Journal de bord 26/11/2024 Rencontre avec notre chasseur d'appartement.

“N’attendez pas pour acheter l’immobilier, achetez l’immobilier et attendez.”

~ T. Harv Ekeron.

Je suis toujours triste lorsque je ne suis pas avec Zabeth et ma famille New-Yorkaise le jour du Thanksgiving, même si nous nous appelons au téléphone.

Avant de prendre l'avion, grâce à nos téléphones, Elena conseillait à Chloé d'être sage et à moi de ne pas trop la disputer. Je lui ai demandé : « Oui, mais si elle fait des bêtises ? » Il est vraiment amusant de voir sa réponse : « Là oui, mais tu ne la disputes pas trop beaucoup, tu comprends ? » L'approche constructiviste et interventionniste de notre hôte a été fort appréciée, cela va profondément changer notre relation de couple…

Nous avons enchaîné ce week-end à une cadence incroyable, par une semaine de travail épuisante pour Chloé et moi. Nous sommes prêtes à nous rendre en Suisse pour deux jours, qui eux aussi risquent d'être probablement intenses.

Je n'avais pas d'affect particulier avec les chasseurs d'appartement, avant que l'on m'impose le visionnage d'une émission de télévision sur la recommandation des collègues de Chloé. Ce programme étant censé nous aider lors de l'achat de notre premier appartement. Le problème ? Le protagoniste de l'émission ! Un homme nommé Stéphane Plaza. Une personne inculte, ignare, fausse, en un mot : insupportable. Je n'ai pas réussi à suivre l'intégralité de l'émission, il est probable que je sois trop faible psychologiquement. Avant notre première rencontre avec notre chasseur d'appartement, j'éprouvais une grande anxiété, croisant les doigts, pour que notre chasseur d'appartement ne ressemble en rien à l'énergumène de la télévision.

Nous avons dû prendre l'avion pour aller à Lausanne avec Easyjet Paris Genève, puis j'ai loué une voiture (le modèle juste au-dessus de la mienne, hey ! hey !), afin de parcourir les 50 km entre Genève et Lausanne. La raison étant : Fidèle à ses principes, la SCNF était en grève. Quand je questionne la jeune femme du standard, elle me répond : « En général, vendredi, tout devrait être en ordre, mais vous savez, avec les grèves... nous avons parfois des imprévus... » En d'autres termes, je ne pourrai pas compter sur eux, Super !

Est-ce que les grévistes réalisent qu'ils remettent en question la liberté d'aller et venir des utilisateurs ? Réalisent-ils qu'ils sont devenus un service sur lequel on ne peut pas compter ? Sont-ils conscients qu'un jour, ils n'auront plus de travail et que nous ferons appel à d'autres entreprises ?

La grève de la SNCF nous a permis de constater que nous pouvions prendre un avion plus un train Genève-Lausanne (CFF), même si j'ai préféré louer une voiture par confort. Cependant, Chloé sera contrainte de prendre le train, car elle n'a pas son permis. Il est possible que ce soit par train ou alors que je vienne la chercher ici à Genève, mais pour son travail, il est possible de faire ces trajets ainsi, même si avec la SNCF cela n'est pas facile. Cela nous enlève une inconnue.

En arrivant à Lausanne, nous avions réservé une chambre au Beau-Rivage Palace Hôtel, comme lors de notre première venue. Nous avions une chambre magnifique, des services toujours impeccables, un établissement parfait sous tous les points et ici, aucune grève. « Si notre appartement n'est pas prêt pour la rentrée, nous pourrons toujours venir vivre ici », me dit Chloé en riant. Mon cœur ne perd pas le Nord, mais je ne suis pas certaine que mes parents acceptent de financer le palace pendant un mois ! (Oui, que voulez-vous, parfois ils chipotent !)

Notre rendez-vous était fixé à 15 h chez notre chasseur d'appartement, une maison magnifique avec un accès au Lac. Sa pièce de travail est faite de boiseries sombres, de fauteuils en cuir, de vue sur un jardin impeccable. Sur son bureau, il y avait une pile bien droite de dossiers estampillés.

