement raison, nous devons rester prudentes et préserver notre intimité. Son élan protecteur manifestait une lucidité face aux dangers du monde extérieur qui m’a agréablement surprise. Il est vrai que sur ce point j'étais un peu naïve, voire idiote. Je vais donc vous le décrire…

    Notre immeuble haussmannien, majestueux et élégant, se dresse devant nous, témoin d'une époque révolue où l'architecture se mêlait à l'art de vivre. La façade, ornée de détails sculptés, racontant des histoires oubliées. A l'intérieur, le hall d'entrée respire l'histoire, comme des souvenirs figés dans le temps.

    Les trois premiers étages de notre immeuble sont consacrés aux affaires d'une banque, un espace qui résonne des échanges mercantiles et des préoccupations matérielles. En revanche, notre appartement, perché au quatrième étage, nous offre le refuge d'une intimité précieuse, un sanctuaire loin de l'agitation du monde.

    Au-dessus de nous réside une seule propriétaire, une vieille dame au passé de pharmacienne, qui semble veiller sur l'immeuble avec une bienveillance discrète. Comme nous, elle occupe l’intégralité de son étage, se faisant l’écho des vies qui l’entourent. Nous avons eu le plaisir de croiser son regard dans le hall d'entrée, où, dans un élan de curiosité, elle nous a interrogés sur ce que nous cherchions, comme si chaque visiteur était une pièce du puzzle de son quotidien. C'est alors que Chloé et moi nous sommes présentées comme les nouvelles propriétaires de l'étage en dessous de chez elle.

    Je me suis empressée de lui présenter mes excuses pour les désagréments causés par les travaux, ce bruit et cette poussière qui, comme des intrus, ont dû s'immiscer dans son quotidien. Elle, charmante dame de soixante et onze ans, a su répondre à mes préoccupations par un sourire chaleureux. Elle se réjouit d'apprendre que l'une de ses voisines sera bientôt médecin, ajoutant avec un clin d'œil que cela est un petit plus précieux.

    Elle nous a également fait part de son désir de nous accueillir un jour dans son appartement, où elle se ferait un plaisir de montrer à Chloé certains bijoux de famille, témoins silencieux d'une histoire empreinte de souvenirs. Elle exprima également sa joie d'avoir une artiste dans la haute joaillerie française comme voisine, déclarant qu'elle ne pouvait rêver de meilleures voisines. Quant à nous, une fois installées, nous ne manquerons pas de répondre à son invitation, Ce qui va nous permettre de tisser des liens qui, nous l'espérons, deviendront agréables.

    Pour la première fois, j’insère la clé dans l’ascenseur, un accès réservé, tant pour notre étage que pour celui de notre voisine du dessus, qui utilise une clé différente – j’en ai fait l'expérience en essayant la mienne sur son étage (sourire amusé). Ce passage mécanique nous mène vers notre nouveau chez-nous. Jusqu'à la porte qui doit-être changée pour une porte blindée, désir de Mère, et lorsque Mère veut... Tout semblait parfait, et un enchantement partagé illuminait nos visages, témoins de notre espoir et de notre impatience.

    Ah, mais voilà que la catastrophe se dévoile dans toute sa splendeur ! Pas besoin de ce rendre à Genève et se mettre sous le jet d'eau pour prendre une douche froide.

    L’appartement dans son intégralité, comme le saisit si bien Chloé dans ses photographies, ressemble à un véritable champ de ruines. Ici, rien ne se tient debout, même pas une goutte d’eau pour m’apporter un peu de réconfort ! Même l'électricité est abscente. Heureusement, l'appartement est assez clair pour que nous puissions admirer ce désastre dans toute sa gloire.

    C'est une catastrophe, la cata complète, et l'on se croirait plongé dans un film d'horreur, mais sans le suspense qui pourrait au moins nous tenir en haleine ! Les détritus et les émondisses s’amoncellent, tels une décharge publique, et l'accès à certaines pièces se révèle aussi difficile que de pénétrer dans des zones interdites de notre avenir. Ce qui est accessible, hélas, est dans un état si déplorable que je peine à me projeter dans cet espace devenu étranger. L'angoisse m'étreint alors, comme une étreinte glaciale, me torturant de questions sur le temps que nécessiteront ces travaux pour redonner à cet endroit son essence vitale. Le poids de cette incertitude s'accumule sur mon esprit, transformant l'espoir initial en une préoccupation lancinante, un véritable fardeau dont je me serais bien passé.

    J'ai alors pris la décision d'appeler Arnaud, notre architecte, maître d'œuvre de ce projet. Je cherchais à comprendre l'origine de ce retard troublant dans l’avancement des travaux de l'appartement. Pourquoi, après tant de semaines, les transformations semblaient-elles si peu progresser ? Arnaud, dans sa voix posée, s'efforça de me rassurer, affirmant que tout était à-peu- près dans les délais impartis, même s'il se peut qu il y ai un petit décalage. Il m'expliqua que l'abattage et la démolition exigeaient une durée bien plus étendue que celle nécessaire à la reconstruction. Il ne se gêna pas pour me rapeler qu'il m'avait déconseillé de venir sur le chantier, conscient qu'à la vue de l’ampleur des travaux, il me serait difficile de me projeter dans notre futur appartement, ne pouvant que constater ce présent chaotique. Pourtant, d'après lui, tout va bien et nous devrions avoir notre chez-nous fin août, comme convenu.

    Le garage, avec sa mezzanine, nécessite une attention particulière. Un bon coup de nettoyage s'impose, ainsi qu'une couche de peinture rafraîchissante et quelques réparations éparpillées ici et là. Cependant, dans l'ensemble, il est en état convenable et nous offrira l'espace nécessaire pour déposer nos modestes affaires lors de notre déménagement prévu pour le samedi 28 juin 2025. C'est précisément pour cette raison que j'ai tenu à venir sur place cette semaine. Il est essentiel pour moi de rassembler tous les éléments pour prendre des décisions éclairées lorsque nous serons ici avec nos cartons et toutes nos petites affaires.

    Au cours de ce week-end, nous avons cherché refuge dans les plaisirs simples, tentant en vain d’éclipser ces images troublantes qui hantaient notre esprit. Ensemble, nous avons arpenté les rives du lac, nous adonnant à nos runnings matinaux. Ce fut un moment de douceur, bien que notre allure se soit davantage apparentée à une flânerie qu’à une véritable course. Je dois avouer que l’idée de partager ce moment avec autrui me déplaît généralement, car il se mue alors en un duel où l’intensité de l’effort se heurte à mon désir de liberté, cette quête d’un espace mental où je peux ordonner mes pensées en toute solitude.

    A midi, nous nous sommes laissées tenter par du street-food, ce plaisir éphémère qui réjouit le palais, et le soir venu, nous avons trouvé un petit restaurant qui exhalait les senteurs d’une cuisine authentique, nourrissant davantage nos corps que nos esprits. C’est dans ce cadre familier que nous avons échangé sur nos aspirations futures, partageant nos rêves tout en savourant la chaleur de l’instant.

    Il est révélateur de constater qu’au sein de ce monde où tant de personnes se complaisent à rêver leur vie, Chloé, quant à elle, semble être prisonnière d'une réalité qui l’empêche de se projeter. En mon absence, elle se retrouve dans l’incapacité de dessiner des horizons lointains. Sa difficulté à envisager des objectifs à long terme découle de sa manière unique d’appréhender la vie, sa navigation à travers les méandres du changement étant marquée par son handicap si particulier. Cependant, ne nous y trompons pas : malgré ces entraves, Chloé possède une acuité d’esprit remarquable, une créativité débordante et excelle dans les domaines qui l’animent. Elle incarne ainsi ce paradoxe poignant d’une intelligence vive, piégée dans une structure qui limite sa capacité à embrasser pleinement l’avenir.