Matthieu, un homme âgé entre quarante et cinquante ans, rasé de près, avec un regard vif et un sourire discret. Son apparence est celle d'un homme d'affaires, habillé d'un costume cintré très raffiné (un tissu magnifique), d'une chemise blanche à col français et d'une cravate slim, ce qui lui confère un style élégant et raffiné. Il a parachevé sa tenue avec des chaussures en cuir de veau noir (il me semble reconnaître la marque de chaussures de Père), une magnifique ceinture et une montre de luxe suisse classique à son poignet. Il se présente brièvement, avec une voix chaude et posée, marié et père de quatre enfants. Me voilà apaisée, nous sommes aux antipodes du clown grotesque et pathétique de la télévision française. Ici, nous sommes aux côtés d'un homme qui possède un savoir-vivre, un homme charmant, raffiné, un homme respectable et responsable sur qui nous pourrons nous appuyer pour trouver notre bien. Il nous fait part de sa fierté en nous affirmant que sa fortune est celle d'un self-made-man obstiné, qu'il lui a fallu vingt ans de travail acharné pour devenir le chasseur de maisons et d'appartements qu'il est maintenant. Il admet ne pas effectuer beaucoup de recherches d'appartement, même si le dernier bien qu'il ait trouvé est un appartement. Un vaste réseau où les grandes personnalités lausannoises et romandes ont fait appel à lui, pour leur propre compte ou pour leur famille. Un revenu annuel évalué à plusieurs millions d'euros.

Tout d'abord, il nous a présenté la situation du marché de l'immobilier à Lausanne. Il nous rappelle qu'il existe depuis plusieurs années une pénurie de logements dans la région de Lausanne. Il a aussi réussi à nous tranquilliser et à nous expliquer qu'il exerce son métier à l'opposé des agents immobiliers. Ses clients ne sont pas des vendeurs, mais uniquement des acquéreurs. Et plutôt que de se limiter à quelques critères, il les considère tous. C'est la raison pour laquelle sa principale tâche est de nous connaître parfaitement. Aujourd'hui, c'est notre première rencontre, nous sommes là pour que nous fassions part de notre quotidien : comment vivons-nous ? Quels sont nos passe-temps ? Quels sont nos souhaits ? Nos exigences ? En d'autres termes, il devra nous « profiler » en quelque sorte. Par la suite, il a vérifié que notre budget correspond à la réalité du marché. Je croyais que grâce à la somme allouée par mes parents, nous serions en position confortable. (Hum…) Il a répondu : « La somme correspond plus ou moins à votre recherche, si vous ne voulez pas avoir une vue sur le lac. » Le ton est donné… Nous sommes légèrement déçues, mais nous avions un peu anticipé cette réponse.

Une conversation simple et plaisante pendant plus de deux heures, avec un thé et des petits gâteaux. Parfois, nos réponses avec Chloé étaient subjectives et nous faisaient sourire ensemble. Matthieu ne manquait pas un instant de nos connivences, de nos conversations complices : comme un psychologue, il prenait des notes. Nous avons passé un bon moment, nous avons beaucoup ri aussi. Par la suite, il s'est levé et nous a donné sa main, nous disant : « Je suis prêt à travailler avec vous ». (Je pensais que cela était déjà entendu ?!) Vous formez un très joli couple, et je suis ravi de me mettre en quête de votre appartement ! Je vous donnerai des nouvelles d'ici début janvier. Lorsque je lui ai demandé si nos réponses au questionnaire étaient intéressantes, il nous a offert le sourire d'un petit chenapan après une facétie, en nous disant : « Ah ça? Cela me permet simplement de me rétracter si je ne souhaite pas travailler avec quelqu'un. Dans ce genre de situation, je peux lui affirmer que je ne trouverai rien de correspondant à sa recherche ! Depuis de nombreuses années, je sélectionne ma clientèle en me concentrant exclusivement sur des projets de prestige, pour des personnes que j'apprécie et qui souvent deviennent des amis. Vous appartenez aux personnes à petit budget, mais vous êtes très jeunes et vous êtes de très belles personnes intérieur comme extérieur, nous dit-il avec son petit sourire charmeur (vil flatteur !). Vous avez su me démontrer que travailler pour vous sera un réel plaisir. Je vais donc faire face au défi que vous me lancez. »