    Une semaine se profile, celle de la fin des cartons, et elle nous attend, bien que nous ayons déjà accompli un chemin considérable. De leur côté, mes parents ont également fait des progrès notables. Nous nous apprêtons à vivre une semaine de camping dans l’appartement, une expérience à la fois troublante et révélatrice. Quitter cet espace qui a marqué la première partie de ma vie, de notre vie, n’est pas chose aisée ; les souvenirs affluent, les rires, les moments de joies partagés avec Zabeth et les instants de complicité avec Chloé, lorsque nous n’étions que deux chipies insouciantes. Pourtant, il nous faut célébrer cette transition, car elle témoigne de l’émergence d’une vie d’adulte qui s’ouvre devant nous. Cette nouvelle étape va être parsemée de défis, de joies à découvrir et d’accomplissements à réaliser.

    A vous tous, je vous souhaite une excellente semaine.

    A Bientôt,
    Chlo & Til 

    dimanche 8 juin 2025

    Journal de bord 09/06/2025 Tennis, Emotions, Pique-nique.

    “Le bonheur se savoure mieux en bonne compagnie, même sous la pluie.”

    Nous avions pris soin de réserver une  loge pour ce quart de finale, entre Iga et la joueuse ukrainienne Elina Svitolina. Une anticipation nourrie par l’idée d’un déjeuner paisible dans l’appartement de mes parents, une parenthèse avant l’effervescence du match. Pourtant, l’enthousiasme de Chloé s’est invité à nos plans, bouleversant cette tranquillité prévisible. Séduite par la magie de notre dernier pique-nique, elle a exprimé le désir que Maria recrée à l’identique ce festin en plein air, un appel à la joie, au partage et à porter chance à Iga. Pour faire plaisir à ma Chlo, j'ai accepté de mettre une casquette pour augmenter les chances à Iga. Entre nous, ne cherchez pas à comprendre, seule Chloé a cette connaissance…

    Maria, disposant de tous les ingrédients nécessaires, s’est immédiatement attelée à la tâche, déterminée à nous offrir ces délices dans les délais impartis. Ainsi, nous sommes arrivées dès 11h30, impatientes et enthousiastes à l'idée du spectacle qui nous attendait, le match étant prévu pour 12h30. Par bonheur, la loge, laissée vacante au précédent match, nous offrait un refuge où nous pouvions nous installer et nous préparer à ce moment éphémère.

    Dans cet espace, nous avons pu savourer le déjeuner, en parfaite harmonie avec les désirs de ma chérie. Le vent soufflait avec force, mais rien ne pouvait altérer notre bonheur de déguster ce repas exquis concocté par Maria. Nous étions placées à côté du clan polonais, et dès qu’ils ont su que nous étions présentes pour soutenir Iga, des liens d’amitié se sont noués au gré des échanges.

    Comme à chaque fois, le match fut retardé, et ce n’est qu’aux alentours de 13h30 qu’elles faisaient leur entrée sur le court pour un léger échauffement. La foule était encore clairsemée pour ce quart de finale, et ce n’est qu’à partir du deuxième set que les spectateurs commencèrent à affluer. Iga entama le match avec un premier set sans effort, s’imposant 6-1, suivi d’un deuxième set plus disputé, remporté 7-5, agrémenté de trois aces dans le dernier jeu. Quelle excitation !

    Nous serons là pour la soutenir lors de sa demi-finale, consciente de la difficulté à venir, car elle affrontera la numéro un mondiale. Un défi, mais aussi une promesse de passion et de courage.

    Jeudi 5 juin

    Malgré la pluie, nous étions enfin prêtes à plonger dans l'intensité de cette demi-finale face à la biélorusse A. Sabalenka. L’atmosphère était empreinte d’une exaltation palpable, nourrie par la présence de nos amis polonais, unis dans l’attente de ce moment décisif. Nous avions choisi de renouveler cette tradition du pique-nique, une sorte de talisman destiné à apporter chance à Iga dans ce duel olympien. Sauf que, voilà, le match est à quinze heures, nous n'avons donc pas pu déjeuner dans la loge.