Il nous a suggéré de venir visiter le dernier appartement qu'il a découvert destiné à des clients. Il mentionne que normalement, il n'a pas le droit de le faire, mais étant donné que les propriétaires ne seront présents qu'en début d'année prochaine… L'appartement vient de subir une rénovation complète et a été meublé. Il nous a ainsi conduits jusqu'à un parc privé où se trouvait un petit immeuble de cinq niveaux. L'appartement se trouve au quatrième étage. Trop magnifique, d'une splendeur exceptionnelle. La superficie de l'appartement est d'environ 350 m2, avec un salon de 60 m2 et d'immenses baies vitrées sur toute une face donnant sur le lac. Nous avions l'impression que le lac était la continuité du salon. Chaque pièce est magnifique, et l'ameublement est de très haute qualité et de très bon goût. Nous sommes immédiatement tombées amoureuses de cet appartement. Je l'ai interrogé sur la possibilité de négocier avec les propriétaires. Matthieu a éclaté de rire. Le prix de l'appartement, incluant les travaux sans le mobilier, est un prix exorbitant. Nous lui avons demandé de nous répéter la somme, avions-nous bien entendu ? D'accord, je vous le dis maintenant : Nous avons pris conscience de notre faible budget pour notre appartement, puisque nous disposons de moins de la moitié de ce bien. Honnêtement, je n'ai jamais connu un appartement aussi magnifique dans ma vie, un rêve éveillé.

Nous avons dîné le soir, mais nous n'avions pas envie d'une grande table, ni de dîner au restaurant de l'hôtel. Nous aurons le temps de les découvrir lorsque nous serons lausannoises. Le restaurant "La Galette" nous a été recommandé par l'hôtel. Il s'agit d'un restaurant, sans prétention, un peu à la mode, mais vraiment excellent et pas onéreux. Pendant notre dîner, nous étions dans une certaine ambivalence. D'un côté, nous étions ravies que Matthieu devienne notre chasseur d'appartement, même si je ne suis pas vraiment fan de cette situation où nous devons compter sur quelqu'un pour notre avenir, même si nous avons une totale confiance en lui. D'un autre côté, de découvrir cet appartement remarquable et de constater que notre budget est serré en raison de la situation du marché de l'immobilier à Lausanne, cela ajoute de la tension. Je crois que l'appartement va être une belle source de tracas. Quoi qu'il arrive, nous allons devoir attendre.

A la fin du repas, malgré la fraîcheur de l'air, nous nous sommes promenées ensemble, main dans la main, jusqu'au lac, tout en évoquant notre avenir. Je suis persuadée qu'une vie harmonieuse à deux se construit par un travail quotidien, d'avoir une attitude de fond de bienveillance à l'égard de sa chérie, de s'écouter l'une l'autre. Avec Chloé, notre communication est intense, avec des échanges captivants et enrichissants, mais également des moments de silence qui sont indispensables tant pour elle que pour moi. Nous interagissons de manière sincère et respectueuse, et nous partageons nos émotions, ce qui nous renforce et permet d'être soudées et pleinement connectées l'une à l'autre. Si je devais décrire notre couple, je dirais que notre couple est monobloc...Le dimanche, nous avons choisi de rester à l'hôtel pour prendre le brunch avant de nous promener dans la ville et au bord du lac. Un peu décue bien que la qualité du bruch soit respectable, mais il y a très peu de choix. Le service exceptionnel permet réellement de sauver l'établissement. Nous reviendrons dans cet hôtel puisque Chloé et moi l'apprécions, mais nous ne prendrons plus le brunch.

Après le repas, nous sommes descendus du centre-ville via le musée olympique puis nous sommes parties marcher le long de la promenade, admirer le paysage, dès qu'il fera plus beau, nous essayerons de naviguer, de trouver une location d'un petit bateau sans permis.

Nous avons repris la voiture à 17 h afin de ne pas rater notre avion à 18 h 30 à Genève. Nous sommes arrivées un peu avant 20 h à Paris Charles-de-Gaulle.

Nous sommes désolées de devoir reporter notre voyage à Lyon pour la fête des lumières et de ne pas pouvoir rendre visite à notre ami JO ICI. Nous sommes très épuisées, Chloé et moi avons oublié l'importance des moments de repos. Il est impératif que nous fassions une pause. Nous allons essayer de nous revigorer en utilisant le Spa et les soins du corps pendant ce week-end de relaxation. Nous avons prévu des lectures, des siestes et nous allons principalement essayer de maîtriser l'art... de ne rien faire !

En attendant, bonne semaine à vous tous.

A Bientôt,
Chlo & Til