    Alors, pour ne pas réduire l'expérience à une simple évaluation, il convient de dire que le coin pique-nique de Roland-Garros en cas de pluie avec ses grandes tables et ses grands bancs se révèle relativement bien agencé. Ainsi, nous nous sommes retrouvées réunies autour d'une table, dans une atmosphère plutôt conviviale. Quelques amis polonais nous ont honorés de leur présence, nous offrant l'opportunité d'échanger quelques mots. A notre grande surprise, une lectrice et deux lecteurs de notre blog nous ont également trouvé et gentiment abordé, désireux de capturer cet instant par le biais de selfies. Il m'a alors fallu leur rappeler, avec une pointe d'humour, que ni Chloé ni moi n'étions des joueuses de tennis. La bonne humeur offre toujours une part de beauté à ces rencontres.

    Pour cette occasion, Maria avait décidé de varier les plaisirs culinaires, nous offrant un festin de saveurs. Je vous donne le menu de ce pique-nique :

    En entrée, se présentant comme des grandes tartines d'aubergine, confites et fondantes, délicatement surmontées de foie gras, une invitation au plaisir.

    Pour le plat principal, ma chérie, éternelle amoureuse de la truffe, Maria nous a concocté un tartare de veau, parsemé de câpres et de cébettes, d’échalotes hachées, unissant l'huile d'olive et le jus de citron dans une danse de saveurs. Et là, comme un doux secret, des lamelles de truffe viennent s’ajouter, révélant une complexité qui élève le simple au sublime.

    Enfin, pour clore ce festin, une panna cotta au limoncello se dévoile, parée de noisettes croquantes, de fruits rouges éclatants et de graines de sarrasin, un dessert dont la texture onctueuse semble suspendre le temps. Chaque bouchée, un enchantement, un désir de prolonger l’instant, de garder ces saveurs en bouche, tant elles s'entrelacent dans un ballet délicieux. Et puis, dans un souffle, on se demande comment notre corps peut accueillir tant de délices, et la réponse s’efface dans le plaisir. Et avec le vin, il est vrai, un léger brouillard s'installe, éclipsant le pourquoi de notre présence ici, comme si chaque gorgée nous éloignait un peu plus du quotidien.

    Après ce moment suspendu, nous étions là, prêtes à vibrer au rythme des échanges sur le court. Chloé, pleine d’entrain, était impatiente de plonger dans les palpitations du match, tandis que moi, flottant sur mon petit nuage grâce aux effluves d’alcool, je contemplais ma chérie avec des sourires tendres et amoureux.

    Dans un élan de désillusion, je ne peux m'empêcher de ressentir une aversion profonde envers cette joueuse biélorusse. Elle incarne tout ce que je méprise dans ce sport. Des cris, qui résonnent sur le court tel un écho sauvage, ainsi que sa manière de frapper la balle avec une force brutale, un côté animal qui me laisse à chaque fois perplexe. Notre championne, victime de cette tempête, s'est inclinée avec un score amer de 7-6, 6-4, 6-0. Chloé, le cœur lourd, exprimait une préférence pour notre absence à la finale, un choix empreint de tristesse et de désillusion. 

    Il n’y avait dans cette situation que peu d’espoir, jusqu'à ce que je parvienne à revendre nos places sur une plateforme sécurisée, tirant une plus-value non négligeable de ce désenchantement. Une satisfaction fugace m’envahit, un léger réconfort face à la mélancolie du moment.

    Samedi, comme nous ne nous sommes pas rendues à Roland-Garros, nous avons fait du sport running le matin, l'après-midi Chloé est allée à la salle de boxe et moi à la piscine.

    Le dimanche, nous avons partagé un repas chez mes beaux-parents, une parenthèse familière ma chérie restant encore un peu morose de la défaite de sa championne, mais la soirée s'est bien terminée avec une partie de scrabble. 

    La perspective de descendre à Lausanne la semaine prochaine suscite en moi un frisson d'anticipation. Nous allons enfin pouvoir admirer de nos yeux notre futur appartement, témoin des travaux menés au fil du temps, et découvrir, à travers cette expérience, le sens de notre engagement dans cet espace. C'est une quête de lumière et de renouveau, malgré l'ombre passagère du moral de mon cœur.

    A vous tous, je vous souhaite une excellente semaine.

    A Bientôt,
    Chlo & Til 

    dimanche 1 juin 2025

    Journal de bord 02/06/2025 Gratitude, Roland Garros,

    “A Roland Garros comme dans la vie, la passion ne trouve de sens que dans les défis surmontés.”

    Moi (lol) / Juste entre nous 2

    Je tiens à exprimer ma profonde gratitude à toutes les filles de notre club, véritables piliers de notre engagement collectif. Un merci tout particulier à Romain pour ces fleurs, symboles délicats d’attention et de bienveillance. A Arnaud, Patrick, Léa, Sophana et à chacun d’entre vous, pour vos messages de félicitations et d’encouragements résonnent comme de puissants échos de solidarité. Ces mots et gestes forment des bases solides sur notre chemin commun vers un avenir prometteur.

    Le temps passe, mais certaines choses demeurent immuables, comme cette photo où Chloé est derrière l’objectif et moi devant. Parfois, je fais la sotte devant l’appareil, comme ici, devant le mur de Roland Garros.

    Quelques nouvelles de notre actualité.

    Chloé continue à diriger avec assurance le service création, s’investissant dans de nombreux projets en cours. Elle se trouve dans une position enviable, car avec les jours fériés, les ponts et les week-ends, elle a pris très peu de jours de congé pour profiter pleinement de sa passion pour Roland Garros. Sans conteste, c’est Iga Swiatek qui suscite en elle une admiration particulière, un modèle de détermination et de talent. Dans cet entrelacement de responsabilités professionnelles et de passions personnelles, Chloé trace sa propre voie. Espérons que je ne sois pas trop loin...

    Bien que, de manière officielle, je sois censée avoir acquis tout le savoir que les livres peuvent offrir, je me retrouve quotidiennement, à mon retour de l’hôpital, à mesurer l’étendue de mes lacunes. Chaque jour constitue pour moi une occasion d’apprendre, de revisiter et d’assimiler les cas qui se présentent à moi durant mon service. Dans ce parcours, il m’arrive d’éprouver de belles révélations, lorsque je réalise qu’un certain symptôme ou une maladie résonne avec des souvenirs enfouis. Cependant, la réalité me rattrape souvent, me contraignant à m’investir dans un travail acharné pour combler ces manques. Je sais, avec une conviction presque douloureuse, qu'il est de ma responsabilité de ne laisser à aucun moment mon incompétence nuire à autrui. Cette prise de conscience, loin d'être une simple contrainte, nourrit ma détermination et forge mon engagement, car c’est par cette quête incessante de savoir que je peux prétendre à l'exercice de ma vocation.

    Nos aventures à Roland Garros 2025

    Je ne vous l'ai peut-être pas encore dit, mais j'ai décidé d'offrir à Chloé, à l'occasion de son anniversaire, l'intégralité des matchs d'Iga. Ce choix m'est apparu évident alors que nous sommes encore parisiennes, car après notre déménagement, les choses risquent de devenir plus compliquées. Je m'interroge sur notre capacité à consacrer autant de temps à nos loisirs, car la vie a souvent tendance à nous éloigner de nos véritables désirs.

    La quête des places pour la demi-finale et la finale (oui nous sommes optimistes) a été semée d'embûches. Malgré cela, avec détermination, un budget conséquent et un carnet d'adresses hérité de mes parents, j'ai réussi à atteindre mon objectif. Au fond, c'est bien cela l'essentiel : s'accrocher à nos passions et les partager avec ceux que nous aimons.

    Nous avons donc assisté au deuxième tour le mercredi 28. Le match, face à la Britannique Emma Raducanu, n'a pas été particulièrement captivant, mais il a ravi Chloé puisque sa championne a gagné. La rencontre s'est soldée par un score sans appel : 6-1, 6-2, nous laissant un goût d'inachevé, comme si l’essence du jeu avait fait défaut.

    La véritable problématique a été le décalage de l’horaire initialement prévu. Alors que le match devait se dérouler en fin de matinée, il a finalement commencé à 14h30. Cette imprévue nous a contraintes à adapter nos plans, et nous avons choisi de déjeuner sur place avant le match. Je vous laisse découvrir notre mésaventure un peu plus bas.

    Il y a des jours où je me présente devant vous avec une attitude d'enfant gâtée, mais ne vous y trompez pas : derrière cette apparence se cache une insatisfaction profonde, un malaise nourri par mes observations. J'éprouve de vifs reproches envers Roland Garros, critiques qui, loin d'être capricieuses, sont le fruit d'une réflexion aiguë sur la condition féminine et les inégalités persistantes dans notre société.

    D'abord, il est crucial de souligner le manque de considération pour les besoins physiologiques des femmes. Mieux vaut ne pas avoir de besoin pressant, car il faut attendre une bonne demi-heure pour accéder aux toilettes. Pour les hommes, cette question ne se pose guère, alors que le nombre de commodités réservées aux femmes est largement insuffisant. Il ne me semble pas démesuré de demander un accès raisonnable à ces installations. Cette situation témoigne d'une ignorance des réalités corporelles que nous vivons, comme si la souffrance devait rester silencieuse.

    Ensuite, lors de notre première visite, j'avais réservé des places précises à un certain coût, espérant garantir une expérience unique à ma chérie. Or, pour les matchs du premier tour, le placement est libre, et j'ai déploré de constater que de nombreux sièges restaient inoccupés. A l'exception de la tribune VIP, les places du grand public semblent n'avoir que peu de valeur. Débourser une somme considérable pour un accès qui, au final, ne se distingue guère de celui d'un public moins chanceux n'a donc pas d'intérêt.

    Enfin, parlons de la restauration. Je suis déçue par l'absence d'établissements dignes de ce nom sur le site. Je ne parle même pas de chefs étoilés, mais de restaurants capables de proposer une cuisine honorable. Le manque d'attention portée à la qualité gastronomique qui devrait accompagner un tel événement sportif est révélateur de la négligence envers le bien-être des spectateurs.

    Nous avons dû nous résoudre à consommer du "street food", sans originalité ni réelle qualité, le tout accompagné d'un service déplorable. L'homme derrière le comptoir nous parlait comme si nous n'étions que du bétail, vêtu d'une tenue négligée, à peine propre, au cheveux gras. Après une attente interminable de trente minutes, il a enfin pris notre commande.

    Nous avons opté pour des hamburgers "maison", une promesse qui s'est avérée illusoire ; un surgelé aurait été préférable. L'homme, indifférent à notre impatience, nous a demandé comment nous souhaitions nos viandes. Quinze longues minutes plus tard, il nous a servi nos plats : Chloé avait demandé un hamburger saignant avec de la moutarde, et elle s'est retrouvée avec un steak trop cuit et une sauce samouraï. Quant à moi, ayant spécifiquement demandé ma viande à point avec de la sauce barbecue, j'ai découvert un hamburger brûlé, qui aurait nécessité un coup extincteur pour éteindre le désastre. Ma sauce barbecue s'était transformée en une sauce au curry déconcertante.

    Lorsque j'ai signalé d'un ton courtois que ma commande était complètement erronée, il m'a répondu d'un ton désinvolte : « C'est bien de changer, de découvrir autre chose, de toute façon, c'est ça ou rien. » J'ai donc remercié ce malotru, sans accepter la commande, et nous sommes parties faire la queue à un autre "food truck".

    Il m'apparaît alors que je fais face à un travail exercé par des individus manifestement dépourvus de déontologie. Leur approche, bâclée et désinvolte, m'épuise émotionnellement. C'est épuisant de constater que l'engagement et le soin, valeurs essentielles dans toute entreprise, semblent avoir été balayés, et cette désillusion me ronge bien au-delà des simples apparences.

    Alors, je me pose cette question troublante : pourquoi ne ferais-je pas de même dans mon propre travail ? Pardon, Monsieur ? C'est le bras gauche que nous devions vous amputer, mais pas la jambe droite ? Mais Monsieur, n'est-il pas positif de sortir de son petit confort ? Grâce à moi, vous allez découvrir d'autres sensations. Et pour le ressemelage de vos souliers, comme vous n'aurez plus qu'une chaussure, on ne vous facturera que la moitié du prix. Alors, n'est-ce pas une bonne affaire ? Allez, on dit merci à qui ?

    Ainsi, je m'interroge sur cette dérision qui se glisse entre le service attendu et celui qui nous est offert, reflet d'un monde où l'indifférence et la négligence ont pris le pas sur l'empathie et le respect. Dans cette danse troublante, je ressens une profonde colère face à un système qui échoue à honorer la dignité de ceux qu'il est censé servir.

    Pour clore ce tableau, les prix affichés à Roland Garros suffisent à complexer tous les Auvergnats qui, montés à Paris nous vendre leur jambon-beurre à 25 euros.

    Lorsque nous sommes revenues ce vendredi 30 pour le troisième tour, nous avons demandé à Maria de préparer un repas à emporter. A l’annonce que cette occasion marquait l’anniversaire de ma bien-aimée, Maria, dans un élan de générosité, nous a offert un panier royal : un carpaccio de Saint-Jacques rehaussé de truffe noire pour commencer, suivi d'un poulet tandoori en gelée (Un régal). Pour le fromage, un Caciocavallo Podolico, délicat et raffiné, et en apothéose, des muffins aux pépites de chocolat imbibés de Bailey’s. Nous avons accompagné le tout d'un Albert Grivault - Meursault 1er Cru Perrières 2020 ; ce n'était pas un Coche Dury, mais il se laissait apprécier sans réserve. A noter que les thermos ont su maintenir des températures idéales malgré la chaleur ambiante, préservant toute la saveur de cette délicieuse expérience. Je ne saurais décrire l'ivresse que nous avons ressentie, maîtres du monde, lorsque le décalage horaire du match ne devint qu’un détail trivial dans l’éclat de cette célébration. Iga a rencontré la Roumaine Jaqueline Cristian. Le score de 6-2, 7-5 est relativement sévère, car la Roumaine a montré des fulgurances qui ont à plusieurs reprises fait douter notre championne.

    Pour ce huitième de finale, nous avons eu la chance de nous installer dans une loge, une opportunité que nous aurons également pour les matchs à venir. Même si les sandwiches sont offerts dans la loge, nous avons choisi de déguster tranquillement un déjeuner à l'appartement de mes parents avant d'arriver un petit quart d’heure avant le début des hostilités pour le match d'Iga contre Elena Rybakina. Jusqu'alors, Iga avait souvent commis des fautes inhabituelles chez elle, mais ce jour-là, son entrée en jeu fut tout simplement catastrophique. Une peur sourde s'est installée en nous, et il était évident qu'elle-même était en proie à une profonde inquiétude. Pourtant, notre championne, faisant preuve d'un remarquable courage, réussit à renverser la situation, s'imposant finalement avec un score de 1-6, 6-3, 7-5. Elle se qualifie ainsi pour les quarts de finale, qui, sans nul doute, se déroulent au moment même où vous parcourez ces lignes si vous lisez cet article mardi.

    En attendant la suite de nos aventures, à vous tous, je vous souhaite une excellente semaine.

    A Bientôt,
    Chlo & Til